(Ottawa) L’ancien premier ministre Brian Mulroney aura « évidemment » droit à des funérailles d’État, a annoncé Justin Trudeau au lendemain de la disparition de celui qui a mené les destinées du Canada de 1984 à 1993, et dont le décès a provoqué une déferlante d’hommages ici et ailleurs.

Ce qu’il faut savoir

  • L’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney s’est éteint jeudi à l’âge de 84 ans.
  • Il aura droit à des funérailles d’État ; les détails seront dévoilés dans les prochains jours.
  • Les drapeaux du Canada et du Québec ont été mis en berne jusqu’aux funérailles.
  • Les politiciens d’ici et d’ailleurs ont continué à lui rendre hommage, vendredi.

Le gouvernement travaillera avec la famille pour s’assurer que « leurs souhaits soient respectés », mais il va de soi que des funérailles d’État sont prévues pour rendre hommage au « p’tit gars de Baie-Comeau », a déclaré vendredi le premier ministre Trudeau lors d’une mêlée de presse à Sudbury, en Ontario.

« Je peux confirmer aussi qu’il va avoir des opportunités pour les Canadiens d’exprimer leur gratitude et offrir leur hommage à l’ancien premier ministre et à sa famille, a-t-il ajouté. Il a marqué l’histoire de ce pays, il a marqué le présent de ce pays. »

Les hommages de la classe politique ont continué à pleuvoir, vendredi, au lendemain de la disparition de Brian Mulroney, qui a gouverné le Canada de 1984 à 1993, et qui s’est éteint entouré de sa famille à l’âge de 84 ans, jeudi.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh lui a reconnu le mérite d’avoir su faire de la place aux Québécois au sein de la fédération.

Il a vraiment essayé fort d’inclure le Québec et les Québécois, et je pense que c’est vraiment important si on regarde l’histoire ; le Québec a toujours été traité comme moins important, et les francophones en général ont subi de la discrimination.

Jagmeet Singh, chef du NPD

En plus de vanter le bilan de Brian Mulroney en matière de politique internationale, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a quant à elle tenu à souligner les qualités personnelles de l’individu.

« Lorsque tout le monde avait abandonné le bateau et nous parlait moins, Brian était là et nous offrait son écoute. Ça a été mon cas, et c’est pour ça qu’il m’a appris une leçon de vie vraiment importante : qu’au final, en politique et dans la vie, le plus important, ce sont les gens. Merci, Brian », a-t-elle dit au parlement.

Les drapeaux qui flottent sur la tour de la Paix de l’édifice du Centre et sur tous les édifices et établissements du gouvernement du Canada ont été mis en berne à la mémoire du 18e premier ministre du Canada. Ils le resteront jusqu’au crépuscule le jour des funérailles ou du service commémoratif.

À Québec, le premier ministre François Legault a annoncé la mise en berne du fleurdelisé de la tour centrale de l’hôtel du Parlement. « C’était un grand premier ministre », a-t-il affirmé en mêlée de presse à Châteauguay, en insistant particulièrement sur ses réalisations dans le domaine économique.

Un charisme remarqué

Le charisme de l’homme ainsi que sa capacité à tisser des liens d’amitié reviennent constamment dans les témoignages.

L’ancien président George W. Bush, par exemple, y a fait allusion dans son message de condoléances.

« Il était intelligent et charmant, drôle et gentil. Il avait une belle voix et une belle épouse, Mila. En qualité de premier ministre du Canada, Brian a contribué à mettre fin à la guerre froide, en étroite collaboration avec les présidents Ronald Reagan et George H.W. Bush. », a-t-il souligné.

« Il a développé une amitié très étroite avec mon père », a indiqué l’ancien président américain par voie de communiqué, en rappelant au passage l’oraison funèbre que le dirigeant canadien a prononcée lors des funérailles de son père, en 2018.

La fondation de l’autre président américain que Brian Mulroney a côtoyé de près, Ronald Reagan, a aussi réagi à la nouvelle.

Le communiqué du Reagan Foundation and Institute rappelle le fameux « Shamrock Summit » qui s’est tenu à Québec en 1985, un évènement qui a marqué les esprits, et dont la bibliothèque présidentielle Ronald-Reagan a publié un montage vidéo sur son compte YouTube.

« Lorsque nous avons appris la nouvelle du décès de Brian Mulroney aujourd’hui [jeudi], nous savions que Ronald Reagan était présent, avec une étincelle irlandaise dans son regard, pour accueillir son très bon ami », lit-on dans le communiqué.

Le courage de ses convictions

Même s’il ne l’a pas connu d’aussi près, l’actuel président des États-Unis, Joe Biden, a offert ses condoléances aux proches de ce politicien « courageux », qui « n’avait pas peur de se tenir debout pour des causes qui lui étaient chères, comme s’élever contre l’apartheid en Afrique du Sud », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a ajouté sa voix au concert d’éloges. « Au cours de son mandat, il s’est prononcé contre l’apartheid, a prôné l’isolement économique du régime et a pris position alors que de nombreux membres de la communauté internationale hésitaient », a-t-il souligné.

D’Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a offert ses condoléances, rappelant un autre geste fort posé par le premier ministre. « Les Ukrainiens se souviendront toujours que le gouvernement de Brian Mulroney a été le premier de l’hémisphère occidental à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine en 1991 », a-t-il écrit sur X.

Les détails des funérailles nationales de Brian Mulroney, qui pourraient avoir lieu à Montréal, devraient être connus sous peu. Le premier ministre Justin Trudeau a eu plusieurs échanges avec les membres de la famille Mulroney depuis jeudi à ce sujet.

Avec Vincent Larin, La Presse