Encouragé par une « tendance positive » depuis un an dans les urgences de la province, le ministre de la Santé, Christian Dubé, garde le cap et croit que les « changements de fond » qu’il est en train d’opérer dans le réseau de la santé auront des effets dès 2025.

En entrevue à La Presse, M. Dubé rappelle que la pandémie « a eu un effet dévastateur sur les urgences et le système de santé en général ». « Là, on est en mode rattrapage », dit-il, reconnaissant toutefois « ne pas être au niveau souhaité » dans les urgences.

Le ministre souligne que la clientèle qui se présente aux urgences est de plus en plus complexe. « Je fais mes visites surprises, et les urgentologues me disent : “On n’a jamais vu autant de têtes blanches […]. Il y a plus de maladies chroniques et de cas plus complexes” », note M. Dubé.

Malgré cet alourdissement de la clientèle, la durée moyenne de séjour dans les urgences a diminué de 42 minutes en 2023-2024.

On commence à s’améliorer.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Selon M. Dubé, les « meilleures pratiques » identifiées par la cellule de crise des urgences sont de plus en plus appliquées partout dans le réseau. Et pour le ministre, d’autres améliorations viendront grâce aux signatures de conventions collectives, aux ententes avec les fédérations de médecins notamment sur le Guichet d’accès à la première ligne (GAP) ainsi qu’à la diminution de la main-d’œuvre indépendante.

Ces « changements de fond ont mis trop d’années à se faire », selon le ministre Dubé, qui se retrouve régulièrement sollicité pour une énième crise aux urgences, reconnaît-il. Mais le train est en marche, selon lui, et la création de Santé Québec permettra d’accélérer le pas.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre Christian Dubé, en compagnie de la coordonnatrice des activités Amélie Lambert, à l’Hôtel-Dieu de Lévis

Le ministre compte également agir à la fois sur le plan des soins préhospitaliers et des soins à domicile pour aider les urgences. « Ma collègue Sonia Bélanger a déjà fait passer de 20 millions à 33 millions le nombre d’heures de soins à domicile au Québec cette année », dit-il.

Le ministre Christian Dubé attribue à des « problèmes de gouvernance clinique » le fait qu’il manque parfois de fluidité dans les hôpitaux et que des lits restent occupés trop longtemps aux étages. Selon lui, la « loi 15 » va aider en ce sens.

De toutes les régions du Québec, c’est dans « le Grand Montréal » que le plus d’efforts devront être mis pour améliorer la situation aux urgences, estime M. Dubé. Cela inclut les Laurentides, Lanaudière, Laval et la Montérégie. La situation est particulièrement difficile dans l’ouest de Montréal, où il y a un « manque de lits » d’hôpital, selon le ministre : « Les infrastructures ne répondent pas au volume. » Les effets se font sentir sur l’hôpital Anna-Laberge, du Suroît, du Lakeshore ainsi que sur le Centre universitaire de santé McGill. Le ministre mise sur la construction d’un nouvel hôpital à Vaudreuil et sur les nouvelles urgences de l’hôpital du Lakeshore pour améliorer la situation. « Il faut poursuivre les efforts. Je vois tout ce qui est fait sur le terrain. Il y a une tendance à l’amélioration et il faut continuer », dit-il.