(Québec) Le ministre de l’Environnement du Québec ordonne la tenue d’une audience publique du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur la première phase du plus important projet éolien au pays, lequel suscite bien des débats autour du mont Sainte-Anne.

Les citoyens, dont ceux qui s’inquiètent de l’impact visuel qu’aura le projet éolien Des Neiges sur le parc du Mont-Sainte-Anne, pourront donc faire valoir leurs arguments au BAPE.

« Je suis content que le BAPE accepte qu’on puisse aller s’exprimer, au moins. On n’est pas contre les éoliennes, mais on demande juste une zone tampon pour protéger le parc », a réagi l’ancien olympien Pierre Harvey.

M. Harvey et d’autres citoyens de Saint-Ferréol-les-Neiges demandent que ce projet soit implanté à au moins trois kilomètres du parc. À l’heure actuelle, l’éolienne la plus proche sera à un demi-kilomètre de ses limites. Les opposants ont lancé une pétition qui a recueilli quelque 1400 signatures.

Cette audience publique sera la première à se pencher sur un projet éolien depuis 2016. Il s’agissait alors du projet de parc éolien Mont Sainte-Marguerite, d’une capacité de 147 MW, en Beauce.

1200 MW répartis en trois phases

Le mégaprojet Des Neiges, développé par Boralex, Hydro-Québec et Énergir, sera le plus important au Canada avec une capacité de 1200 MW à l’issue de ses trois phases. La première, le secteur sud, va se déployer juste au nord de Saint-Ferréol.

CARTE TIRÉE DU SITE INTERNET DES PARCS ÉOLIENS DE LA SEIGNEURIE DE BEAUPRÉ

Des citoyens s’inquiètent de l’impact qu’aura le secteur sud du projet éolien Des Neiges sur le parc du Mont-Sainte-Anne.

Cette phase qui demandera 1 milliard d’investissements doit compter 67 éoliennes parmi les plus hautes au Québec, à près de 200 mètres avec la pale.

Boralex a dit mardi accueillir favorablement la tenue de cette audience publique, qui avait été demandée formellement au ministre par 16 personnes.

« Nous avons travaillé très fort au cours des dernières années pour trouver un équilibre entre l’ensemble des contraintes du site, qu’elles soient techniques, environnementales, réglementaires et sociales, afin de proposer le meilleur projet possible dans le respect de l’environnement et des communautés d’accueil », a indiqué dans un courriel une porte-parole de Boralex, Katheryne Coulombe. « Nous sommes d’avis que le projet, dans sa configuration actuelle, atteint cet équilibre. »

Des élus favorables

Le projet divise la communauté de Saint-Ferréol, où de nombreux citoyens l’appuient, tout comme les élus et la mairesse.

« Est-ce que ça va impacter le paysage au point que les gens ne viennent plus visiter notre municipalité ? Je ne pense pas. Je ne pense pas qu’il y aura un impact négatif sur notre région », avait récemment indiqué à La Presse la mairesse Mélanie Royer-Couture.

Elle avait rappelé que l’éolienne la plus proche sera à 5 km du sommet de la station de ski. La plus proche des pistes de ski de fond sera située à une distance de 1,7 km.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉTUDE D’IMPACT

Simulation visuelle au sommet du mont Sainte-Anne, en direction nord

Mardi, la mairesse a dit « accueillir très favorablement » la tenue d’une audience publique qui permettra « à tout un chacun » de faire valoir son point de vue et d’améliorer l’analyse du dossier.

« Le conseil municipal s’est positionné favorablement dans ce dossier, l’objectif étant de participer à la poursuite de l’électrification du Québec avec une pensée pour les générations futures », a ajouté Mme Royer-Couture.

Zone tampon de 3 km ?

Les opposants pensent que le projet peut se faire tout en assurant une zone tampon de 3 km avec le parc. Mais Boralex avait répondu aux citoyens qu’une telle zone la forcerait à retirer 17 des quelque 70 éoliennes que doit compter cette phase, empêchant d’atteindre les 400 MW qu’elle doit fournir à Hydro-Québec.

L’audience publique du BAPE doit commencer le 5 février. C’est vers la fin de ce même mois que le BAPE va se rendre sur place pour entendre les citoyens et recueillir les mémoires. Le Bureau ignore pour l’instant où auront lieu ces séances, mais probablement à Beaupré ou à Saint-Ferréol, selon la disponibilité des locaux.

Rappelons que le projet éolien Des Neiges doit être mis en place sur le plus grand territoire privé au Canada, soit les terres du Séminaire de Québec, près de la capitale.

C’est ici, dans la Seigneurie de Beaupré, que Boralex, Énergir et Hydro-Québec veulent ériger les trois phases du projet éolien Des Neiges. En comptant les 164 éoliennes déjà installées sur ce territoire depuis quelques années, le mégaprojet comptera à terme 365 éoliennes avec une capacité totale de 1564 MW.