Il y a deux grands programmes permettant à des étrangers de travailler au pays, très différents l’un de l’autre.

Le premier, c’est le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), géré conjointement par Québec et Ottawa. La plupart des employeurs qui y font appel doivent produire une étude d’impact sur le marché du travail pour prouver qu’ils ont tenté, sans succès, de recruter une main-d’œuvre locale. Un grand nombre des postes sont peu qualifiés : aides familiales, travailleurs agricoles, transformation alimentaire, etc.

Ce programme est le plus connu des deux parce que c’est celui que les agriculteurs ou les serriculteurs utilisent pour recruter une main-d’œuvre étrangère temporaire. La proportion de travailleurs agricoles est cependant en baisse. En 2018, elle représentait 58 % des travailleurs de ce programme. En 2022, sur les 35 180 emplois, les 13 675 travailleurs agricoles ne comptaient que pour 36 % du total.

Depuis 2021, la part des travailleurs non agricoles est en augmentation, et dans plusieurs cas, pour des fonctions exigeant des qualifications, comme soudeurs, cuisiniers, bouchers, consultants en informatique, mécaniciens, soignants ou éducatrices en garderie.

Le nombre de travailleurs dans ce programme a littéralement quadruplé depuis 2018. Mais l’année 2023 risque d’être celle de l’explosion. Les postes approuvés par Ottawa et Québec, dans le cadre du PTET, ont augmenté de façon significative en 2022, une hausse de 81 %, a rapporté notre collègue Francis Vailles.

Lisez la chronique de Francis Vailles

Avec le décalage entre l’approbation et l’embauche, cela contribue à l’augmentation du nombre de travailleurs temporaires de 2023.

Les travailleurs du PTET ont des permis fermés, c’est-à-dire qu’ils sont liés à un employeur précis, celui qui a fait les démarches pour les faire venir au pays. Une situation qui peut mener à des abus.

Programme de mobilité internationale

Le deuxième programme, le Programme de mobilité internationale (PMI), relève à 100 % du fédéral. Il n’oblige pas les employeurs à fournir une étude d’impact sur le marché du travail, et regroupe une multitude de régimes de travail, comme les mouvements de personnel en vertu d’ententes internationales, les bourses d’études, la mobilité au sein des multinationales, qui, de façon générale, portent sur des travailleurs qualifiés.

Le PMI, beaucoup plus important que le PTET, comptait 73 550 détenteurs de permis en 2022 au Québec, soit plus du double du PTET. Dans environ 70 % des cas, ces travailleurs ont un permis de travail ouvert, leur permettant de changer d’employeur quand ils le souhaitent.

La composante la plus importante du PMI est le volet travail post-diplôme, qui regroupait 30 075 personnes en 2022, soit 41 % du total. Il s’agit d’un mécanisme qui permet à un étudiant étranger qui a obtenu son diplôme de rester travailler au Canada pour une durée égale à celle de ses études.

Ces diplômés se trouvent eux-mêmes un emploi, dans un processus qui n’est soumis à aucune contrainte ou vérification.