(Ottawa) Un promoteur immobilier de Toronto qui a travaillé sans relâche pour aider des centaines de personnes fuyant les talibans à s’installer au Canada – dépensant 50 000 $ pour leur acheter des produits de base – a été salué comme un « excellent exemple de compassion canadienne » par le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino.

Wais Habibzai, qui a fui l’Afghanistan au Canada en 1992 après que sa maison a été détruite par une roquette, a lancé une campagne pour aider à fournir des vêtements et d’autres produits essentiels aux réfugiés qui ont fui Kaboul.

Environ un millier de réfugiés reçoivent de la nourriture et sont logés par le gouvernement alors qu’ils se préparent à refaire leur vie au Canada, a déclaré M. Habibzai. Il a cependant noté que les réfugiés, isolés dans plusieurs hôtels de Toronto, manquaient de nombreux produits essentiels, notamment des sous-vêtements propres, des téléphones et des biberons.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE WAIS HABIBZAI

Wais Habibzai

Beaucoup de réfugiés sont arrivés avec seulement leurs vêtements sur leur dos et M. Habibzai leur a acheté de l’habillement dans un magasin à grande surface.

L’homme d’affaires a transformé les salles de conférence des hôtels où sont logés des réfugiés en entrepôts de vêtements et de produits de première nécessité, recrutant des dizaines de bénévoles qui agissent comme traducteurs et de personnes qui contribuent au fonds d’aide.

Il se rend quotidiennement dans les magasins locaux pour acheter des sous-vêtements, des chaussures, des jeans et des chemises, des biberons, du lait maternisé et des produits d’hygiène personnelle. Il a également acheté du chocolat, des bonbons et des jouets pour les enfants, ainsi que des tapis de prière et des hijabs pour certaines femmes plus âgées.

M. Habibzai, qui est âgé de 40 ans, s’est dit ravi de voir de jeunes réfugiés, arrivés en tenue traditionnelle afghane, se promener dans les hôtels de Toronto « comme de vrais Canadiens » en jeans et t-shirts arborant le drapeau canadien.

« Certains sont venus avec [des vêtements traditionnels]. Le lendemain, ils portaient les chaussures, les t-shirts et les jeans que je leur avais donnés. Je suis allé chez Walmart et je leur ai acheté des t-shirts avec le drapeau du Canada. Ils ont adoré. Ils se promenaient comme de vrais Canadiens », a-t-il déclaré.

« Les adolescents âgés de 20 à 22 ans – ils veulent être modernes. »

Le ministre Mendicino a affirmé que l’accueil des Afghans « ne serait pas possible sans la générosité de Wais et de tant d’autres comme lui ».

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino

« Alors que les réfugiés afghans cherchaient à se mettre à l’abri des persécutions et de la guerre, le Canada est intervenu. Et alors que les réfugiés commencent maintenant une nouvelle vie au Canada, les Canadiens se mobilisent. Peu incarnent cet esprit mieux que Wais Habibzai. Wais est un excellent exemple de la compassion canadienne », a-t-il déclaré.

« Et en tant que réfugié lui-même, il incarne le “ cycle intergénérationnel d’immigration ” du Canada où chaque génération de nouveaux arrivants accueille la suivante », a ajouté le ministre.

Le ministère de l’Immigration affirme avoir aidé 3700 personnes évacuées, dont des citoyens canadiens et des résidents permanents, à fuir l’Afghanistan, récemment tombé aux mains des talibans. Il a cependant été critiqué pour ne pas en avoir aidé suffisamment à s’échapper et son programme spécial d’immigration a été en proie à des problèmes bureaucratiques et techniques.

M. Habibzai visite chaque jour des hôtels où logent des réfugiés pour s’enquérir de ce dont ils ont besoin. Il a recruté de la famille et des amis afghans pour traduire et a amassé des milliers de dollars pour compléter les 50 000 $ qu’il a lui-même dépensés.

« J’ai dit : “ Donnez-moi une liste de ce dont vous avez besoin. Je vais aller l’acheter : des couches, du lait, vous n’avez qu’à le dire. ” Un homme a répondu : “ Je n’ai qu’une seule paire de sous-vêtements ”. Ils demandaient toujours des produits comme celui-ci », a-t-il expliqué.

Il a déclaré que les réfugiés qui avaient laissé leur famille derrière eux voulaient savoir désespérément s’ils étaient en sécurité, mais n’avaient souvent aucun moyen de les joindre.

M. Habibzai leur a acheté des téléphones cellulaires et des cartes SIM, ainsi que des chargeurs adaptés aux prises canadiennes, afin qu’ils puissent rester en contact avec des parents et des amis qui se cachent des talibans.

Il a également proposé de loger plusieurs familles dans ses logements vacants sans leur facturer de loyer pendant un an. Mais il a mentionné que de nombreux nouveaux arrivants ont de l’argent et sont bien éduqués.

L’homme d’affaires de Toronto, dont le père était directeur d’une chaîne de télévision nationale afghane et ancien diplomate, a été contraint de fuir l’Afghanistan après que les moudjahidines – des combattants religieux qui ont combattu l’occupation russe, évoluant en talibans – ont détruit sa maison avec un lance-roquettes.

Il est arrivé au Canada en 1992, à l’âge de 14 ans, et a déclaré que son expérience en tant que nouvel immigrant l’avait motivé à aider les Afghans en fuite. Il veut « redonner » au pays qui l’a accueilli, car il se souvient à quel point cela a été « difficile » pour lui d’arriver au Canada « sans rien ».

« Mon père a dû quitter son travail, et depuis que notre maison a été détruite par le lance-roquettes, a-t-il raconté, c’était très difficile pour mon père de trouver un appartement [au Canada] parce qu’il n’avait pas de crédit, pas de travail et son anglais n’était pas bon. C’était dur. Mon père était un homme fort. Il voulait travailler, quoi qu’il en coûte, quoi qu’il arrive, même s’il a été diplomate pendant des années. »

Finalement, son père a accepté un poste de gérant d’un dépanneur. M. Habibzai a quant à lui fondé sa propre société immobilière, achetant sa première maison à l’âge de 18 ans et la vendant pour financer ses frais universitaires. Il construit maintenant des maisons à Toronto et dirige une société immobilière ainsi que des entreprises technologiques en Afghanistan.

« Aujourd’hui, je construis des maisons et, grâce au Canada, j’ai fait mes études ici. Mon frère a joué au soccer professionnellement pour Équipe Canada, a-t-il déclaré. Tout est grâce à ce beau pays. Et je veux redonner. »

« Je leur dis : “ Écoutez, je ne suis personne. Je ne suis que ce jeune homme d’affaires d’origine afghane. Je suis venu ici, comme vous, avec même pas 20 $ en poche, sans rien. Mais le Canada est le pays des opportunités : vous pouvez être quelqu’un ”. »