À toutes les élections, les partis font des promesses de toutes sortes. Parmi les perles cette année, mentionnons celles sur les électroménagers, sur la brigade proclimat ou encore sur le courrier à domicile.

D’abord, laissez-moi vous parler de cette promesse peu crédible que font tous les partis à toutes les élections : la lutte contre l’évasion fiscale.

On s’entend, le désir des politiciens de récupérer le maximum d’impôts légitimement réclamés par le fisc est fort noble. Le sujet est d’ailleurs très populaire auprès des électeurs, qui s’imaginent pour la plupart qu’une lutte efficace permettrait de régler tous nos problèmes financiers.

Le hic, c’est que le combat contre l’évitement fiscal, l’évasion fiscale et les paradis fiscaux donne des résultats très incertains, étant donné leur nature cachée et complexe. Et c’est oublier qu’un des principaux secteurs d’évasion fiscale est l’industrie de la construction résidentielle… où c’est l’électeur moyen, bien souvent, qui ne se gêne pas pour payer cash et sans factures.

Qu’à cela ne tienne, les partis promettent, à toutes les élections, une montagne de nouveaux revenus avec leur plan de lutte.

Ainsi, cette année, le Bloc québécois juge qu’il pourrait récupérer 23 milliards de dollars sur trois ans, le NPD, 14,2 milliards sur cinq ans, le Parti libéral, 11,9 milliards sur cinq ans et le Parti conservateur, 7,7 milliards sur cinq ans, rien de moins !

En termes annuels, les partis estiment donc qu’ils pourraient gonfler les revenus de l’État de 1,5 à 7,7 milliards par année. Et ces sommes viennent au-delà de celles déjà prévues dans les derniers budgets fédéraux…

Ce genre de promesses des partis est commode pour gonfler les revenus de leur cadre financier et diminuer ainsi le déficit éventuel provoqué par leurs nouvelles dépenses. Et comme il n’y a pas de suivi après leur prise du pouvoir, notamment au fédéral, les partis peuvent promettre n’importe quoi, ou presque.

Obsolescence et brigade proclimat…

Mais revenons aux autres promesses discutables, qui impliquent parfois des sommes considérables. Je vous en propose trois, une au Parti libéral et deux au NPD.

D’abord, s’il est réélu, le Parti libéral offrira un crédit d’impôt qui couvrirait 15 % du coût de réparation des électroménagers jusqu’à 500 $. Coût total : 440 millions sur cinq ans. Pourquoi donc ? Pour inciter les consommateurs à les faire réparer plutôt qu’à les jeter aux poubelles, bref, pour contrer l’obsolescence.

L’objectif est fort louable, mais permettez que j’émette des réserves. D’abord, la première raison qui explique l’obsolescence, selon moi, est l’attrait d’un grand nombre de consommateurs pour des produits bas de gamme, payés très peu cher, et qui ne durent donc pas longtemps. On préfère payer 500 $ pour un lave-vaisselle cheap plutôt que d’économiser, de continuer à faire la vaisselle dans l’évier et de payer plus tard 900 $ pour un produit de meilleure qualité.

Ensuite, le problème de non-rentabilité des réparations de bien des produits s’explique par le fait qu’ils sont fabriqués à la chaîne, en tout ou en partie, dans des pays où la rémunération est très faible, mais réparés individuellement dans des pays où les techniciens sont payés relativement beaucoup plus cher.

Et pour les cas vraiment déplorables, comme les imprimantes à durée de vie limitée, on peut se demander si la mesure du PLC sera efficace.

D’une part, les produits irréparables ne deviendront pas soudainement réparables grâce au crédit d’impôt. Ensuite, on peut penser que ce sont les réparateurs qui empocheront le crédit en haussant leurs tarifs.

Les autres volets de la mesure sont plus porteurs, selon moi, par exemple une loi qui obligerait les fabricants à autoriser aux tiers la reproduction des pièces de leurs appareils qui ne sont plus fabriquées. Ou encore un étiquetage, comme en France, qui donnerait un indice de réparabilité des produits.

De son côté, le NPD promet de constituer un « corps civil pour le climat ». L’objectif est de mobiliser des jeunes qui restaureraient des milieux humides et planteraient des arbres, par exemple. On y mettrait 400 millions sur cinq ans.

Question : cette brigade sera-t-elle pancanadienne ? Un jour, on restaure un milieu humide de la Colombie-Britannique, le lendemain, on prend l’avion pour planter des arbres en Ontario ? Les jeunes employés deviendront-ils des fonctionnaires du climat ? Ne devrait-on pas plutôt mieux financer des organismes qui font déjà de telles tâches ?

Autre promesse du NPD : le rétablissement du courrier à domicile. En cette ère pandémique au déficit colossal, est-ce vraiment le sujet de l’heure, auquel il faut consacrer 555 millions sur cinq ans ? Faut-il revenir en arrière alors que les Canadiens se sont habitués aux boîtes postales et que, de toute façon, ce sont les textos et les autres messages électroniques qui dominent les communications ? M’enfin !