De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Bonne semaine

Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration

Il y a ceux qui parlent, et ceux qui agissent. La ministre de l’Immigration est plutôt discrète. Elle ne marque pas de points politiques dans les débats. Elle attire rarement l’attention. Elle n’essaie pas de plaire aux gens qui applaudissent ou qui craignent l’immigration. Elle a studieusement avancé le dossier dans les coulisses pour aboutir avec des propositions réfléchies qui serviront de base pour mener un débat plus serein sur cet enjeu délicat. Son travail reste incomplet — son document de réflexion parle peu d’immigration temporaire et des universités anglophones qui concurrencent déraisonnablement les établissements francophones. Mais la réflexion est bien lancée.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine

Pascal Bérubé, député du Parti québécois

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Pascal Bérubé, député du Parti québécois

Pascal Bérubé est un des meilleurs députés de l’Assemblée nationale. Cette semaine, toutefois, le sympathique député de Matane-Matapédia a été rattrapé par son passé. Pour critiquer la nomination de Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec, il a rappelé que Bernard Drainville avait déjà accusé cet « Ontarien » de ne pas être assez nationaliste. Or, la citation datait de 2009. Il aurait été plus honnête de rappeler que le gouvernement péquiste avait renouvelé le mandat de M. Sabia en 2013 en s’estimant satisfait.

Paul Journet, La Presse

Précision :
Une précédente version de cette capsule indiquait que M. Bérubé avait dénoncé la hausse de salaire des députés proposée par la CAQ sous prétexte qu’elle coûterait trop cher aux contribuables. M. Bérubé dit plutôt avoir critiqué le fait que les élus recevront une augmentation supérieure à celle des employés de l’État, ce qui est injuste selon lui.

60 000

C’est le seuil annuel d’immigration permanente proposé dans un nouveau scénario par le premier ministre François Legault qui, en campagne électorale, disait que ce serait « suicidaire » pour la nation québécoise d’aller au-delà de 50 000. En réalité, le seuil est plus élevé puisque le gouvernement exclut de son calcul les immigrants admis en vertu d’un programme destiné aux diplômés. Québec entend augmenter la proportion de nouveaux arrivants connaissant le français.

Du côté de Québec

La paie des enseignants et des députés

Bernard Drainville a ouvert un panier de crabes avec ses propos sur le salaire des enseignants, laissant entendre que les professeurs sont moins importants que les députés. Ses excuses n’ont rien apaisé. En Chambre, François Legault a soutenu que l’écart salarial de 10 % en défaveur des enseignants québécois par rapport aux enseignants ontariens est « raisonnable ». « Il faut quand même tenir compte du fait qu’il y a un écart de coût de la vie » entre le Québec et l’Ontario – plus élevé dans cette province –, a-t-il plaidé. Or le gouvernement n’applique pas la même logique aux députés. Les élus québécois gagnent déjà un salaire plus élevé qu’en Ontario ; l’écart augmentera avec la hausse de 30 %. M. Legault a suggéré qu’on ne peut « comparer le salaire des députés de la nation québécoise avec ceux de l’Ontario ».

Le fin gourmet

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Pierre Fitzgibbon ne se fait pas prier pour répondre aux questions lors de mêlées de presse — contrairement à plusieurs de ses collègues… Il y a parfois des accrochages, certaines questions lui déplaisent, mais on constate bien qu’il aime l’attention. Il s’est senti particulièrement désiré cette semaine lorsque l’on a appris que Michael Sabia serait le PDG d’Hydro-Québec. Aux journalistes qui l’attendaient dans un corridor du parlement, il a lancé une remarque savoureuse : « Je me sens comme du wagyu ce matin ! » Le wagyu, c’est un bœuf japonais réputé et très cher. À chacun ses références culinaires… « Je sentais que j’avais des choses à annoncer qui pouvait être intéressantes », a expliqué plus tard M. Fitzgibbon. Il ne craint pas les métaphores flatteuses pour lui-même !

Liberté de parole

La politologue et ex-députée caquiste Émilie Foster a lancé un pavé dans la mare en disant que le simple député est « écrasé par le contrôle des communications et la ligne de parti », toutes formations politiques confondues. Si la Coalition avenir Québec avait voulu en faire la démonstration, elle n’aurait pu faire mieux. L’incident s’est produit au moment où les journalistes voulaient poser des questions à la députée Marie-Louise Tardif au sujet de la hausse de 30 % du salaire des élus. Elle venait à peine de commencer à répondre qu’un employé politique l’a tirée par le bras pour l’interrompre et l’amener à l’intérieur de la salle de réunion du caucus !

Du côté d’Ottawa

Faire chambre à part

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, n’hésite pas à utiliser les métaphores les plus colorées pour faire passer son message. Cette semaine, le chef bloquiste a eu recours à la chambre à coucher pour décrire l’entente qui permet aux libéraux minoritaires de gouverner avec l’appui du Nouveau Parti démocratique (NPD). Selon lui, cette entente lie les mains du NPD quand il réclame une enquête publique sur l’ingérence étrangère. « Il faudrait couper le chauffage dans la chambre à coucher où les libéraux et le NPD se fréquentent pour qu’ils sortent chacun de leur bord deux minutes. Peut-être que le NPD en viendrait à de meilleures dispositions. »

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