(Ottawa) Au Bloc québécois qui l’accuse de n’avoir « rien [fait] pantoute » pour augmenter le taux d’acceptation des permis d’études aux étudiants étrangers sélectionnés par le Québec, un problème qui a été soulevé il y a environ un an, le gouvernement Trudeau réplique qu’il fait mieux qu’avant.

Ce qu’il faut savoir

  • Le taux d’approbation des étudiants francophones d’Afrique est passé de 27 % à 35 % en un an, selon le gouvernement Trudeau.
  • Le ministère fédéral de l’Immigration a déjà attribué dans le passé à un problème de « racisme » ces taux de refus élevés.
  • Le premier ministre François Legault demande à Ottawa de « réduire les délais, la paperasse et la bureaucratie ».

« J’aimerais rappeler à cette Chambre que le taux d’approbation, pour les étudiants francophones d’Afrique, est passé de 27 % en 2022 à 35 % cette année », a déclaré jeudi Marie-France Lalonde, qui est la secrétaire parlementaire du ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser.

Vérification faite auprès du cabinet du ministre Fraser, ces chiffres couvrent en fait la période allant de mai 2021 à mai 2022.

N’empêche, l’évocation de la statistique par la députée Marie-France Lalonde a été accueillie par des railleries dans les banquettes bloquistes, d’où provenait la question. Le député Alexis Brunelle-Duceppe a réclamé encore une fois du Ministère qu’il cesse « de discriminer les étudiants étrangers africains choisis par le Québec ».

Insatisfait des progrès cités par son interlocutrice, l’élu est revenu à la charge. « C’est encore plus enrageant, parce que ce gouvernement a passé la semaine à jouer au donneur de leçons envers les Québécois », a-t-il dit, rappelant que le phénomène n’était pas nouveau.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député du Bloc québécois Alexis Brunelle-Duceppe

C’était pareil en 2020 et en 2021, au point où le ministère de l’Immigration lui-même, en octobre dernier, admettait qu’il y avait du racisme au sein même de sa propre organisation. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Absolument rien. Rien pantoute.

Le député du Bloc québécois Alexis Brunelle-Duceppe

Devant un comité de la Chambre des communes, le 24 mars 2022, Sean Fraser avait fait valoir que même s’il y avait au sein de son ministère une « tolérance zéro pour le racisme, la discrimination », ces problèmes sont répandus dans l’ensemble de la fonction publique « et dans [son] ministère ».

« Il reste du travail à faire »

L’enjeu a été relancé par la publication d’une étude de l’Institut du Québec (IDQ), qui a chiffré l’ampleur des refus. On y apprend qu’Ottawa refuse 47 % des demandes de permis d’études aux étudiants étrangers sélectionnés par le Québec et acceptés par une université québécoise.

Ce sont davantage les demandes de permis déposées par les francophones et les étudiants africains qui sont rejetées par le fédéral. Les taux de refus sont deux fois plus élevés pour les demandes produites en français que pour celles en anglais, d’après l’étude.

Le gouvernement fédéral est conscient qu’en dépit d’une amélioration du taux d’approbation, « il reste de travail à faire », a assuré la secrétaire parlementaire Marie-France Lalonde. « Nous faisons tout notre possible pour faciliter l’entrée des étudiants », a-t-elle enchaîné.

Québec « veut voir des résultats »

Du côté de Québec, le député libéral Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration, de francisation et d’intégration, a dénoncé la situation « tout à fait inacceptable » qui pénalise particulièrement les établissements postsecondaires situés en région, a-t-il rappelé dans un communiqué.

De passage à Saint-Georges, en Beauce, le premier ministre québécois François Legault a déploré que « le gouvernement fédéral […] refuse beaucoup trop » d’étudiants étrangers francophones. « On veut réduire les délais, la paperasse et la bureaucratie », a-t-il ajouté.

Sa ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, a rencontré son homologue fédéral à quelques reprises depuis son arrivée en poste. Il a chaque fois été question de l’enjeu des étudiants africains francophones, a indiqué son directeur de cabinet adjoint, Alexandre Lahaie.

« Il a reconnu que son ministère devait faire mieux. Maintenant, le Québec veut voir des résultats », a-t-il écrit dans un courriel.

« Le recrutement d’étudiants étrangers francophones est gagnant pour tout le Québec. Ils représentent un bassin idéal de personnes immigrantes : ils parlent français, vivent ici durant leurs études et obtiennent un diplôme reconnu par le Québec », a ajouté M. Lahaie.

Le gouvernement caquiste dévoilera bientôt ses orientations en immigration pour les prochaines années.

Lisez l’article « Permis d’études pour étudiants étrangers : la moitié des demandes pour le Québec refusées par Ottawa »

Avec Suzanne Colpron et Tommy Chouinard, La Presse