(Laval) Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, reconnaît que le déploiement des Espaces bleus dans toutes les régions du Québec prendra plus de temps que prévu, alors que des dépassements de coûts frappent les premiers sites annoncés.

« Je ne pense pas non plus que c’est une course. L’important, c’est qu’on fasse bien le travail », a affirmé jeudi M. Lacombe en marge du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Laval.

Annoncés en juin 2021, les Espaces bleus constituent un nouveau réseau de musées régionaux axés principalement sur la « fierté » québécoise. Le premier ministre François Legault avait dévoilé ce projet en grande pompe au Séminaire de Québec, qui accueillera aussi la maison mère du réseau. Le budget initial prévu pour ouvrir des Espaces bleus dans chaque région de la province était de 259 millions.

PHOTO ARCHIVES LE SOLEIL

Chantier de l’Espace bleu au Séminaire de Québec

Or, Le Soleil a récemment rapporté que trois des quatre sites annoncés au lancement de ce nouveau réseau présentaient d’importants dépassements de coûts. Le budget attribué au pavillon Camille-Roy du Séminaire de Québec passerait par exemple de 47 à 60 millions de dollars. Mathieu Lacombe le reconnaît et affirme qu’il travaille désormais avec ses équipes à revoir le calendrier des annonces des prochains Espaces bleus.

« Ça nous amène à regarder ce dossier avec beaucoup d’attention et à y mettre plus de temps pour nous assurer que l’on contrôle bien les coûts de construction et qu’on adapte le déploiement du réseau en fonction de cette augmentation des coûts. »
– Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe

« À terme, l’objectif est d’en avoir dans chacune des régions du Québec. Maintenant, c’est sûr qu’en fonction des coûts qui ont augmenté, on pourra moduler le calendrier », a ajouté M. Lacombe.

Pas de concurrence

Le chroniqueur de La Presse Mario Girard a également rappelé jeudi que l’opposition était critique au Parlement face à ce nouveau réseau qui concurrence, a-t-on dit, des musées régionaux déjà bien implantés sur le territoire⁠1.

« [Les musées existants] ont beaucoup de difficulté à faire du développement et à maintenir leurs activités. Je ne sais pas qui a réclamé ces Espaces bleus. Je ne vois là qu’une volonté de la Coalition avenir Québec (CAQ) à laisser un legs politique », a notamment dit Pascal Bérubé du Parti québécois (PQ).

Mathieu Lacombe rejette catégoriquement cette critique. Il assure que les musées régionaux et les Espaces bleus peuvent « très bien cohabiter », puisqu’ils n’ont pas la même mission.

« Avoir deux infrastructures culturelles dans une même région, je pense que c’est un avantage plutôt qu’un désavantage », a-t-il dit.

Le ministre Lacombe ne s’inquiète pas non plus de la pertinence des expositions qui y seront présentées, le mandat de créer du contenu ayant été confié aux équipes du Musée de la civilisation à Québec.

« Ça sera tout sauf quétaine ! On parlera des choses qui nous rendent fiers, de nos grandes chanteuses, nos grands chanteurs, nos grands artistes, les sportifs, les inventions québécoises… Assurément, Céline sera probablement quelque part dans l’un de nos Espaces bleus, mais ça ne sera pas une commande de ma part », a-t-il dit, sourire en coin, dans un clin d’œil à l’actualité qui a rattrapé le nouveau ministre à son début de mandat. Il avait alors été sollicité pour la première fois au Parlement pour commenter les problèmes de santé de la diva de Charlemagne.

1. Lisez la chronique de Mario Girard