La mairesse de Montréal s’est dite à la fois préoccupée et optimiste pour le projet de prolongement de la ligne bleue, jeudi, alors que le seul consortium en lice pour creuser le tunnel menace de claquer la porte.

« Ce n’est jamais le genre d’informations qu’on veut avoir, parce que ce qu’on veut, c’est que ça roule », a dit Valérie Plante, en marge d’une visite au Salon du livre de Montréal. « C’est sûr que c’est préoccupant, mais [j’ai bon espoir] qu’il va y avoir une entente. Je ne peux pas aller vraiment plus loin pour des raisons juridiques, mais [j’ai bon espoir] qu’on va trouver une solution. »

La Presse a révélé jeudi qu’il ne restait qu’un seul consortium dans la course pour obtenir le contrat de creusage du tunnel du prolongement de la ligne bleue, sur plus de six kilomètres. Ce consortium, baptisé Mobilité Bleu Horizon, est mené par le géant de la construction Pomerleau. Dans les dernières semaines, il a menacé de claquer la porte du projet et de ne pas déposer de soumission si quatre « éléments critiques » du contrat n’étaient pas modifiés, notamment les frais de retard et le montant de la lettre de crédit à obtenir.

Mme Plante a confirmé en point de presse qu’un seul soumissionnaire était toujours dans la course. « Cette situation d’avoir juste un soumissionnaire qui veut regarder d’autres conditions, ça, c’est préoccupant », a-t-elle dit.

Elle a repoussé les comparaisons avec le tramway de Québec, projet qui n’a attiré aucune soumission plus tôt cet automne après le retrait d’un consortium dont faisait partie Pomerleau. Pour la ligne bleue « tout le monde est dans le train. Je dirais que je suis confiante, parce que j’entends ceux et celles qui ont le pouvoir financier dire : oui, ce projet-là est important », a-t-elle continué. « La volonté est là et on va aller de l’avant. »

La STM défend son approche

Par ailleurs, la Société de transport de Montréal (STM) a défendu jeudi la façon dont elle gère l’attribution du principal contrat du projet de prolongement de la ligne bleue du métro.

« Notre objectif premier est d’obtenir le meilleur projet au meilleur coût possible et dans le respect du cadre normatif applicable », a affirmé l’organisation publique dans un courriel. « Le bureau de projet travaille avec rigueur pour assurer l’intégrité du processus. Il s’agit d’un exercice mené avec sérieux par une équipe multidisciplinaire compétente. »

Les demandes du soumissionnaire ont été analysées de façon indépendante, jure la STM.

« Le bureau de projet renferme plusieurs équipes expertes lui permettant d’analyser rigoureusement chaque demande formulée et de répondre de manière réfléchie, équitable et concertée, au besoin avec les partenaires du projet », a indiqué le transporteur, toujours par courriel. « Le tout tient compte des meilleures pratiques de l’industrie visant à assurer un partage équitable des risques entre le donneur d’ouvrage et le futur adjudicataire. »

La STM a refusé de confirmer les informations de La Presse.

Du côté de la ministre des Transports Geneviève Guilbault, on s’en est tenu à un commentaire sibyllin. « Le projet avance depuis que la CAQ est au pouvoir et tout est fait pour susciter l’intérêt du marché, a indiqué son bureau. La ministre Guilbault suit le dossier de très près. On continue de vouloir le meilleur projet, au meilleur coût possible. »

Pomerleau et son partenaire de consortium EBC n’ont pas immédiatement rappelé jeudi. Ils avaient refusé de commenter le dossier l’avant-veille.

Une bonne nouvelle pour la ligne bleue

Si le contrat du tunnelier soulève des questions, un autre important contrat lié à la ligne bleue a attiré deux soumissions, a révélé la STM. L’appel d’offres pour fournir et installer un nouveau « système de train », un projet estimé à plus d’un demi-milliard de dollars, prenait fin jeudi en milieu de journée. « Le processus d’appel d’offres se conclut par la réception et l’ouverture de deux soumissions », l’une de 217 millions, l’autre de 563 millions, a indiqué Kevin Bilodeau, responsable des communications à la STM. « Le bureau de projet du prolongement de la ligne bleue a franchi un important jalon aujourd’hui », a-t-il ajouté. « Au cours des prochains jours, notre équipe débutera l’analyse de conformité des soumissions. » Le terme « système de train » désigne tout l’équipement qui permet de contrôler le trafic ferroviaire. L’ensemble de la ligne bleue est concernée.