Les dernières statistiques sur le chômage confirment que le Québec, le Canada et les États-Unis ont poursuivi à bon rythme le rattrapage des emplois perdus en raison de la COVID-19. La création de nouveaux postes, qui se fait de façon variable selon les régions, n’a pas encore permis de retrouver les niveaux d’emploi d’avant la crise sanitaire, mais la pénurie de main-d’œuvre risque de compliquer le retour au plein emploi.

Il s’est créé 94 000 emplois additionnels au Canada durant le mois de juillet par rapport au mois précédent, ce qui a fait reculer de 0,3 % le taux de chômage au pays, qui se situe aujourd’hui à 7,5 %. Les gains du mois de juillet auront été somme toute relativement modestes par rapport aux 231 000 nouveaux emplois créés en juin.

Rappelons que le Canada affichait un taux de chômage de 5,7 % en février 2020, avant que ne survienne l’éclosion de COVID-19, et que le pourcentage de sans-emploi a atteint un sommet à 9,4 % en janvier dernier.

Aux États-Unis, la création d’emplois en juillet a été pour le moins explosive, alors que 934 000 Américains ont trouvé du boulot, ce qui en fait le deuxième mois de la dernière année à cet égard. Le taux de chômage est revenu à un creux des 16 derniers mois à 5,4 %.

Au Canada, la création d’emplois en juillet s’est essentiellement concentrée en Ontario, où on a comptabilisé l’ajout de 72 000 postes, alors que le Québec a terminé le mois avec un solde positif de 7500 emplois, ce qui a permis de réduire de 6,3 % à 6,1 % son taux de chômage.

On le sait, le Québec a été moins affecté par les règles de confinement, moins sévères chez nous que celles que l’Ontario a été forcé d’imposer pour juguler les effets dévastateurs de la troisième vague de la pandémie durant le printemps et le début de l’été.

La reprise a été plus lente en Ontario, ce qui explique la plus forte création d’emplois du mois dernier, qui est toutefois loin de combler l’écart avec le Québec. À titre d’exemple, le taux de chômage dans la ville de Toronto est resté stable en juillet à 9,8 %, alors qu’il a été en légère régression de 0,3 % à Montréal pour s’établir à 7,5 %.

Encore une fois, la ville de Québec se démarque au Canada en affichant le plus bas taux de sans-emploi des grandes villes canadiennes avec un taux de chômage qui a chuté de 5,1 % à 4 %, en dessous du niveau affiché en février 2020, avant la pandémie !

Le revers de la médaille

Les bons chiffres que présente le Québec en matière d’emploi depuis la fin de 2020 sont positifs et démontrent que l’économie québécoise a réussi à pratiquement combler le fossé dans lequel la pandémie l’avait projetée au printemps 2020.

Il reste toutefois un peu de rattrapage à faire avant que l’on puisse déclarer que l’on est revenu de là où on est parti en avril 2020. Selon l’Institut de la statistique du Québec, l’économie québécoise a récupéré 771 700 des 825 900 emplois qui ont été détruits entre février et avril 2020 ; c’est donc 93 % des emplois qui ont été retrouvés.

Au-delà des quelque 50 000 personnes qui n’ont pas réussi à se retrouver un emploi depuis avril 2020 et qui, on présume, travaillaient essentiellement dans les secteurs de la restauration, du divertissement ou de l’hôtellerie – des secteurs qui n’ont pas encore retrouvé leur erre d’aller –, le marché de l’emploi au Québec est toujours confronté à un grave problème de pénurie de main-d’œuvre.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

La restauration, le divertissement et l’hôtellerie sont du nombre des secteurs qui n’ont pas encore retrouvé leur erre d’aller.

Chaque semaine, je rencontre des PDG d’entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs qui déplorent les difficultés qu’ils ont à recruter les effectifs indispensables à la poursuite ou au développement de leurs activités. Une réalité exacerbée en région, où le bassin de talents est plus limité.

Le retour du plein emploi, c’est bien, mais c’est mieux quand on peut le réussir avec du monde. Or, au Québec comme aux États-Unis, on commence à manquer de monde pour réaliser les tâches essentielles au bon fonctionnement d’une entreprise.

Heureusement, Québec et Ottawa ont confirmé vendredi la conclusion d’une entente qui permettra de hausser le nombre de travailleurs étrangers temporaires. Comme le soulignait le Conseil du patronat, il y avait en mai quelque 188 000 postes disponibles au Québec qu’on était incapable de pourvoir faute de postulants.

Un autre effet potentiellement négatif du retour au plein emploi, que l’on observe aux États-Unis, cette fois, c’est le resserrement éventuel de la politique monétaire de la Réserve fédérale, qui pourrait être tentée de vouloir calmer le jeu devant la forte création d’emplois des derniers mois.

Une éventualité qui est toutefois fortement tempérée par l’incertitude que laisse planer la propagation du variant Delta et par les effets que pourrait avoir la quatrième vague de coronavirus sur l’activité économique à venir.

On est toujours bien content de savoir que le plus de gens possible peuvent être en mesure de travailler pour contribuer à leur façon à la société, mais on l’est davantage quand on sait qu’ils peuvent le faire dans une perspective de long terme sans devenir les victimes d’incessants soubresauts.