La popularité du premier tronçon du Réseau express vélo (REV) dans la rue Saint-Denis continue de faire des petits. Des adeptes du transport à deux roues réclament la mise sur pied d’un autre axe cyclable allant du nord au sud, mais cette fois dans l’ouest de l’île de Montréal.

« Il y a le REV Saint-Denis et, maintenant, les pistes protégées sur Christophe-Colomb qui fonctionnent très bien. On voudrait avoir quelque chose de similaire dans l’ouest pour les déplacements nord-sud. On a des bandes cyclables, mais il n’y a rien d’aménagé de façon sécuritaire », explique le porte-parole de l’Association pour la mobilité active de Saint-Laurent (AMASL), Olivier Labrèche.

Avec l’Association pour la mobilité active de Verdun–L’Île-des-Sœurs, l’Association des piétons et des cyclistes de NDG, Ahuncycle et plusieurs autres organismes, son groupe forme la Coalition pour la mobilité active de Montréal (CMAM).

Dans une lettre envoyée ces derniers jours à la mairesse Valérie Plante, la coalition affirme que cet « axe de l’Ouest » pourrait passer par le boulevard O’Brien ainsi que les axes Lucerne, Kindersley, De La Savane, Victoria, Plamondon-Barclay, McLynn-Earnscliffe-Clanranald, avant de se prolonger vers le sud par l’avenue Girouard.

La piste cyclable ferait ainsi le lien entre les quartiers de Saint-Laurent, Cartierville, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et Mont-Royal.

Le groupe propose également d’aménager un passage à niveau dans l’axe de Clanranald, ce qui permettrait « de relier l’écoquartier Namur-Hippodrome, Royalmount et l’ouest de Saint-Laurent au reste du réseau ».

« Agir maintenant »

D’après les plans de la coalition, la Ville devrait viser des « pistes unidirectionnelles séparées et déneigées » qui passeraient près des établissements et des pôles de mobilité comme la ligne orange, les cégeps Vanier et Saint-Laurent, l’hôpital du Sacré-Cœur et les futures stations du Réseau express métropolitain (REM).

Le gestionnaire du train léger, CDPQ Infra, a déjà évoqué une « véloroute » le long du tracé, mais rien n’a encore été fait à ce sujet. Un nouveau tronçon du REV est par ailleurs en préparation sur le boulevard Henri-Bourassa et devrait permettre des déplacements cyclistes est-ouest protégés dans le nord de l’île d’ici 2027. « On ne veut pas attendre encore quatre, cinq ou six ans. Il faut agir maintenant », juge M. Labrèche.

La culture vélo est moins présente dans l’Ouest, justement parce que les gens ne sont pas incités à sortir sur deux roues dans des conditions pareilles.

Olivier Labrèche, porte-parole de l’Association pour la mobilité active de Saint-Laurent (AMASL)

Chez Vélo Québec, le président et directeur général, Jean-François Rheault, trouve l’idée « très intéressante ». « Non seulement ce tracé permet de rejoindre des lieux de résidence, d’emploi et de transport collectif dans un axe assez dense, mais surtout, il emprunte des barrières physiques comme les autoroutes 40 et 15, soit des secteurs où c’est très difficile de traverser », évoque-t-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le président et directeur général de Vélo Québec, Jean-François Rheault

« Plus globalement, ça témoigne d’une envie des citoyens de faire avancer les choses. Et ça démontre aussi probablement qu’ils trouvent que la Ville n’avance pas à la vitesse où elle devrait pour le développement de grands axes structurants », ajoute M. Rheault.

La Ville en analyse

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on indique prudemment que « les propositions de la population sont toujours accueillies favorablement ». « Nous prendrons le temps d’analyser ce tracé, qui n’est pas prévu dans la programmation cyclable actuellement », nuance toutefois l’attachée de presse, Béatrice Saulnier-Yelle.

Elle précise que Montréal compte continuer d’accélérer « la sécurisation des déplacements de tous les usagers en améliorant de façon continue le réseau cyclable pour mieux connecter les quartiers excentrés et décongestionner le réseau routier ».

Jusqu’ici, on compte six axes du REV : Berri–Lajeunesse–Saint-Denis, Viger–Saint-Antoine–Saint-Jacques, Souligny, Peel, Bellechasse et Notre-Dame–parc de la Traversée. À court terme, d’ici 2027, la Ville compte en aménager quatre autres, sur les axes Côte-de-Liesse, Henri-Bourassa, Jean-Talon et Lacordaire.

Le REV Saint-Denis avait même franchi le seuil symbolique de 1,5 million de passages au compteur en 2023, un record. Durant les jours de la semaine, l’axe fortement achalandé a enregistré en moyenne 4600 passages en 2023. Le reste du temps, surtout le week-end, le REV accueillait en moyenne 4300 passages quotidiennement.

Même chez les commerçants de l’artère, d’abord réfractaires, la piste cyclable fait de plus en plus d’adeptes. Actuellement, le taux d’occupation commerciale de la rue Saint-Denis est d’un peu plus de 84 %, soit beaucoup plus qu’avant l’arrivée du REV. La rue était toutefois en chantier à cette époque.