Au moment où elle doit comprimer ses dépenses pour éviter de réduire le service, la Société de transport de Montréal (STM) appelle les employeurs à payer une portion du coût de la carte OPUS, plutôt que d’offrir des stationnements à leurs employés.

« Des fois, on voit de grands employeurs qui paient des stationnements ou des voitures. Posez-vous la question : êtes-vous en train de faire le bon choix pour notre société, ou ne doit-on pas changer nos comportements et faire les choses différemment pour inciter au transport collectif ? », a fait valoir lundi la directrice générale de la société de transport, Marie-Claude Léonard, devant le Cercle canadien de Montréal (CCM).

Cet organisme, qui reçoit régulièrement des leaders du monde des affaires québécois et canadien, avait convié Mme Léonard à s’exprimer sur les principaux défis de la STM au cours des prochaines années.

D’après Mme Léonard, les bénéfices concrets qu’ont les employeurs d’inciter leurs salariés à opter pour le transport collectif sont multiples et peuvent même aider à faire progresser une entreprise.

« Quand vos employés ont accès au métro, ils arrivent moins stressés, avec moins d’anxiété. Ils ont une meilleure forme physique. Ça donne accès à des pôles de service en emploi. […] C’est aussi plus facile de recruter des employés quand ils peuvent se déplacer en transport collectif », a expliqué Mme Léonard.

Selon elle, payer une portion du coût de la carte OPUS est un bon premier pas à faire, surtout pour les grands employeurs. « C’est un choix de société et chacun a une partie à faire […] pour faire cette différence-là ensemble », a conclu Mme Léonard, ajoutant au passage que les revenus de la STM s’en porteraient d’autant mieux si plus d’entreprises finançaient l’accès au transport collectif.

Contexte difficile

La sortie de la DG survient au moment où, plus que jamais, la STM se trouve dans un contexte financier délicat. Début décembre, la société de transport avait confirmé qu’elle devrait finalement réduire ses dépenses de presque 86 millions en 2024, une hausse de plus de 70 % par rapport à ce qui était jusqu’ici appréhendé.

À court terme, le niveau de service demeurera néanmoins intact dans le métro et les autobus, mais le manque à gagner de l’organisme passera de 36 à 46 millions. Quelque 255 postes devront également être supprimés à l’interne dans les prochains mois pour maintenir un budget à l’équilibre.

Cela dit, tous les espoirs de l’industrie se tournent maintenant vers Québec, qui doit toujours négocier une entente de financement sur cinq ans avec les sociétés de transport.

Au début du mois de novembre, le gouvernement Legault avait statué après des semaines de négociations tendues : l’aide finale pour 2024 sera pour l’instant de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal, un chiffre qui absorbe 70 % du déficit, selon le calcul de Québec.

Un exemple à suivre

À la STM, on fait par ailleurs valoir que chaque entreprise, peu importe sa taille ou son domaine d’activité, « peut jouer un rôle pour influencer l’offre » en transport collectif. L’exemple du groupe Pharmascience est probant à ce sujet, selon l’organisme.

En février, La Presse avait rapporté que le groupe pharmaceutique s’était inscrit au Registre des lobbyistes du Québec pour demander à la société de transport d’améliorer son service et d’ainsi permettre à ses travailleurs de se rendre au travail en transport collectif.

L’entreprise déplorait alors que la ligne 115, utilisée par plusieurs employés, ne soit en service que le matin et en fin d’après-midi, sans service entre 9 h 30 et 14 h 30, ce qui posait des problèmes de mobilité, surtout pour les horaires atypiques.

Depuis, des discussions ont eu lieu et la fréquence de la ligne 115 a finalement été augmentée. Ainsi, depuis le 28 août dernier, la ligne 115 « a connu un ajout de 18 départs par jour de semaine », soit une hausse de 35 % par rapport l’offre de service antérieure, confirme le porte-parole Kevin Bilodeau par courriel.

Plus globalement, l’affaire a poussé la STM à discuter avec d’autres entreprises du secteur pour « faire concorder l’offre de service et les horaires de travail ». Des ajouts de service ont notamment été faits en soirée afin d’accommoder certains quarts de travail.

« Ce cas est un exemple de secteurs industriels qui a préservé un niveau de déplacement important malgré la pandémie et moins de télétravail, et où nous avons donc ajouté du service dans les derniers mois », a conclu M. Bilodeau par courriel.