Quand je discute avec des collègues, des partenaires d’affaires, des clients et des amis, nous finissons immanquablement par aborder le sujet du manque de ressources. Toutes sortes de ressources. Que ce soit la sévère pénurie de main-d’œuvre, les retards dans les chaînes d’approvisionnement, l’instabilité des marchés financiers ou encore l’augmentation sans précédent des prix et des coûts, chaque jour amène son lot de défis.

Contrairement à la croyance populaire, nous sommes loin d’un « retour à la normale ». Nous devons arrêter de penser que la vie a repris son cours d’avant ; c’est plutôt le branle-bas en ce moment ! Ces trois dernières années auront marqué le temps : il y a l’avant, et maintenant, il nous faut définir l’après.

Et si on en profitait pour faire mieux ? Pour aborder les innombrables défis comme un tremplin vers le renouveau ?

Faire mieux en repensant l’organisation du travail

Pour la première fois de l’histoire, cinq générations se côtoient sur le marché du travail — depuis les baby-boomers jusqu’à la génération alpha. Voilà une occasion extraordinaire de repenser l’organisation du travail afin de maximiser cette manne d’idées, d’intérêts et de motivations. Sachant que les jeunes veulent tirer profit des technologies au travail, augmentons leur utilisation ; et sachant que les gens d’expérience trouvent un sens à redonner et à faire partager leurs connaissances, encourageons les retraité(e)s à coacher ou à mentorer.

On gagnerait aussi à accueillir les travailleurs ayant un profil cognitif différent. Bien que les entreprises aient fait des progrès importants en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, nous avons encore du chemin à faire pour ce qui est de la neurodiversité. Il y a là un bassin de travailleurs dont on se prive, en dépit de leurs compétences.

Faire mieux en collaborant, tout simplement

Les dirigeant(e)s d’entreprise doivent aussi faire équipe. S’engager dans une concurrence loyale et honnête, afin de conclure une entente implicite visant à travailler pour le réel bien commun.

Les gains — le bottom line — ne peuvent plus être la seule visée de nos organisations ; ce n’est plus soutenable. Ayons de grandes ambitions communes et visons une valorisation plus englobante, plus structurante. Nos collègues, nos propres équipes, nos clients, de même que nos partenaires et nos actionnaires, sont déjà nombreux à prôner une telle approche. Il est grand temps de nous rallier pour nous mettre en action.

Faire mieux en assumant notre leadership

Au Québec, nous avons tout ce qu’il faut pour voir grand et pour faire les choses autrement. Nous avons la chance de compter sur des talents exceptionnels comme les 900 chercheurs en innovation du Mila. Nous aurons également le privilège d’être aux premières loges des avancées en matière d’ESG, alors que Montréal accueillera l’ISSB, la nouvelle organisation internationale de normalisation de la finance durable. Et c’est sans compter nos nombreux réseaux d’affaires qui s’assurent, jour après jour, de soutenir le développement économique et de propulser les entreprises d’ici. On a de quoi être fiers. Comme Québécois, assumons ce leadership que nous exerçons déjà, ici comme ailleurs.

Faire mieux en demeurant lucides

De toutes les grandes perturbations mondiales, la transition nette zéro est probablement celle qui apportera son plus grand lot de dichotomies. L’heure est aux choix fondamentaux, aux grandes décisions, alors que le contexte actuel est plus que jamais solide ET fragile ; que nous faisons face à une foule de risques ET d’opportunités ; et qu’il nous faut être prudents ET audacieux, rigoureux ET agiles ; que nous devons générer des résultats à court terme ET à long terme ; que nous devons créer de la valeur pour nos organisations ET pour nos sociétés.

Devant l’ampleur de la tâche, nous sommes obligés de faire mieux. Pas plus, pas moins, mieux. C’est ainsi que nous changerons les choses.

Faisons preuve d’audace et ajustons nos façons de faire afin que bienveillance rime avec performance. Travaillons ensemble pour la cause commune, articulons une vision et formulons de grandes ambitions pour nos organisations, pour nos gens et pour notre société.

En ce sens, les bouleversements que nous traversons ne sont-ils pas une formidable occasion à saisir ? Le temps est venu de #FaireMieux, ensemble.

Lettre inspirée de l’allocution prononcée au Cercle canadien, le 17 octobre 2022