(Québec) La Caisse de dépôt et placement du Québec n’a pas seulement reçu le mandat de trouver le meilleur système de transport structurant pour la capitale : le gouvernement Legault lui a aussi demandé de trouver la meilleure option pour améliorer la fluidité entre les deux rives et de lui soumettre sa solution pour un éventuel troisième lien.

CDPQ Infra a donc six mois pour trouver des réponses à des questions qui déchirent la capitale nationale depuis des années. La division de la Caisse qui a notamment mis au monde le Réseau express métropolitain (REM) à Montréal a officiellement accepté lundi le mandat confié par Québec.

La Caisse a un mandat à deux volets, peut-on lire dans un courriel transmis lundi par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, au président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbaud.

  • Déterminer un projet de transport structurant permettant d’améliorer les transports en commun pour la Ville de Québec.
  • Améliorer la mobilité et la fluidité dans la Communauté métropolitaine de Québec, notamment entre les deux rives.

Le cabinet de la ministre Guilbault a confirmé que ce deuxième volet du mandat incluait une éventuelle proposition de troisième lien. On se souvient que la Coalition avenir Québec (CAQ) s’était fait élire en 2018 en promettant un nouveau lien entre Québec et Lévis.

Celui-ci a d’abord été envisagé à l’est, par le truchement de l’île d’Orléans. Il a ensuite été présenté de « centre-ville à centre-ville », mais cette option impliquait l’un des plus gros tunnels au monde et un coût potentiel de 10 milliards de dollars. Il a ensuite été réimaginé en « bitube », avant d’être tour à tour mis sur la glace puis ressuscité par la CAQ.

Pour l’aider dans ce mandat passablement ambitieux, CDPQ Infra pourra compter sur les nombreuses études commandées par le gouvernement à propos du troisième lien. Québec a déjà payé au moins 59 millions pour des analyses en tous genres.

Les études commandées par le gouvernement et la Ville de Québec qui ont mené au choix du tramway seront aussi fournies à la Caisse.

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Jean-Marc Arbaud, PDG de CDPQ Infra

Pour réaliser ce mandat, CDPQ Infra mettra à contribution l’expérience et l’expertise de ses équipes dans l’analyse et la planification de grands projets de transport acquises au Québec et ailleurs dans le monde.

Jean-Marc Arbaud, PDG de CDPQ Infra

Ce rôle de consultant n’implique pas que la Caisse construira le nouveau système de transports en commun structurant de Québec – ou encore l’hypothétique troisième lien.

« Tout mandat subséquent qui pourrait découler des recommandations fournies par CDPQ Infra, et qui viserait la réalisation, la gestion ou le financement de projets sera soumis au processus et aux critères de décision prévus à l’entente-cadre entre la CDPQ et le gouvernement du Québec », précise CDPQ Infra dans un communiqué.

Inquiétudes à l’hôtel de ville

Le gouvernement avait déjà annoncé le 8 novembre son intention de confier à CDPQ Infra un mandat pour trouver le meilleur système de transports en commun structurant pour la capitale. Québec rejetait du même coup le plan B du maire Bruno Marchand, qui proposait de construire un tramway à 8,4 milliards avec la Ville comme maître d’œuvre.

L’élargissement de ce mandat à la fluidité interrives et à un potentiel troisième lien comporte des risques, selon le maire de Québec.

« Est-ce que l’idée d’avoir une vision régionale est bonne ? Je pense que oui. […] Mais ça ne peut pas être un prétexte pour que dans quatre, cinq mois, on nous dise : ça va être plus compliqué, ça va prendre plus de temps », a réagi lundi le maire Marchand.

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Bruno Marchand, maire de Québec

Si on a besoin de deux, trois, quatre, cinq ans… Si c’est ça, on a tout perdu. Si ça survient, on aura délibérément tué le projet.

Bruno Marchand, maire de Québec

Le mandat confié lundi à CDPQ Infra précise que le délai de six mois commence « à partir de la transmission des études disponibles ». Le maire Marchand a répété que ces études étaient déjà disponibles sur les sites internet de la Ville. Les études sur le troisième lien sont aussi disponibles sur un site internet du gouvernement.

« Si on n’a pas de résultat au plus tard le 20 mai, on n’aura pas respecté les six mois », a prévenu Bruno Marchand.

Dans le lot d’études qui tomberont entre les mains de la Caisse se trouve le « Rapport synthèse du projet » de troisième lien daté de mars 2023. Ce document de 158 pages tentait justement de résumer toutes les études faites quant à un potentiel nouveau lien entre Québec et Lévis, desservi à l’heure actuelle par deux ponts et un service de traversier.

Ce rapport arrivait à la conclusion qu’un tunnel de centre-ville à centre-ville était la meilleure option, ajoutant du même souffle qu’il s’agissait d’une solution techniquement risquée.

Citant une diminution de la congestion après la pandémie de coronavirus, le gouvernement Legault avait annoncé en avril dernier la mort du troisième lien autoroutier. Le premier ministre a fait volte-face en octobre après la dégelée caquiste dans Jean-Talon, promettant de consulter la population.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse