(Québec) Le gouvernement Legault veut étendre à toutes les villes le pouvoir de taxation des automobilistes qu’il a donné à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour financer le transport collectif.

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, doit déposer un amendement de dernière minute à son projet de loi sur la fiscalité municipale qui permettra à d’autres villes, comme Québec, Sherbrooke ou Gatineau, d’imiter la CMM. Le Soleil avait rapporté la nouvelle au matin.

En avril, son gouvernement avait permis à la CMM de facturer aux résidants des couronnes de Montréal la taxe sur les immatriculations imposée depuis plus de 10 ans aux Montréalais. L’objectif est de mieux financer le transport collectif. À partir de 2024, la somme facturée aux automobilistes sera de 59 $, et elle sera prélevée par la Société de l’assurance automobile du Québec.

C’est un changement de cap pour le gouvernement caquiste, qui avait comme crédo de ne pas augmenter les taxes.

Par exemple, en 2020, l’ex-ministre des Transports François Bonnardel s’y opposait : « C’est non. Il n’y aura pas de taxe de 50 $ pour les automobilistes des banlieues. » En 2018, Chantal Rouleau, qui était alors ministre responsable de la Métropole et déléguée aux Transports, avait répondu qu’il n’était « pas dans [l’]intention [de son gouvernement] d’augmenter les taxes des citoyens ».

Mais ce virage s’inscrit dans un contexte de crise du financement du transport collectif, et d’un bras de fer entre les élus municipaux et le gouvernement du Québec pour savoir qui doit payer pour les transports en commun. La ministre Laforest acquiesce d’ailleurs à la demande du milieu municipal.

Pas assez, selon l’UMQ

« C’est effectivement une demande que portent l’UMQ et ses membres, que le gouvernement du Québec permette aux municipalités qui le souhaitent de mettre en place une taxe sur l’immatriculation […] afin d’aider au financement du transport collectif », indique Léa Carrière, attachée de presse pour l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Mais cette taxe ne réglera pas tout, prévient l’organisme.

Dans un contexte où on sait depuis plusieurs années – bien avant la pandémie – que le modèle de financement des opérations du transport collectif ne fonctionne plus, en raison d’une stagnation des revenus et d’une augmentation des dépenses, cette taxe représente un outil de plus pour générer des revenus, mais ce n’est pas la panacée.

Léa Carrière, attachée de presse de l’Union des municipalités du Québec

L’UMQ note que sur le territoire de la CMM, l’implantation de cette taxe permettra de générer « environ 125 millions de nouveaux revenus pour 2024 ».

Les villes demandent toujours que le gouvernement du Québec s’entende avec elles pour établir un « cadre financier pour les années 2025 et les suivantes afin d’assurer la prévisibilité, la stabilité et la pérennité des opérations du transport collectif ».