De ses études à l’Université Laval aux suites de la tuerie de Polytechnique, en passant par sa soirée de victoire aux élections générales de 1984, à Baie-Comeau, Brian Mulroney aura laissé sa marque dans l’esprit de nombreux lecteurs de La Presse. Voici une sélection des messages reçus après l’annonce de sa mort.

Comme tout homme ou femme politique, Brian Mulroney a fait de bons et moins bons coups. Ceux-ci sont assez connus. Je me souviens de lui alors que je commençais mon droit à l’Université Laval et lui le terminait. Il fréquentait peu la bibliothèque de la faculté de droit, préférant de loin, avec ses collègues irlandais, la taverne du Chien d’Or près du Château Frontenac. Je retiens de cet homme attachant surtout ce qu’il a fait pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. Ne serait-ce que pour cela, il a bien mérité de la patrie.

Michel Lebel

Le 8 décembre 1989 (le surlendemain de la tuerie de Polytechnique), mon adjointe me dit que M. Mulroney voudrait me parler. Je prends l’appareil et il dit qu’il voudrait, avec son épouse, rencontrer en privé les responsables étudiants, à la condition que cette rencontre ne soit pas connue des journalistes et du public. Mon épouse et moi les avons accueillis dans mon bureau à Poly, le samedi 9 décembre, vers 19 h, où ils ont conversé avec une poignée de dirigeants étudiants durant environ une heure. Cet acte exceptionnel a marqué le processus de guérison de notre communauté. La semaine suivante, il a assisté aux funérailles nationales, en tant que premier ministre du Canada, à la basilique Notre-Dame.

Roland Doré, professeur émérite retraité de l’École Polytechnique de Montréal

J’ai milité pour Brian Mulroney lors de sa campagne à la chefferie de 1983, des élections générales de 1984 et de la préparation des élections de 1988, dans Saint-Henri–Westmount. À ma grande surprise, on m’a demandé de faire partie de son équipe lors des élections générales de 1988 qui approchaient. Je suis resté à ses côtés jusqu’à sa retraite en 1993, à titre d’éclaireur et d’aide de camp. Gentil, patient, plein d’humour, toutes les personnes qui l’ont connu diront cela de lui. S’il m’arrivait de bouleverser l’horaire ou l’itinéraire, il me faisait pleinement confiance. Il a même pensé faire de moi un candidat dans un comté sûr. Non merci, je n’avais aucun désir d’aller à Ottawa !

Alain Contant

Mon père, Gilbert Dupuis, a eu la chance de le côtoyer pendant plusieurs années sur la colline du Parlement en tant que caméraman pour TVA et membre du personnel du cabinet comme ''éclaireur'' pour les journalistes qui voyageaient avec le premier ministre.

Janique Dupuis

PHOTO RON POLING, ARCHIVES UPC

Mila Mulroney lève le bras de son mari après son discours d’acceptation en septembre 1984.

En septembre 1984, j’étais présent au centre récréatif de Baie-Comeau quand il a été élu. C’était le plus beau moment politique de ma vie, l’ambiance était incroyable. On pouvait sentir la fierté des gens de Baie-Comeau qu’un de leurs p’tits gars devienne le premier ministre du pays ! Le Parti libéral avait approché mon père, qui était un entrepreneur très connu dans la région, pour le représenter. Il leur a répondu : « Premièrement, la politique ne m’intéresse pas. Et deuxièmement, je vais voter pour Brian Mulroney !

Claude Bélanger

C’était à l’auberge Montclair, à Sainte-Adèle, après une journée de ski il y a maintenant plusieurs années. Je me souviendrai toujours de son grand sourire, de son regard pétillant et de la joie que j’ai ressentie à partager avec lui à propos de mes origines irlandaises par ma grand-mère maternelle. De beaux souvenirs d’un homme hors du commun.

Raymonde Poupart

J’habitais à Baie-Comeau et j’étais là avec ma mère lorsqu’il a été élu en 1984. J’avais 19 ans ! Je me rappellerai ce jour toute ma vie, tellement sa famille et lui étaient fiers de cette victoire historique, en plus avec autant de sièges remportés en même temps ! La population était en délire, une ambiance que je n’ai jamais ressentie depuis, même à un concert de célébrité. Je travaillais également avec l’un de ses meilleurs amis, qui était le président du Parti progressiste-conservateur dans la région. Brian n’a jamais oublié de l’appeler à son anniversaire.

Nathalie Lavoie

J’étais employée au service du transport pour la Société des alcools à Québec. En septembre 1984, mon patron de Montréal me téléphone vers 11 h pour me dire d’expédier une caisse de cognac à Baie-Comeau, au plus vite. Comme c’était bien avant l’arrivée des services de livraison rapides que nous connaissons maintenant, j’ai rouspété un peu en raison des coûts élevés de livraison, pour finalement me faire dire que c’était pour M. Mulroney et son équipe et que la caisse devait être livrée avant 17 h.

Lucie Fiset

Native de Baie-Comeau et alors âgée de 17 ans, je n’oublierai jamais la victoire de M. Mulroney en septembre 1984. J’étais au centre Henry-Leonard, à Baie-Comeau, à l’endroit où il est apparu sur la scène avec sa belle épouse, Mila, sous un tonnerre d’applaudissements. La foule était heureuse et fière ! Il y avait une effervescence et une énorme fierté ressentie par la population. Un p’tit gars de Baie-Comeau venait d’être élu comme chef du Parti conservateur et, par le fait même, premier ministre du Canada !

Danielle Michaud

Je me souviens de M. Mulroney, qui était mon député à l’époque dans Charlevoix. Grâce à lui, la corporation qui gérait la station de ski Le Massif a obtenu une subvention de 6 millions, malgré de nombreuses oppositions. Ce coup de pouce a grandement façonné le Charlevoix prospère que nous avons aujourd’hui.

Marc Deschamps, directeur du Massif de Petite-Rivière-Saint-François de 1978 à 2000

Le 21 février 1986, je suis étudiant à Paris et j’habite la Maison des étudiants canadiens à la Cité universitaire. Brian Mulroney, de passage pour un Sommet de la francophonie, est venu inaugurer la maison après une grande réfection. Il s’y est présenté en compagnie de Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie française. Tous deux ont fait de longs discours, pour les jeunes vingtenaires que nous étions.

B. Boucher

Brian Mulroney était de passage à Petite-Rivière-Saint-François, un 24 juin. À l’époque, j’étais journaliste à Radio-Canada. Aucun point de presse n’était prévu, mais avant qu’il parte, un scrum inattendu est survenu, où tous les journalistes et caméramans se disputaient l’espace. J’ai dû me baisser pour permettre au caméraman de tourner et j’étirais le bras pour que mon micro capte le son. Tous les journalistes voulaient poser une question lorsque, tout à coup, il m’a vue dans cette position fâcheuse et m’a désignée du doigt pour que je puisse poser la mienne. Un geste rare de la part d’un premier ministre qui dénote une sensibilité exceptionnelle.

Marie-Andrée Brassard

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