La visite officielle du président américain Joe Biden a été l’occasion d’annoncer une série d’initiatives entre le Canada et les États-Unis qui sont le fruit de plusieurs mois de pourparlers et négociations. Voici un tour d’horizon des principales mesures.

Haïti 

Le Canada persiste et signe : pas question de mener une force d’intervention sécuritaire pour stabiliser la situation en Haïti. Le gouvernement injectera toutefois 100 millions en aide additionnelle « pour offrir un meilleur soutien policier à la Police nationale d’Haïti » et imposera des sanctions à deux membres de l’élite « qui profitent de la violence et de l’insécurité », a déclaré Justin Trudeau en conférence de presse avec Joe Biden. « Je ne suis pas déçu », a soutenu le président des États-Unis, dont l’administration voulait voir Ottawa prendre les commandes d’une force multilatérale. Il reste cependant d’avis qu’il faut intervenir pour mettre fin au chaos. Mais « toute décision entourant le recours à la force militaire devrait, selon nous, être prise en consultation avec les Nations unies et le gouvernement haïtien », a insisté le locataire de la Maison-Blanche.

Ingérence chinoise 

Si le communiqué conjoint d’Ottawa et de Washington évoque la Chine – sa « coercition économique, ses politiques contraires au marché, ses violations des droits de la personne » –, rien n’a su mieux incarner ses actions perturbatrices que la présence de Michael Kovrig et de Michael Spavor dans les tribunes de la Chambre des communes. « Je suis très heureux de voir les deux Michael. Ils ont pu retrouver leur famille sains et saufs après plus de 1000 jours en détention [en Chine] », a lancé Joe Biden dans son discours au Parlement. Ironiquement, la veille, dans la même pièce, on parlait des deux hommes en raison des allégations visant le député Han Dong. Invité à dire s’il croyait que, ainsi que l’avait rapporté Global News, l’élu avait suggéré au consul général de Chine à Toronto de retarder la libération des otages canadiens, Justin Trudeau a éludé la question lors de la conférence de presse de clôture. Invité à se prononcer s’il en ressentait le besoin, Joe Biden est demeuré muet.

PHOTO MANDEL NGAN, ASSOCIATED PRESS

Michael Kovrig et Michael Spavor à la Chambre des communes vendredi

Priorité à l’énergie nucléaire

Le grand projet d’électrification des transports aura des conséquences sur la consommation d’énergie. Le Canada et les États-Unis misent sur les avancées dans le domaine des technologies nucléaires pour satisfaire une demande accrue d’électricité, en particulier les petits réacteurs modulaires. Les deux pays souhaitent d’ailleurs en promouvoir l’utilisation ailleurs. « Nous avons l’intention de travailler en étroite collaboration avec les marchés nucléaires émergents afin de promouvoir l’utilisation accrue de l’énergie nucléaire avancée à l’échelle mondiale, tout en garantissant les normes les plus élevées en matière de sûreté, de sécurité et de non-prolifération nucléaires », peut-on lire dans une déclaration commune du département de l’Énergie des États-Unis et du ministère des Ressources naturelles du Canada.

Bornes de recharge

La production de masse prévue de véhicules sans émission dans les deux pays doit s’accompagner d’un déploiement massif de bornes de recharge des deux côtés de la frontière. À ce sujet, le Canada et les États-Unis ont convenu d’harmoniser les normes de recharge et d’instaurer des corridors transfrontaliers pour l’approvisionnement « en carburants de remplacement ». Des sommes importantes sont déjà prévues. On compte puiser dans les 7,5 milliards US prévus dans la Bipartisan Infrastructure Law (« loi bipartisane sur les infrastructures ») aux États-Unis. Au Canada, on puisera dans le fond de 1,2 milliard déjà annoncé pour l’installation d’un réseau de bornes de recharge rapide pour véhicules électriques.

Minéraux critiques

L’accès aux minéraux critiques pour la fabrication des batteries des véhicules électriques est une priorité absolue du gouvernement Trudeau et de l’administration Biden. Résultat : le Canada et les États-Unis s’engagent à mettre sur pied une chaîne d’approvisionnement nord-américaine en minéraux critiques qui soit « solide, respectueuse de l’environnement et résiliente ». « Nous nous engageons à recenser, à acquérir et à exploiter les occasions d’extraction, de transformation, de fabrication et de recyclage des minéraux critiques dans les deux pays afin de diversifier les chaînes d’approvisionnement essentielles aux secteurs de l’énergie propre, des véhicules électriques, des semi-conducteurs, de l’aérospatiale et de la défense, entre autres. »

Nettoyage des Grands Lacs

En cette semaine où les Nations unies ont lancé un avertissement concernant le « risque imminent d’une crise mondiale de l’eau », le Canada annonce qu’il versera 420 millions sur 10 ans pour préserver et restaurer un « trésor national commun » – les Grands Lacs, une source d’eau potable pour 40 millions de personnes. Une annonce saluée par les États-Unis, où la Bipartisan Infrastructure Law prévoit des investissements de 1 milliard pour les activités de nettoyage et de restauration de cet écosystème d’eau douce, le plus grand au monde.