Après les universités américaines, c’est au tour de McGill d’être investie par des étudiants pro-Palestine. Une vingtaine de tentes ont été dressées sur le campus de l’établissement, entourées de plus d’une centaine de manifestants, notamment des étudiants de McGill et de Concordia.

« Le désinvestissement maintenant ! », scandaient les manifestants sous le bruit des tambours, samedi après-midi, sur le terrain inférieur du campus de l’Université McGill. L’ambiance était conviviale et plusieurs familles avec de jeunes enfants étaient présentes.

« Les étudiants ont organisé ce campement pour protester contre la complicité de McGill et Concordia dans l’occupation et le génocide à Gaza », a expliqué à La Presse une représentante de l’organisation Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) de McGill, selon qui la manifestation aurait réuni près de 1000 personnes, à son apogée.

L’évènement, annoncé sur X par les groupes SPHR de McGill et de Concordia, a débuté vers 13 h. Derrière des barricades placardées de slogans, un campement d’une vingtaine de tentes a été aménagé, et les manifestants étaient encore nombreux debout à scander des slogans vers 18 h.

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Campement devant l’Université McGill

Les étudiants comptent camper sur les lieux jusqu’à ce que leurs demandes soient entendues. « [McGill] nous a envoyé un courriel [samedi] matin pour tenter de nous intimider », a affirmé la représentante du SPHR de cette université, selon qui les étudiants demeurent néanmoins « inébranlables et engagés ».

« On ne fait que suivre la vague »

« C’est plein d’espoir, aujourd’hui », a commenté Lara Al Barazih, qui est arrivée à la manifestation en début d’après-midi avec des amis. « On s’attendait à ce mouvement, avec tout ce qui se passe aux États-Unis. On ne fait que suivre la vague », a ajouté la jeune femme, qui a dit songer à se joindre au campement plus tard.

L’ancien porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir s’est mêlé à la foule en milieu d’après-midi. « Je suis persuadé que Mélanie Joly et Justin Trudeau sont réellement préoccupés par ce qui arrive au peuple palestinien », a-t-il souligné, en dénonçant toutefois la « complicité » des gouvernements occidentaux avec Israël.

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Amir Khadir s’entretient avec des manifestants.

M. Khadir a appelé les dirigeants canadiens à cesser la vente d’armes à Israël. « Il ne faut pas juste un arrêt des hostilités, pas juste un cessez-le-feu, il faut une solution durable », a-t-il ajouté.

« En tant qu’enfant de parents qui ont traversé la guerre civile libanaise, qui a été causée par l’interférence de l’Occident et d’Israël, je crois qu’il est important d’être solidaire de tous les peuples du Moyen-Orient », a commenté une manifestante qui a demandé l’anonymat, par crainte de répercussions sur son emploi.

Selon la jeune femme, ce n’était qu’une question de temps avant qu’un campement pro-Palestine soit établi sur le campus d’une université montréalaise. « J’attendais que ça arrive », a-t-elle ajouté.

Pas d’intervention policière

Selon l’Université McGill, « nombre de » manifestants auraient quitté le campus en début de soirée, mais les tentes s’y trouvaient toujours.

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Une banderole a été déployée sur un des bâtiments du campus central de l’Université McGill. On peut y lire : « Le Conseil des gouverneurs de McGill investit 20 millions dans le génocide. Les étudiants demandent le désinvestissement ».

« Le doyen à la vie étudiante et un représentant du Service de sécurité de l’université McGill ont demandé aux manifestants de démonter leurs tentes, ce qu’ils ont refusé de faire », a affirmé l’établissement dans un courriel, en précisant que le service de sécurité de l’université était en contact avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Des agents du SPVM ont été déployés autour du campus « pour assurer la sécurité des gens et la circulation aux alentours », avait affirmé plus tôt Jean-Pierre Brabant, porte-parole du SPVM, selon qui McGill n’aurait pas demandé d’intervention policière.

McGill a cependant rappelé que « les membres de la communauté mcgilloise sont autorisés à manifester sur les campus de manière pacifique, pourvu que ces manifestations se déroulent dans le respect de la loi et des politiques et des procédures édictées par l’Université McGill. »

Selon McGill, la manifestation se déroulait encore de manière pacifique et était circonscrite au campus intérieur, samedi soir.

Un mouvement qui prend de l’ampleur

Le campement de protestation établi à McGill s’inscrit dans un mouvement plus vaste de manifestations pro-Palestine, qui a débuté à l’Université Columbia, à New York.

Le 17 avril, des manifestants étudiants ont dressé une douzaine de tentes sur le campus de la prestigieuse université, demandant à Columbia de retirer ses investissements dans les entreprises qui profitent à l’armée et à l’État d’Israël.

Le jour même, la présidente de l’université a demandé à la police de New York de démanteler le camp d’occupation. Cette intervention, qui a mené à l’arrestation d’une centaine d’étudiants, a aussi galvanisé le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza aux États-Unis.

Le campement de Columbia est réapparu quelques jours plus tard, et la colère s’est propagée à de nombreux campus comme ceux de Harvard, Yale, Emerson ou de l’Université de Californie à Berkeley, où des tentes ont également poussé et où des centaines d’autres arrestations ont eu lieu.

Avec l’Agence France-Presse