(Ottawa) Le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, affirme qu’il n’a pas eu de « communication directe » avec le gouvernement polonais au sujet de la demande d’extradition visant Yaroslav Hunka évoquée mardi par un ministre polonais.

« Compte tenu des évènements scandaleux survenus au Parlement canadien qui consistaient à honorer en présence du président Zelensky un membre de la formation criminelle hitlérienne SS Galizien, j’ai pris des mesures en vue de l’éventuelle extradition de cet individu vers la Pologne », a écrit Przemysław Czarnek, le ministre polonais de l’Éducation, sur le réseau social X, mardi.

Interrogé à ce sujet à son arrivée au parlement pour la rencontre du cabinet, mardi matin, le nouveau ministre de la Justice, Arif Virani, a déclaré qu’il n’avait reçu « aucune communication directe du gouvernement de la Pologne ».

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Arif Virani, nouveau ministre de la Justice

« Ce que je peux vous dire, c’est que le processus d’extradition est un enjeu sensible qui, ultimement, finit sur mon bureau pour une décision finale. Je ne peux d’ailleurs commencer sur un enjeu d’extradition tant qu’il ne se retrouve pas sur mon bureau, pour éviter de compromettre l’enquête », a-t-il tenu à spécifier.

Pour consommation polonaise

Professeur à l’Université d’Ottawa et chercheur spécialiste de l’Holocauste, Jan Grabowski émet un sérieux bémol : « L’affaire de ce monsieur de la Waffen SS au Parlement canadien, en Pologne, se joue en fonction de la politique intérieure, car il y a des élections générales très importantes ici le 15 octobre ».

Ce ministre, un « nationaliste enragé », tente ainsi de se faire réélire dans un contexte où le gouvernement de au pouvoir, Droit et Justice (PIS), a adopté depuis quelques semaines « une attitude très anti-ukrainienne » pour éviter de perdre des votes au profit de l’extrême droite, explique-t-il en entrevue de la Pologne.

Bref, la démarche n’est pas sérieuse, selon lui – d’autant plus si l’on tient compte du fait que M. Hunka est âgé de 98 ans. « C’est juste un jeu. Il est certain qu’il va passer ses derniers jours à North Bay », lance M. Grabowski, se disant « complètement abasourdi » que le bureau du président Rota n’ait pas allumé.

L’ambassadeur polonais satisfait

L’ambassade de la Pologne au Canada n’avait pas répondu aux questions de La Presse au moment de publier ces lignes, mardi après-midi.

L’envoyé de Varsovie à Ottawa, Witold Dzielski, avait exprimé son indignation en lien avec ce qui s’est joué à la Chambre des communes vendredi dernier, mais selon un message publié lundi sur X, il a accepté les explications fournies par Anthony Rota.

Ayant perdu la confiance de tous les partis, le président Rota a annoncé mardi sa démission.

Il s’est retrouvé plongé dans une controverse après avoir invité un individu de sa circonscription, Yaroslav Hunka à l’allocution du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Or, il s’est avéré que l’ancien combattant, dont la présence a été ovationnée, a fait partie de la 14division de la Waffen-SS.

La Presse a tenté de joindre certains membres de la famille Hunka, notamment son fils et sa belle-fille, mais sans succès jusqu’à présent.