(Sept-Îles et Montréal) L’incendie de forêt qui tient en haleine les résidants de Sept-Îles, sur la Côte-Nord, se trouve maintenant à environ 16 kilomètres au nord-est de la ville, mais les autorités affirment qu’il n’a pas progressé de façon inquiétante depuis vendredi. Aucune autre évacuation n’a été annoncée samedi matin.

« C’en est un gros », lâche Yves Bolduc, au travers des grésillements du casque d’écoute. La Presse est embarquée à bord d’un hydravion d’Air Tunilik afin de survoler l’immense brasier.

Le pilote, qui travaille pour cette compagnie, survole la région depuis 25 ans pour apporter des villégiateurs dans les nombreuses pourvoiries du territoire. Jamais, dit-il, il n’a vu un aussi gros brasier que le feu 172, l’incendie de forêt qui tient en haleine Sept-Îles depuis vendredi.

Après avoir été signalé à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Sept-Îles il y a quelques jours, il se trouve maintenant à seulement 16 kilomètres de la municipalité, un peu au sud de la jonction entre les rivières Moisie et Nissipis.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Grâce au temps frais de la nuit, l’incendie s’était calmé en avant-midi samedi quoique d’immenses flammes pouvaient être aperçues à plus de 3000 mètres dans les airs, la limite permise pour un vol civil autour de l’incendie.

Le vent portait l’imposant panache de fumée vers la ville où un voile blanchâtre est suspendu vers l’est.

Plusieurs appareils en action

Sur les lieux de l’incendie, au moins deux avions-citernes de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) bombardaient les flammes malgré l’heure relativement hâtive dans la journée, guidés par un avion-commandeur, signe de l’urgence de la situation.

Deux hélicoptères pouvaient également être aperçus. « Normalement, ils vont attendre plus tard dans la journée lorsque le feu a repris de l’ampleur », explique le pilote d’Air Tunilik, Simeon Alexander.

Quant au deuxième incendie de forêt qui menaçait Sept-Îles, au nord du lac Daigle, il semble en voie d’être éteint. Un important panache de fumée s’en dégageait tout de même samedi matin.

« La SOPFEU va sûrement dépêcher des équipes sur le terrain afin de s’assurer qu’il soit bel et bien éteint », décrit Simeon Alexander.

Ambiance tendue

En matinée, à Sept-Îles même, l’ambiance était tendue, particulièrement dans le quartier Sainte-Famille, situé au nord. Ses résidants avaient reçu vendredi la consigne de se tenir prêts à évacuer et la présence de nombreuses roulottes devant les maisons donnait un indice sur leur préparation.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Selon les autorités, 10 000 personnes ont dû quitter, vendredi, leur domicile de façon préventive à Sept-Îles, où environ 25 000 personnes résident.

Sur son perron, André Charbonneau regardait les camions de la Sûreté du Québec passer dans sa rue. Des policiers venus de Québec et Montréal y étaient en opération de reconnaissance samedi, prêts à porter assistance à la population en cas de besoin.

D’autres évacuations préventives ne seront toutefois pas nécessaires pour le moment, a annoncé le maire de Sept-Îles, Steeve Beaupré, en conférence de presse à 10 h.

L’armée en renfort

Un total de 200 soldats des Forces armées canadiennes arriveront sur place pour prêter main-forte durant la fin de semaine, a annoncé pour sa part la ministre responsable de la Côte-Nord, Kateri Champagne Jourdain.

Le travail pour combattre et contenir les incendies actifs près de Sept-Îles se poursuit. Dans la nuit de vendredi à samedi, les températures et vents ont été favorables aux équipes de la SOPFEU.

Une vingtaine de pompiers sont sur place et la SOPFEU prépare le terrain pour pouvoir recevoir davantage de ressources, a indiqué la porte-parole Isabelle Gariépy.

Un total de 1500 personnes de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam ont aussi dû quitter leur domicile vendredi, a rappelé le coordonnateur Jean-Claude Therrien-Pinette.

Du côté du CISSS de la Côte-Nord, 47 personnes ont été évacuées vers les grands centres jusqu’à présent, en particulier vers Montréal, a indiqué Manon Asselin, la PDG du CISSS. Une quarantaine d’autres devraient aussi l’être prochainement.

Les résidants des CHSLD se dirigeraient vers Baie-Comeau si un ordre d’évacuation les touchait, a aussi souligné Mme Asselin.

« On espère toujours que Dame nature va être favorable dans les prochains jours », a terminé le maire de la municipalité.