Les effets du contexte budgétaire difficile continuent de se faire sentir à la Société de transport de Montréal (STM). L’organisme devra finalement réduire ses dépenses de presque 86 millions en 2024, une hausse de plus de 70 % par rapport à ce qui était jusqu’ici appréhendé. Le niveau service demeurera néanmoins intact.

C’est ce qu’a indiqué la société dans son budget final déposé jeudi. Lors de son plan budgétaire préliminaire à la mi-novembre, que La Presse avait d’abord révélé, la STM avait initialement évoqué des réductions de l’ordre de 50 millions et la suppression des 120 effectifs.

On sait depuis que la STM, dont les finances sont fragiles comme l’ensemble des sociétés de transport, devra plutôt supprimer 255 postes, soit plus du double que prévu.

Les réductions de dépenses passeront quant à elles de 50 à 85,6 millions, précisément, ce qui représente une hausse significative de 71,2 %. Le manque à gagner de la STM a quant à lui bondi de 36 à environ 46 millions entre le dépôt plan préliminaire et la publication du budget final, avait-on appris vendredi dernier.

Au total, le budget de la STM s’élèvera à 1,77 milliard. Aucune compression ne sera finalement faite dans le métro et les autobus. Bonne nouvelle, même : la fréquence du transport adapté sera augmentée de 29,5 %, ce qui permettra de ratteindre le niveau de 2019 en la matière.

« Tournant majeur »

En parlant d’un « tournant majeur » pour son groupe, la directrice générale Marie-Claude Léonard a confirmé que ses équipes baisseront la masse salariale des employés et des cadres non liés à l’exploitation d’environ 4 % de plus que prévu. Cela permettra de dégager 24 millions en un an.

Des coupes faites dans les biens et services, ce qui inclut par exemple les campagnes de communication, permettront aussi de dégager 9 millions.

Le budget d’exploitation de certains projets sera aussi revu à la baisse, afin d’économiser trois millions. « On va par exemple requestionner certains aspects comme la planification en lien avec le remplacement des trains Azur et les pièces qu’il y a là-dedans », avait glissé la DG, en entrevue, au mois de novembre.

Cela devrait permettre de répondre à court terme aux besoins. Le manque à gagner, qui est précisément de 45,95 millions, comprend en effet un risque financier de 35,6 millions, à quoi il faut ajouter une somme de 10,3 millions représentant des « actions à identifier en vue de maintenir le service ».

À plus long terme, la société de transport s’engage aussi « sur un plan de réduction des dépenses récurrentes de 100 millions sur cinq ans ». Bref, les coupes risquent de continuer de se multiplier dans certains secteurs au cours des prochaines années, sans toutefois impacter le service.

Un service inchangé

Cette série « d’optimisations budgétaires » permettra ultimement d’éviter les coupes qui étaient tant appréhendées dans le transport collectif, ces dernières semaines.

« Il est primordial de conserver le niveau de service et même de poursuivre son développement pour continuer d’être un mode de transport attractif pour notre clientèle d’aujourd’hui et de demain. Il serait dramatique de briser l’élan de la relance du transport collectif à ce moment charnière de la reprise », a d’ailleurs expliqué le président de la STM, Éric Alan Caldwell.

Il lance ainsi une flèche directe au gouvernement Legault, qui doit toujours négocier une entente de financement sur cinq ans avec les sociétés de transport.

À court terme, en 2024, Québec a statué après des semaines de négociations tendues : l’aide finale pour l’an prochain est de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal, un chiffre qui absorbe 70 % du déficit selon le calcul de Québec.