Le projet de relier Montréal-Trudeau à la gare Dorval de VIA Rail n’est pas mort, assure l’aéroport, en réaction à la publication d’un rapport fédéral qui évalue les options d’Ottawa en la matière.

Les quelque 700 mètres qui séparent les deux pôles de transit causent des migraines depuis des décennies aux planificateurs des transports en commun. Ce lien est d’autant plus important que le train à grande fréquence (TGF) voulu par Ottawa devrait s’arrêter à Dorval.

Le document commandé par le fédéral conclut que prolonger le REM jusqu’à la gare ferroviaire coûterait plus cher, mais attirerait davantage de passagers qu’une navette automatisée entre la gare et l’aérogare.

Le rapport évoque aussi, sans le chiffrer, le scénario d’un tapis roulant souterrain, ainsi qu’une simple amélioration du service d’autobus.

« Les quatre idées sont des options raisonnables pour le lien de transport », a conclu le gouvernement fédéral en publiant le document. Celui-ci est daté de mai 2022 et a été mis en ligne par Ottawa il y a plusieurs mois, mais semble être passé inaperçu depuis.

Mais pour Aéroports de Montréal (ADM), une option semble être moins raisonnable que les autres : le prolongement du REM.

« La station du REM est actuellement en construction et est conçue pour être une station terminale du réseau du REM », a fait valoir la directrice des communications, Anne-Sophie Hamel, dans un courriel.

[Comme] indiqué au rapport, il existe d’autres moyens possibles de relier l’aéroport au carrefour de transport intermodal.

Anne-Sophie Hamel, directrice des communications, Aéroports de Montréal (ADM)

« Mettre en service un “people mover” ou une navette automatisée, par exemple, permettrait d’atteindre les objectifs recherchés d’intermodalité et de décarbonation », a-t-elle ajouté.

Changement de cap

Surtout, Mme Hamel confirme la volonté renouvelée de l’administration aéroportuaire d’établir une connexion entre la gare ferroviaire et ses installations.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La gare intermodale de VIA Rail, à Dorval

En 2021, alors qu’ADM se trouvait en très mauvaise posture financière en raison de la pandémie de COVID-19, son grand patron Philippe Rainville avait relégué le projet aux calendes grecques. Un tel lien, ce sera « peut-être pour une autre génération », avait-il confié à La Presse. « On ne pourra envisager dans l’immédiat un lien entre les deux à moins qu’un chevalier blanc ne nous apporte quelques centaines de millions de dollars. Ça ne sera pas dans nos cartons pour au moins une décennie. »

Lisez l’article « Lien entre la gare Dorval et l’aéroport : “Peut-être pour une autre génération” »

Deux ans plus tard, le discours a complètement changé.

« ADM a toujours soutenu qu’il serait nécessaire d’assurer un lien entre la gare VIA et l’aérogare », a assuré Anne-Sophie Hamel, indiquant que les déclarations de son patron établissaient simplement que le projet de gare du REM était prioritaire.

Nous sommes toujours d’avis qu’il est nécessaire de le faire, et ADM a d’ailleurs participé à des rencontres avec les différents acteurs associés au dossier, dont la Cité de Dorval, à ce sujet au cours des derniers mois, bien que rien ne soit arrêté pour le moment.

Anne-Sophie Hamel, directrice des communications, Aéroports de Montréal (ADM)

Transports Canada et le cabinet du ministre fédéral des Transports n’avaient pas fait de commentaires au moment d’écrire ces lignes.

Comme à Pearson

Le rapport commandé par Ottawa à QMOT Partnership établit les avantages et les inconvénients de chaque mode de transport.

Ainsi, le prolongement du REM offre une liaison ne nécessitant « aucune correspondance requise pour les passagers voyageant du pôle au-delà de YUL », ainsi qu’un « environnement passager de haute qualité », mais nécessite beaucoup de capital et de coordination.

Construire un nouveau système de transport offre « des avantages du point de vue de la fiabilité, car les usagers dans le secteur de l’aéroport ne seraient pas touchés par les perturbations », mais nécessiterait « du personnel d’entretien spécialisé » et offrirait peu de capacité. Le rapport estime à trois minutes le temps de déplacement entre la gare et l’aéroport.

Dans ce scénario, « il a été estimé qu’un système par câble était la technologie à privilégier », notamment en raison des rigueurs de l’hiver québécois, indique le document. Un système « aérien séparé de la circulation » qui « pourrait facilement être étendu pour relier le pôle à différents endroits dans la zone aéroportuaire, y compris l’aérogare, les aires de stationnement et les hôtels ».

C’est notamment la technologie utilisée pour les transferts entre terminaux à l’aéroport Pearson de Toronto, ainsi qu’à l’aéroport de Birmingham, au Royaume-Uni.