(Québec) La multinationale française Alstom s’engage à produire pour Québec un tramway capable d’affronter le dur hiver de la capitale et dit avoir tiré des leçons des ratés vécus à Ottawa.

L’entreprise retenue par la Ville de Québec pour fournir les rames de son futur tramway a aussi voulu rassurer les travailleurs de son usine de La Pocatière, qui aura « la part du lion » du contrat de près de 600 millions.

« C’est un tramway fait pour l’hiver, je vous l’assure », a lancé vendredi le directeur de projet du tramway de Québec chez Alstom, Jean-François Packwood. Alstom participait aux côtés de la Ville à une conférence de presse pour dévoiler les esquisses des futures voitures.

« On fait ça en utilisant des matériaux résistants au froid, résistants aux produits de déglaçage. On chauffe les équipements critiques, comme les caméras extérieures ou le système de propulsion », a indiqué le cadre d’Alstom.

Les opposants au projet de tramway à Québec soulèvent régulièrement des doutes sur la capacité du constructeur français à livrer des voitures capables de rouler dans le rude hiver québécois.

Le modèle qui sera livré à Québec est le même qu’a fourni Alstom à Ottawa, soit le Citadis Spirit. Les rames fournies pour la Ligne de la Confédération ont été aux prises avec plusieurs problèmes, comme des portes qui coincent, un système de chauffage défaillant pour l’hiver ottavien ou encore des fissures dans les roues.

Alstom a assuré vendredi avoir tiré des leçons de ces mésaventures. Les rames fournies à Québec auront des portes avec mécanisme de déglaçage, le sol sera chauffé, le vitrage sera double, etc. Mais l’entreprise a aussi pointé la gouvernance du projet d’Ottawa, qui n’était pas de son ressort.

« Une commission d’enquête a remis son rapport il y a quelques mois. Je pense qu’il y a 105 recommandations. Si j’avais à résumer ces recommandations, je parlerais de problèmes de planification et de gouvernance à Ottawa », a lancé Mathieu Ducharme, directeur des grands comptes clients chez Alstom.

« Et l’important, c’est de prendre ce retour d’expérience pour les futurs projets. On en a beaucoup parlé avec le Bureau de projet du tramway de Québec pour s’assurer que les recommandations soient prises en compte. »

Un choix parmi trois esquisses

L’entreprise française a présenté vendredi trois esquisses du véhicule qui doit entrer en service dès 2029 dans la capitale. Les trois livrées sont semblables, avec des voitures gris foncé ponctuées de lumière bleue.

IMAGE FOURNIE PAR ALSTOM

Les trois esquisses retenues par Alstom et la Ville de Québec

Les citoyens seront appelés à choisir parmi ces trois options à l’allure très similaire. « On va faire une consultation, on va aller voir les citoyens, leur montrer les trois scénarios possibles […]. Les gens vont voter », a dit le maire de Québec, Bruno Marchand.

Québec a signé le 24 avril un contrat avec Alstom pour l’achat de 34 rames au coût de 569 millions. La Ville pensait au départ débourser 400 millions de dollars.

La présentation des esquisses par Alstom est bien entendu conditionnelle à la réalisation du projet. La Ville négocie actuellement avec deux consortiums pour le plus important contrat du projet, soit les infrastructures, y compris le tunnel de 1,8 km qui doit relier la Haute-Ville à la Basse-Ville.

À l’heure actuelle, le projet de tramway est évalué à 3,9 milliards, mais une estimation plus fiable sera connue au début de l’été. Les gouvernements provincial et fédéral se sont déjà engagés à financer la majeure partie des coûts.

Si tout va bien, la Ville déposera son dossier d’affaires au gouvernement du Québec en juillet. Ce dernier doit ensuite faire passer le projet en mode réalisation, ce qui pourrait être fait d’ici novembre prochain.

Alstom pense commencer la production des rames à son usine de La Pocatière au deuxième trimestre de 2025. Les premières livraisons à la Ville auront lieu en 2027 selon l’échéancier fourni par l’entreprise, ce qui permettrait une période de rodage avant la mise en service en 2029.

« Comme dans tout projet de cette envergure, des composants vont venir de l’extérieur du Québec. C’est inévitable. On peut vous dire que La Pocatière va avoir la part du lion », a assuré Jean-François Packwood.

L’entreprise française s’est engagée à un minimum de 25 % de contenu local pour le tramway de Québec. M. Packwood s’est dit sûr d’en faire davantage. « On va battre le requis », a-t-il dit.