De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Bonne semaine pour Mario Beaulieu

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député bloquiste Mario Beaulieu

Le député bloquiste a fait un travail de moine pour compiler les fonds publics fédéraux accordés à la communauté anglophone québécoise depuis les années 1990. Cette aide était cohérente avec la Loi sur les langues officielles. Elle était destinée aux communautés linguistiques numériquement minoritaires – ce qui inclut les anglophones au Québec. Or, la loi a changé depuis. Le fédéral reconnaît enfin que le français mérite une protection particulière même au Québec, alors qu’inversement, la communauté anglophone minoritaire au Québec parle une langue qui est en position de domination économique et culturelle sur le continent. En ce sens, le financement devrait être ajusté en conséquence. Même si la communauté anglophone mérite du soutien pour assurer ses services, le modèle actuel n’est pas équilibré, et M. Beaulieu a mis de la pression sur les libéraux pour le corriger.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine pour Rachael Thomas

La députée conservatrice de Lethbridge, en Alberta, a provoqué un énorme malaise en comité parlementaire cette semaine. Elle a demandé à la ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, de lui répondre en anglais. Or, elle devait savoir qu’il y a – en principe du moins – deux langues officielles et égales au Parlement, et que la ministre a le droit de choisir celle qu’elle préfère. La députée carbure à la colère. Elle adore mettre sur les réseaux sociaux des extraits de ses échanges en comité pour alimenter l’indignation chez ses partisans. En répondant en français, les libéraux la privaient d’une réponse que ses militants-trolls pouvaient comprendre directement (elle l’a fait traduire). La manœuvre s’est retournée contre elle. Elle s’est décrédibilisée en attaquant le français. Les députés conservateurs qui se battent avec vigueur pour défendre le français au sein de leur parti, comme Joël Godin, n’ont pas dû apprécier la bourde.

Paul Journet, La Presse

Citation de la semaine

La Ministre a favorisé de manière abusive les intérêts personnels de son amie en lui conférant un accès privilégié, ce qui constitue un manquement à l’article 16 (1o) du Code.

Extrait du rapport de la commissaire à l’éthique et à la déontologie de l’Assemblée nationale qui critique la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, pour avoir donné un « accès privilégié » en début de mandat à son amie et ancienne partenaire d’affaires, Annie Lemieux

Chiffre de la semaine : 19

Ça ne s’arrange pas pour les libéraux : selon le plus récent coup de sonde de la firme Nanos, les conservateurs de Pierre Poilievre détiennent maintenant une avance de 19 points de pourcentage (41 %) sur les troupes de Justin Trudeau (22 %), qui sont à égalité avec le Nouveau Parti démocratique de Jagmeet Singh (22 %). La marge d’erreur du sondage téléphonique auprès d’un échantillon de 1093 Canadiens est de 3 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

La loi, c’est la loi

PHOTO HEYWOOD YU, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a déjà pris sa résolution pour l’année 2024. Le dirigeant veut que sa province obtienne elle aussi une exemption de la tarification sur le carbone, et cette semaine, il a donc annoncé qu’à compter du 1er janvier prochain, Regina cesserait de percevoir la taxe fédérale sur le gaz naturel, qui est notamment utilisé pour produire de l’électricité dans la province. Le premier ministre Justin Trudeau avait le message suivant pour lui, jeudi : « Le Canada est un pays de loi, un pays où la règle de droit règne. On s’attend à ce que tous les citoyens et toutes les institutions, y compris les gouvernements provinciaux, obéissent à la loi. » Car après avoir ouvert une brèche dans son propre système en exemptant la tarification sur le mazout utilisé pour le chauffage résidentiel (ce qui profite de façon disproportionnée aux provinces des Maritimes), le fédéral, pour sa part, a pris la résolution de n’accorder aucun autre assouplissement.

Un crédit d’impôt pour dissiper les tensions ?

PHOTO JASON FRANSON, LA PRESSE CANADIENNE

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith

Tendues en début de semaine, les relations entre Ottawa et l’Alberta se sont adoucies quelques jours plus tard avec l’annonce d’un investissement de 11,5 milliards de l’entreprise Dow Chemical pour construire la première usine pétrochimique carboneutre au monde. Le gouvernement Trudeau lui accorde un crédit d’impôt d’un maximum de 400 millions pour le captage et le stockage du carbone. L’annonce a été faite en grande pompe mercredi par les ministres Chrystia Freeland, François-Philippe Champagne et Randy Boissonnault et la première ministre albertaine, Danielle Smith, dans la ville de Fort Saskatchewan, située tout près d’Edmonton. Deux jours plus tôt, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait accusé Mme Smith d’être motivée par une idéologie « anti-environnement, anti-lutte contre les changements climatiques et anti-progrès ». Elle venait de recourir à la loi sur la souveraineté de l’Alberta pour tenter de se soustraire au règlement fédéral sur l’électricité propre qui exigera que le réseau électrique albertain soit carboneutre d’ici 2035.

Christine Labrie menacée d’expulsion

Christine Labrie de Québec solidaire (QS) a préféré « mentir » au Salon bleu, en acceptant de retirer des propos qualifiés d’« indignes » par la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, plutôt que d’être expulsée de la Chambre, mercredi. En interpellant le gouvernement, Mme Labrie a énuméré des politiques de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui contribuent selon elle à la « violence économique » envers les femmes. Elle a d’abord demandé pourquoi la CAQ prenait des décisions qui précarisent les femmes, ce qui a été accepté comme question. Mais lorsqu’elle a renchéri en affirmant que le parti au pouvoir persistait à « les exploiter », Mme Roy lui a ordonné de retirer ses propos. « Je ne le retirerai pas, Mme la Présidente, parce que je le pense », a-t-elle d’abord répliqué, avant d’ajouter qu’on lui demandait « de mentir » en retirant ses propos. « Alors je vais le faire, je retire mes propos. » La présidente lui a ensuite dit qu’elle lui donnait un « premier rappel à l’ordre » et qu’à « partir de trois, c’est une expulsion ».

Électricité dans l’air

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, en commission parlementaire à Québec jeudi

Il y a eu de l’électricité dans l’air durant le passage en commission parlementaire du PDG d’Hydro-Québec Michael Sabia jeudi. Le député de Québec solidaire Haroun Bouazzi s’est lancé dans un long « plaidoyer » contre une « dénationalisation » d’Hydro-Québec avant de poser une question à M. Sabia sur un tout autre sujet. « Vous avez dit tellement de choses ! », lui a répondu Michael Sabia. « Je ne suis pas d’accord avec votre façon de caractériser le rôle d’Hydro-Québec », a-t-il ajouté avant d’être interrompu par M. Bouazzi qui souhaitait que M. Sabia se contente de répondre à sa question. Le libéral Enrico Ciccone, qui présidait la commission, est intervenu en demandant à l’élu de QS, « par respect, de laisser M. Sabia répondre ». « Il me reste deux minutes… » a répliqué Haroun Bouazzi. C’est alors que Michael Sabia y est allé d’une remarque étonnante : « OK, you win, calmez-vous, ça va ! », a-t-il lancé, faisant fi du « plaidoyer » du député et se contentant de répondre à sa question.