(Québec) Québec solidaire (QS) veut que la hausse de salaire des députés entre en vigueur seulement en 2026, soit après les prochaines élections.

Le parti tend la main aux autres formations politiques pour qu’il appuie son amendement au projet de loi. La demande a été faite dans une lettre du leader parlementaire de QS, Alexandre Leduc.

« Si c’est vrai que la Coalition avenir Québec (CAQ) fait ça pour pouvoir attirer les meilleurs talents, qu’elle soit cohérente et que cette hausse ne s’applique pas immédiatement. Qu’elle ne s’applique qu’à partir de la prochaine législature de 2026 », a-t-il expliqué en point de presse mercredi matin.

« Personne ne se bat dans les autobus pour une augmentation de salaire de députés », a ajouté M. Leduc en référence à la déclaration du premier ministre François Legault sur la réforme du mode de scrutin.

Advenant que le projet de loi soit adopté, les députés solidaires ne comptent pas garder le montant de cette hausse dans leurs poches.

« À QS, tous les députés font déjà des dons à toutes sortes d’organismes dans leur circonscription. Alors on va augmenter substantiellement les dons qu’on va faire dans les prochains mois à partir de l’augmentation qui va être adoptée ou pas », a affirmé Alexandre Leduc.

M. Leduc dit du même souffle que sa formation politique souhaite toujours que le gouvernement renonce à hausser le salaire des députés.

Le PQ favorable à l’amendement

Le Parti québécois (PQ) se dit plutôt favorable à l’amendement de QS.

« L’idée que ça pourrait s’appliquer à la prochaine législature est très intéressante, parce que ce n’est pas rétroactif et ce n’est pas les députés actuels qui votent. C’est une piste que j’avais déjà évoquée avant QS », a expliqué le député péquiste Pascal Bérubé.

Selon M. Bérubé, le but de cette augmentation est d’assurer la « cohésion du caucus » de la CAQ.

Les députés péquistes devraient annoncer jeudi matin comment ils comptent voter sur le projet de loi.

Les libéraux prudents

Les libéraux, quant à eux, sont restés plus circonspects sur la proposition de QS. « Je vais étudier l’amendement en équipe avec notre caucus et en temps et lieu », a dit le leader parlementaire libéral Monsef Derraji.

Le Parti libéral (PLQ) a déjà dit qu’il appuyait le projet de loi.

Le chef conservateur Éric Duhaime affirme que l’idée de QS pourrait être intéressante.

Il demande au gouvernement de retirer son projet de loi et de limiter la hausse du salaire des députés à l’indice des prix à la consommation. Cet indice était de 6,8 % en 2022, « un sommet en 40 ans », indique Statistique Canada.

« Il va y avoir une élection en 2026. Ce sera l’occasion pour tous les partis d’y aller avec sa propre proposition. Ultimement ce sont les électeurs québécois qui devront décider », a dit M. Duhaime.

Mardi, le premier ministre François Legault a défendu cette mesure, affirmant qu’il s’agissait d’un nécessaire « rattrapage » et que son gouvernement faisait preuve de « courage ».

« Un père de famille, un jeune père ou une mère de famille a le droit d’aller gagner le plus d’argent possible pour donner le plus possible à ses enfants. C’est comme ça que je vois la vie », a-t-il lancé lors de la période de questions.

En vertu du projet de loi déposé le 11 mai dernier par le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, le salaire de base des élus passerait de 101 561 $ à 131 766 $. Tous les députés avec des fonctions supplémentaires (les ministres, les leaders, les chefs des oppositions) recevront une hausse encore plus importante.

La CAQ veut faire adopter la hausse de salaire des députés avant la fin de la session parlementaire, le 9 juin. Pour y arriver, François Legault n’a pas exclu d’utiliser le bâillon.