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Si mon salaire baisse, je consomme moins. Si je consomme moins, le commerce au coin de la rue vend moins et pourrait fermer. S’il ferme, le proprio de la bâtisse ne perçoit plus le loyer et pourrait ne pas payer son [prêt hypothécaire]. Si la banque ne perçoit plus ses [remboursements hypothécaires], à qui doit-elle rendre des comptes ?

Gilles Burns

Cette question touchant le grand cycle de la consommation et ses impacts directs et indirects est particulièrement pertinente dans le contexte où les récentes hausses de taux d’intérêt peuvent étouffer l’activité économique et contribuer à augmenter le risque de défaut.

Les banques prennent évidemment des risques en prêtant de l’argent, ce qui est souhaitable pour la société : il faut que des institutions soient disposées à prendre certains risques.

Il existe par ailleurs des mécanismes ou garde-fous visant à assurer que les banquiers prennent les décisions les plus éclairées possible.

Prévoir les pertes

Une banque prévoit des défauts de paiement potentiels de façon périodique dans ses états financiers et prend des provisions pour pertes sur prêts à l’avance pour tous les types de prêt. Elle peut aussi décider de renverser les provisions dans le temps si elle réalise qu’il n’y a pas eu autant de défauts qu’elle l’anticipait.

Généralement, les banques vont « surprovisionner » les pertes et se retrouver dans une situation de renversement en indiquant que les choses se sont mieux déroulées qu’elles ne le prévoyaient parce que, par exemple, le gouvernement est venu à la rescousse en aidant les entreprises.

Il faut savoir que les banques canadiennes ont la réputation d’être très prudentes. C’est ainsi que le système parvient à tenir la route.

Les banques sont prudentes parce que le gouvernement est vigilant. La dernière chose souhaitée est une déstabilisation du système financier, que ce soit sur le plan réputationnel ou sur le plan financier (pertes).

La prudence est également de mise parce que les banques ont des actionnaires. Ces derniers détiennent des actions notamment parce que le dividende versé est constant. Les dirigeants de banque gèrent de façon à éviter à tout prix d’avoir à réduire le dividende, ce qui exige une prudence dans la gestion des risques.

Réduire le dividende ébranlerait la relation de confiance entre une institution bancaire et son actionnariat, d’où le « surprovisionnement » observable dans l’industrie, pourrait-on dire.

Le dirigeant d’une institution financière doit rendre des comptes au comité de gestion des risques du conseil d’administration. Ce dernier est là pour assurer prudence et saine gestion des avoirs de l’organisation. C’est là que les responsables s’assurent que la banque est correctement « provisionnée ». Il y a aussi des conversations en continu avec le Bureau du surintendant des institutions financières du Canada, le ministère des Finances, ainsi qu’avec des actionnaires afin d’assurer la bonne gestion des activités.

Consultez notre section « Démystifier l’économie »

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