L’idée d’implanter un tramway dans l’est de Montréal suscite déjà l’inquiétude à Repentigny

Le tramway de l’est de Montréal n’aura pas l’appui de Repentigny, du moins pas pour le moment. La municipalité estime que le projet actuel engendrerait la construction de nouvelles tours de condos dans la rue Notre-Dame, où on en retrouve déjà plusieurs.

« L’arrivée d’un tramway sur Notre-Dame nous obligerait à développer des aires TOD [zones à haute densité près du transport collectif], ce qui impliquerait la construction de bâtiments de 10 à 15 étages, une perspective avec laquelle les citoyens de Repentigny sont pleinement en désaccord. Cela pourrait également entraîner une réduction importante du flux de circulation », dit le maire de la municipalité, Nicolas Dufour.

Plusieurs tours de condo ont été construites dans les dernières années dans la rue Notre-Dame. La présence de ces habitations a d’ailleurs suscité beaucoup d’inquiétudes dans la population en raison de l’obstruction de la vue sur le fleuve Saint-Laurent.

Aujourd’hui, la Ville estime que le tramway risque fortement de contraindre son administration à « intensifier » encore davantage la densification dans cette zone, « conformément aux nouvelles exigences du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) ». Ce dernier impose des aires TOD qui ont un niveau de densification plus élevé, de façon générale.

Il est hors de question de toucher Notre-Dame pour implanter un mode lourd de transport en commun. Cela ne correspond pas à notre vision pour notre ville.

Nicolas Dufour, maire de Repentigny

Son administration privilégie davantage la construction d’un mode structurant aux abords de l’autoroute 40, même si le coût risque d’être plus élevé. Elle craint autrement que le tramway subisse le même sort que le train de l’Est, dont l’achalandage a chuté dans les dernières années en raison de la pandémie et de la construction du Réseau express métropolitain (REM).

La circulation automobile dans le secteur de Repentigny a aussi considérablement diminué depuis la pandémie et l’avènement du télétravail. L’achalandage sur le pont Le Gardeur, qui débouche sur la rue Notre-Dame, est passé de 18 000 à 14 000 véhicules par jour, selon les données du ministère des Transports.

Confiance « mise à l’épreuve »

D’après un rapport ayant fuité dans plusieurs médias, dont La Presse, la semaine dernière, le tracé du Projet structurant de l’Est (PSE) demeurerait semblable au scénario initial, dans l’axe du boulevard Lacordaire et de la rue Sherbrooke Est, entre le cégep Marie-Victorin et la gare de Pointe-aux-Trembles, le long de la ligne verte du métro. Des prolongements sont aussi envisagés vers Rivière-des-Prairies et Repentigny.

IMAGE FOURNIE PAR L’ARTM

Une idée du tracé du futur PSE, selon une carte dévoilée vendredi dernier par l’ARTM

Nicolas Dufour s’explique mal d’avoir appris « une fois de plus » l’ensemble de ces informations dans les journaux, sans avoir été consulté, et ce, malgré de « multiples demandes de rencontres » faites auprès du directeur de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), Benoît Gendron, depuis le 30 octobre.

L’ARTM se moque de nous. […] Cette décision unilatérale est un désaveu du rôle des élus municipaux dans les décisions qui affectent nos communautés.

Nicolas Dufour, maire de Repentigny

« Depuis deux ans, nous investissons trop de temps et de fonds publics pour des études qui ignorent notre réalité locale », a dénoncé le maire, qui ne cache pas que sa confiance envers l’ARTM est « rudement mise à l’épreuve ».

Rien d’« arrêté »

Pour le vice-président du Collectif en environnement Mercier-Est, Daniel Chartier, le tramway est toutefois déjà un mode moins « brutal » que le REM en matière de densification. « L’avantage du tramway, c’est que c’est plus facile de rajouter des stations selon les besoins, donc d’étaler un peu la pression. Maintenant, regardons-le comme il faut et de tous les angles. Ça nous prend une vision à long terme », explique-t-il.

Par courriel, l’Autorité a de son côté assuré lundi que le choix d’implanter une station du futur tramway dans la rue Notre-Dame n’est pas encore nécessairement « arrêté ».

« Nous sommes choqués par la virulence des mots », a rétorqué le porte-parole, Simon Charbonneau, en déplorant que cette sortie du maire soit survenue « à peine quelques heures avant une rencontre de travail prévue depuis plusieurs jours avec Repentigny ». « Cela nous apparaît très précipité. L’emplacement d’une station dans ce secteur n’est pas arrêté et nous l’avions déjà partagé avec l’équipe du maire. »

Il affirme que « la meilleure façon d’avoir un discours constructif autour de ce projet prometteur est de participer aux consultations que nous menons ». « Nous sommes à l’écoute de toutes les propositions constructives permettant l’atteinte des objectifs visés par le mandat octroyé par le gouvernement », a conclu M. Charbonneau.

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  • 31 kilomètres
    Comme nous l’avions rapporté au début de janvier, le choix du tramway permettra de faire fondre le coût total estimé aux alentours de 13 milliards. Le tramway proposé compterait 31 kilomètres de rails et 28 stations, éloignées entre elles de 1,1 kilomètre en moyenne. L’échéancier visé est autour de 2035 ou 2036.