Le Québec s'est taillé une place de choix sur l'échiquier mondial des pharmas. En 25 ans, il a attiré les principales multinationales du secteur. Plusieurs facteurs ont contribué à amener ces investissements dans la province.

Pensons à sa politique en matière de propriété intellectuelle et à son accès au marché pour les nouveaux médicaments. Sans oublier les scientifiques visionnaires et les équipes de recherche universitaire de haut calibre.

Yvan Guindon a, en quelque sorte, mis au monde l'industrie pharmaceutique québécoise.

En 1979, il a pris le leadership du Centre de recherche thérapeutique de Montréal de Merck Frosst Canada. Aujourd'hui, c'est le plus important au Canada avec ses 225 chercheurs.

Le Dr Guindon a ensuite bâti une solide équipe de chimistes chez Bio-Mega/Boehringer Ingelheim. Elle compte actuellement 130 chercheurs de calibre international.

Depuis, plusieurs chercheurs et entrepreneurs de renom ont capté l'intérêt des investisseurs. Ils ont aidé à consolider une industrie où les sociétés pharmaceutiques bénéficient de l'expertise innovatrice locale et d'un réseau de sous-traitants qualifiés.

«La qualité de la chimie au Québec est certainement l'une des raisons pour lesquelles l'industrie pharmaceutique s'est établie au Canada», affirmait le Dr Yvan Guindon.

Pour sa part, le Dr Philippe Walker a mis sur pied le laboratoire d'AstraZeneca à Montréal. C'est devenu la pierre angulaire de la recherche sur la douleur de la multinationale.

Le scientifique a été attiré à Montréal par la qualité de la recherche sur la douleur qui se faisait à l'Université McGill et l'Université de Montréal.

Dans un contexte de vive concurrence, le Québec entend se positionner dans quatre domaines prioritaires.

Il s'agit de la douleur, du vieillissement, des neurosciences (et santé mentale) et du cancer (et autres maladies sociétales: cardiovasculaires, obésité, diabète).

Par ailleurs, les nouvelles compétences québécoises en génomique et en nanotechnologie sont des clés pour l'avenir. D'autant plus que l'industrie exige des approches multidisciplinaires pour développer de nouveaux traitements.

Le renforcement des acquis, dans le domaine des vaccins, par exemple, est aussi très porteur comme en témoigne l'implantation de GlaxoSmithKline à Laval et à Québec.

Propriété intellectuelle: un changement de cap

L'industrie canadienne a réellement pris son envol quand le gouvernement Mulroney a appuyé la stratégie visant à faire de Montréal le principal pôle pharmaceutique au pays.

Pour y arriver, il a fait adopter la Loi de 1992 modifiant la Loi sur les brevets. Avant, les fabricants de génériques pouvaient copier un nouveau médicament avant l'échéance de ses brevets. C'était un véritable repoussoir pour les compagnies innovatrices.

Les médicaments sont désormais protégés pendant 20 ans à partir du dépôt du brevet. En tenant compte du temps requis pour les essais cliniques et l'approbation des organismes réglementaires (FDÀ américaine, Santé Canada) les nouveaux produits bénéficient d'une exclusivité d'une quinzaine d'années sur les marchés.

Depuis plusieurs années, les compagnies font pression pour augmenter la durée de la protection.

L'accès au marché

L'intérêt des compagnies pharmaceutiques pour la province s'explique aussi par la stratégie adoptée par le gouvernement québécois.

Le Québec inscrit sur sa liste de médicaments remboursés un plus grand nombre de médicaments originaux que toute autre province. On offre ainsi un plus grand accès au marché, en plus d'un processus d'inscription plus simple.

Cette fameuse liste et les dernières négociations sur le prix du médicament sont des arguments qui, dit-on, ont aidé à délier les bourses des grandes entreprises.

Elles ont investi plus de 400 millions au Québec au cours de la dernière année.