La députée libérale Marwah Rizqy demande la tenue d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur les raisons pour lesquelles une adolescente, qui a été exploitée sexuellement par une éducatrice spécialisée, a pu se confier à une enseignante sans qu’il n’y ait de suivi.

Véronie Campeau, 41 ans, a plaidé coupable mercredi, au palais de justice de Montréal, à des chefs d’accusation de contact sexuel sur une mineure de moins de 16 ans, d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle.

Pendant des années, elle a formé « officiellement » un « couple » avec une élève vulnérable dans une école secondaire de l’est de Montréal. « C’était connu. Ça ne s’est pas fait à la dérobade », a résumé MGary Martin, l’avocat de l’accusée, en mêlée de presse mercredi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Véronie Campeau (au centre, avec le manteau blanc) a plaidé coupable mercredi à des chefs d’accusation de contact sexuel sur une mineure, d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle.

« Tous ont baissé les yeux », indique aussi un rapport policier.

« Face à des faits aussi graves et troublants », la députée Marwah Rizqy demande au ministre de l’Éducation Bernard Drainville « de déclencher dès maintenant une enquête administrative indépendante ».

Dans sa déclaration aux policiers, l’élève notamment expliqué qu’elle a confié en mai 2014 à une enseignante de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry qu’elle formait un « couple » avec Véronie Campeau.

« Est-ce que l’enseignante a signalé cette dénonciation à la DPJ ? À la direction d’école ? Si c’est le cas, comment cette dénonciation a-t-elle cheminé ou plutôt n’a-t-elle pas cheminé ? Si aucun signalement n’a été fait à la DPJ et/ou à la direction, pourquoi ? Ces questions sont très importantes afin de comprendre comment une relation aussi toxique et criminelle a pu perdurer aussi longtemps », écrit Marwah Rizqy dans une lettre adressée au ministre de l’Éducation Bernard Drainville.

L’enseignante en question n’a pas répondu aux messages envoyés par La Presse, mercredi.

« La victime a démontré énormément de courage, c’est notre devoir de ne pas la laisser tomber une deuxième fois », conclut la critique de l’opposition officielle en matière d’éducation dans sa missive au ministre Drainville.

Le cabinet du ministre de l’Éducation n’a pas commenté dans l’immédiat cette demande d’enquête indépendante.

« Je veux être très clair : que des adultes, parents, personnel scolaire ou personne en autorité aient été au courant des faits et n’aient rien est troublant et complètement inacceptable. Les personnes qui savent et qui ne dénoncent pas, sont complices », a écrit le ministre Drainville dans un message transmis par son attachée de presse.

« Il est de votre devoir de dénoncer si vous êtes mis au fait d’histoires d’abus ou d’agressions qui causent préjudices à nos jeunes », ajoute-t-il.

Avec Louis-Samuel Perron, La Presse