Avez-vous senti ces derniers jours cette odeur particulière qui se répand lorsqu’on remet le chauffage ? Il faut se rendre à l’évidence, l’hiver et ses grands froids sont à nos portes. Et les factures d’Hydro-Québec plus salées aussi.

Mais avec la tarification dynamique et quelques bons trucs, il y a moyen d’économiser.

D’ailleurs, les lecteurs de La Presse ont été nombreux l’hiver dernier à me transmettre leurs meilleures astuces après ma chronique sur l’option de crédit hivernal. Certains ont réussi à épargner des centaines de dollars sans devoir regarder la télé avec des mitaines de laine.

Les inscriptions au programme de tarification dynamique d’Hydro-Québec se font sur une base volontaire, après la réception d’une invitation par courriel.

L’hiver dernier, 61 000 foyers ont participé. Cette année, on espère recruter 120 000 volontaires. Les courriels seront acheminés d’ici la mi-novembre.

Les personnes choisies ont deux options. Celle baptisée « crédit hivernal » procure un rabais lorsqu’on réduit sa consommation d’électricité pendant les périodes de pointe. Celles-ci sont annoncées la veille, par courriel ou notification poussée. Avec cette formule, aucun risque de payer plus cher que d’habitude.

L’autre option, le « tarif Flex », permet aux clients de profiter tout l’hiver d’un tarif réduit. En revanche, lorsque la demande d’électricité est forte, le coût du kilowattheure grimpe à 50 ¢, alors que le tarif de base moyen est de 7,3 ¢. Attention !

Dans les deux cas, vous aurez compris que l’idée est de diminuer sa consommation aux heures de pointe, soit au déjeuner et au souper. C’est à ces moments que la pression est la plus forte sur le réseau d’Hydro-Québec.

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L’hiver dernier, le crédit hivernal a procuré une économie moyenne de 40 $ et le tarif Flex, de 48 $. Une vingtaine d’évènements de pointe ont eu lieu. Ça semble peu, mais ces moyennes sont forcément tirées vers le bas par tous ceux qui se sont inscrits, mais qui n’ont pas participé. Ou qui l’ont fait une fois ou deux sans trop de conviction.

Chose certaine, il y a moyen d’économiser beaucoup plus si je me fie à vos très nombreux témoignages.

« L’an passé, j’ai effacé, selon le langage d’Hydro, 585 kWh, ce qui représente une économie de 292 $ sur une facture totale annuelle de 1941 $. Une économie, donc, de 15 % », m’a écrit Gilles Bouthillier en m’énumérant sa liste d’astuces. L’hiver d’avant, il avait épargné 362 $ sur 1896 $, soit 19 %. Le résidant de Bromont cesse d’utiliser le chauffage, il éteint l’échangeur d’air, n’utilise pas le four et ferme le disjoncteur du réservoir d’eau chaude.

Le truc du chauffe-eau est le plus souvent évoqué par ceux qui obtiennent des crédits élevés de quelques centaines de dollars par hiver. Des parents racontent que cela ne les prive pas de donner le bain aux enfants. Bruno L. trouvait « un peu intense » de fermer le circuit manuellement, alors il a installé une minuterie.

Si Hydro-Québec suggère de surchauffer son logis avant un évènement de pointe pour ensuite diminuer la température de quelques degrés, beaucoup vont plus loin.

Mathieu Primeau, de Beaconsfield, coupe carrément le chauffage aux heures de pointe. Sa maison des années 1970 n’est pas aussi bien isolée que les récentes, précise-t-il, mais la manœuvre ne le fait pas claquer des dents. « Nous n’augmentons que de 1 °C le reste de la journée. Même les jours les plus froids, nous n’avons jamais souffert du froid dans la maison, qui perdait 2 ou 3 °C maximum, souvent moins. » Sa facture annuelle a été réduite de 401,19 $ « avec peu d’efforts ».

Cette stratégie est aussi celle de Richard Bélanger, propriétaire d’une maison de 2000 pi2 avec chauffage électrique central. Il a économisé 430 $ la première année. Et l’hiver dernier, son crédit s’est élevé à 571,05 $. « J’augmente le chauffage de 2 °C deux heures avant la période de pointe », précise-t-il.

Évidemment, on attend après le pic pour démarrer la laveuse, la sécheuse et le lave-vaisselle. Pour brancher sa voiture électrique, aussi. Certains ferment le disjoncteur du spa et débranchent les appareils inutilisés. D’autres en profitent pour utiliser leur foyer.

Une dame raconte qu’elle transforme ces périodes en jeu avec ses enfants. Un retraité se lève à 6 h, baisse le chauffage et en profite pour se recoucher jusqu’à 8 h 45. D’autres font des tests pour voir quels gestes sont les plus payants.

« Je conclus que, pour une légère gestion de thermostat, de sécheuse et de lave-vaisselle, avec un crédit actuel excédant 300 $, le jeu en vaut définitivement la chandelle ! », m’a écrit Patrice P.

Les thermostats programmables, la domotique, le télétravail et la retraite facilitent beaucoup cette gestion, constatent les lecteurs. Avec le retour au bureau, certains risquent d’abandonner, si je lis bien entre les lignes.

La tarification dynamique ne fait quand même pas l’unanimité. Pourquoi se compliquer la vie pour quelques dollars ? se demandent quelques clients d’Hydro-Québec.

David B. se sent désavantagé puisqu’il fait attention tous les jours et que le calcul de l’économie tient compte de la consommation d’électricité lors des cinq jours précédant le pic. « Hydro-Québec devrait trouver une façon de récompenser aussi les clients qui ont de bonnes habitudes de consommation toute l’année », croit-il.

L’idée n’est pas mauvaise. Mais une forme de récompense existe déjà : une facture annuelle plus douce.

Lisez la chronique « Souper avec sa tuque pour 1,74 $ »