(Québec) Les employeurs québécois aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre continueront de se tourner vers les travailleurs immigrants temporaires dans les prochaines années, et leur nombre, en hausse de 65 % entre 2019 et 2022, continuera de croître, prévoit le ministre du Travail Jean Boulet. Toutefois, le nombre d’accidents de travail a plus que doublé sur la même période.

« C’est sûr que c’est notre anticipation que ça continue d’augmenter. Ça répond à des besoins. Il s’agit de rencontrer des propriétaires de magasin, d’hôtel, de restaurant, dans la transformation alimentaire, dans les entreprises manufacturières », a lancé M. Boulet en conférence de presse mardi.

Si le nombre de travailleurs a crû, celui des accidents de travail a explosé durant la même période. Le nombre de réclamations pour ces immigrants temporaires est passé de 154 en 2019 à 362 en 2022, une hausse de 135 %. M. Boulet y voit une tendance.

Le ministre annonce donc que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) aurait 10 employés supplémentaires cette année pour son « escouade prévention », qui offre de la formation et de la sensibilisation aux travailleurs étrangers temporaires, en anglais, en français et en espagnol.

Ils seront maintenant 22 pour rappeler à ces travailleurs qu’ils ont des droits « concernant le salaire, les vacances et les absences », que leur salaire « est protégé en cas de blessure liée au travail » et qu’ils ont des recours si leur employeur ne respecte pas ses obligations.

38 500 travailleurs étrangers en 2022

Car le nombre de travailleurs est également en forte croissance. Le Québec en a reçu 23 300 en 2019, 38 500 en 2022. Et cette tendance se poursuivra en 2023 pour ces travailleurs, qui seront « appelés à être de plus en plus présents dans les milieux de travail en 2023 », a indiqué le ministre.

Des cas récents rapportés dans les médias le forcent toutefois à assurer une surveillance accrue. Radio-Canada a révélé que la multinationale Bombardier Produits récréatifs versait à ses travailleurs mexicainsun salaire quatre fois moindre à celui de ses employés québécois à son usine de Valcourt en Estrie, une situation jugée inacceptable par M. Boulet.

Il s’est également dit préoccupé par le refus d’indemniser la famille d’un ouvrier agricole guatémaltèque mort en changeant le pneu d’une fourgonnette de la ferme où il travaillait. Il est « en réflexion » sur la définition d’accident de travail, mais il ne s’engage pas d’emblée à revoir la loi.

Car si le nombre de travailleurs est en hausse, celui des accidents de travail l’est aussi. Le nombre de réclamations pour ces immigrants temporaires est passé de 154 en 2019 à 362 en 2022. « Il faut s’assurer que les cas documentés par les médias, on puisse les éliminer. Il faut envoyer un message fort au Québec que les travailleurs étrangers temporaires doivent être traités avec équité, et qu’ils ont accès aux mêmes droits et aux mêmes bénéfices que les travailleurs québécois », a dit M. Boulet.