Avec un taux de roulement « anormal » l’an dernier, Nolinor Aviation espère « prendre les devants » cette année en rehaussant de 25 à 40 % le salaire de ses pilotes, dans un contexte où la pénurie ne démontre aucun signe d’essoufflement.

Tous les types de compagnies aériennes sont touchés par le phénomène et le spécialiste québécois des vols nolisés n’y échappe pas non plus.

« Il y a tout le temps un roulement naturel chez les pilotes, dit le président de l’entreprise, Marco Prud’homme. L’an passé, il a été de 50 %. C’est anormal. Habituellement, il varie entre 7 et 15 %. Les salaires augmentent chez les transporteurs. Ça attire des gens. On prend les devants cette année. »

Pour un commandant des Boeing 737 que l’on retrouve dans la flotte de l’entreprise établie à Mirabel, le salaire annuel « de départ » s’établira à 175 000 $ et pourrait aller au-delà de 250 000 $ au plus haut niveau.

Après les secousses pandémiques marquées par des licenciements massifs dans l’industrie, celle-ci a redécollé et la demande ne dérougit pas. Les travailleurs du secteur qui négocient de nouvelles conventions collectives obtiennent d’importantes augmentations.

En mars 2023, WestJet avait conclu une entente avec ses pilotes prévoyant des hausses salariales de 24 % sur quatre ans. Aux États-Unis, de nouveaux contrats de travail en vigueur chez des transporteurs comme Delta Air Lines, United Airlines et American Airlines tablent sur des hausses allant de 34 à 40 % sur quatre ans. Des augmentations de salaire attendent aussi les pilotes d’Air Canada. Ceux-ci négocient avec le plus important transporteur aérien au pays et souhaitent obtenir des gains semblables à ceux de leurs collègues américains.

M. Prud’homme explique que c’est dans ce contexte que son entreprise a décidé d’emboîter le pas. De plus, Porter Airlines a annoncé, plus tôt cette année, son intention d’implanter une base à l’aéroport Montréal-Trudeau, ce qui fera augmenter la demande pour les pilotes, estime le grand patron de Nolinor.

Ça sera une pression supplémentaire. On doit demeurer concurrentiels. C’est aussi un changement d’approche. Qui veut-on attirer ? Des gens de passage ou des employés qui veulent faire carrière chez Nolinor ? Nous regardons à long terme.

Marco Prud’homme, président de Nolinor

Le spécialiste des vols nolisés est par ailleurs en train de réviser l’échelle salariale de ses premiers officiers dans sa famille d’appareils Boeing. Dans l’ensemble, cela coûtera « quelques millions » de plus à Nolinor, estime son président. Les pilotes du transporteur ne sont pas syndiqués.

Nolinor est connue pour approvisionner en cargo des destinations du Grand Nord, transporter des employés vers des sites miniers ou encore mener des équipes sportives à destination. Selon M. Prud’homme, l’augmentation de la demande permettra d’atténuer l’impact des hausses salariales consenties à ses commandants et premiers officiers.

« Malgré un taux de roulement plus élevé, nous avons pu poursuivre notre croissance l’an dernier, affirme l’homme d’affaires. On reçoit davantage de demandes. Avec la pénurie de pilotes, les grandes compagnies aériennes effectuent moins de vols nolisés. »

Nolinor en bref 

Fondation : 1992

Effectif : 300 personnes

Siège social : Mirabel (Laurentides)

Appareils Boeing des familles 737 dans la flotte : 13