À la suite de la publication d’un rapport faisant état des mauvaises conditions de travail des employés, dont plusieurs sont immigrants, dans les entrepôts d’Amazon et de Dollarama, le Parti libéral du Québec (PLQ) demande à la CNESST de mener une enquête.

Une étude publiée officiellement samedi et réalisée par le Groupe interuniversitaire et interdisciplinaire de recherche sur l’emploi, la pauvreté et la protection sociale (GIREPS), le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) et l’Association des travailleurs et travailleuses d’agence de placement (ATTAP) s’attarde aux conditions de travail dans les entrepôts de ces entreprises dans la région de Montréal.

Le rapport du GIREPS fait plusieurs constats, incluant « un emploi instable et une absence de sécurité » dans ces entrepôts.

Et les grandes entreprises comme Dollarama et Amazon sont plus susceptibles d’embaucher des travailleurs vulnérables. Les répondants à l’enquête « sont, plus que la moyenne des manutentionnaires au Québec, des hommes et des femmes nés à l’extérieur du Canada. Ils et elles sont quatre fois plus nombreux à appartenir à une minorité visible et deux fois plus susceptibles d’être surqualifiés pour ce type d’emploi », statue le rapport.

En réponse à cette étude, Monsef Derraji, porte-parole du PLQ en matière d’immigration, de francisation et d’intégration, somme la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) de mener une enquête sur cette situation.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député libéral Monsef Derraji (au micro).

« La situation, c’est que de plus en plus, il y a des rapports qui sortent. Rappelez-vous qu’il y a un rapporteur des Nations unies qui est venu au Québec pour décrier la situation », affirme M. Derraji, en entrevue, faisant référence aux propos du rapporteur spécial des Nations unies, Tomoya Obokata, qui avait demandé au Canada d’en « faire davantage pour mettre en œuvre [des] mesures afin de lutter contre l’esclavage moderne, en protégeant les droits des travailleurs ».

« Lundi, on va déposer une demande de mandat d’initiative à la Commission de l’économie et du travail, parce qu’il ne faut pas attendre d’autres drames avant d’agir », a ajouté le député libéral.

M. Derraji estime qu’il y a présentement « un terroir fertile pour une précarisation des conditions de travail » des travailleurs, en particulier des travailleurs étrangers et de ceux issus de l’immigration.

« La plupart des travailleurs étrangers avec qui je me suis entretenu (cet) été, ils sont souvent mal informés de leurs droits, ils sont mal informés par rapport aux normes du travail applicables au Québec, ce qui les pousse à subir des pressions très importantes dans les milieux de travail », a déclaré le député, en soulignant les impacts de cette situation sur la santé physique et mentale de ces travailleurs.

« Il faut aussi noter que le recours aux agences de placement, de plus en plus fréquent dans plusieurs secteurs, affecte beaucoup ces travailleurs, et pour nous, il faut aller au-delà d’une enquête de la CNESST », a-t-il renchéri.

M. Derraji espère que le ministre du Travail, Jean Boulet, « va suivre » dans le sens de ses demandes.

En réaction, M. Boulet a rappelé que « les travailleurs étrangers temporaires [devaient] être traités avec équité et [avaient] accès aux mêmes droits que les travailleurs québécois ».

Le ministre a encouragé tous les travailleurs, québécois comme étrangers, à dénoncer et à soumettre une plainte à la CNESST lorsque cela est nécessaire. « Je suis sensible à la situation des travailleuses et travailleurs dont il est question dans ce rapport. La CNESST dispose de tous les pouvoirs nécessaires afin d’assurer leur protection ainsi que le respect de leurs droits et conditions de travail », a déclaré M. Boulet dans une réponse écrite transmise à La Presse Canadienne en fin d’après-midi.