La Société de transport de Montréal (STM) devra supprimer plus de 120 postes et réduira ses dépenses de 50 millions pour équilibrer son prochain budget, a appris La Presse. Cet effort devrait lui permettre de ne pas réduire le service dans le métro et le réseau d’autobus pour le moment, mais il restera un manque à gagner de plusieurs millions.

Ce qu’il faut savoir

  • La STM s’attend à traîner toujours en 2024 un manque à gagner théorique de 35,6 millions.
  • Pour boucler son budget, la société devra supprimer quelque 120 postes.
  • À court terme, aucun effet sur le service ne devrait toutefois se faire sentir, assure l’organisme.

« On est à l’heure des choix », résume la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, en entrevue. La société de transport, qui publiera ce mercredi son budget 2024 au même moment que la Ville de Montréal, avoue devoir faire un « effort conséquent » pour éviter de devoir réduire le service.

Des 50 millions de réduction des dépenses prévus, environ 30 millions toucheront les effectifs, ce qui représente la suppression d’environ 122 postes dès l’an prochain. Les coupes se feront toutefois surtout sentir au sein des « services corporatifs », qui ne sont pas directement liés au service.

Marie-Claude Léonard affirme que cette restructuration touchera « tous les corps de métier, tant en gestion que chez les employés ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

La directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard

Quant à notre masse de chauffeurs, d’opérateurs ou de gens en entretien, elle ne sera pas touchée, à moins qu’on puisse faire certaines activités différemment sans affecter le service.

Marie-Claude Léonard, directrice générale de la STM

Les coupes dans le personnel devraient permettre d’éviter une réduction du service. D’importantes craintes subsistaient en raison des négociations faites publiquement entre le gouvernement et les villes sur le manque à gagner des sociétés de transport, l’aide de 238 millions offerte par Québec ayant été jugée insuffisante. On avait alors évoqué la possibilité que le métro puisse être fermé après 23 h dans l’île de Montréal, ce qui, à court terme, ne sera pas le cas.

Encore un manque à gagner

Une somme de 20 millions sera par ailleurs économisée grâce à des coupes dans les biens et services, ce qui inclut par exemple les campagnes de communication. « On va aussi requestionner certains aspects comme la planification en lien avec le remplacement des trains Azur et les pièces qu’il y a là-dedans », glisse prudemment la DG.

La variation des dépenses totales sera d’environ 4 % en 2024, par rapport à 2023, alors que la prévision initiale était de 7,3 %. À lui seul, le poids de la masse salariale chutera à 2,7 %, alors qu’on prévoyait friser les 4 %.

Malgré tout, la STM s’attend à conserver après ces compressions un manque à gagner théorique toujours imposant de 35,6 millions. Ce chiffre était monté à quelque 78 millions en 2022, en raison de la crise sanitaire, mais était ensuite redescendu à 60 millions à la suite d’un plan de réduction des dépenses de 18 millions, en février 2023. Aux dernières nouvelles, le manque à gagner atteignait en mai 23 millions, mais il avait été épongé par Québec.

Tout indique que l’opérateur montréalais s’attend à renouer avec un manque à gagner appréciable. « On est en train de regarder pour le financer. On va travailler avec la Ville, avec nos bailleurs de fonds. C’est certain qu’il y aura des choix à faire rapidement », admet Mme Léonard.

Beaucoup d’incertitude

Tout cela n’est encore que très « préliminaire », affirme la gestionnaire, dont l’organisation n’a toujours pas reçu les hypothèses de rémunération de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), ce qui l’empêche de déterminer avec précision quels revenus elle pourra dégager en 2024.

Dans une forme de « main tendue » au gouvernement et à l’ARTM à plus long terme, la société de transport se dit prête à s’engager « sur un plan de réduction des dépenses récurrentes de 100 millions sur cinq ans ». « Ça serait un plan pérenne, qui nous permettrait de voir venir les défis et de dégager de l’espace. La partie que moi je peux contrôler, ce sont les dépenses », note Mme Léonard.

« Il y a plusieurs pistes d’économies d’échelle potentielles qu’on considère, par exemple en transport adapté ou encore en sécurité et en sûreté des réseaux. Est-ce que dans nos usines, il y a des activités qu’on peut aussi faire différemment ? Ce sont toutes des choses qu’on va regarder », poursuit-elle.

La directrice générale soutient que la priorité pour 2024 était « de réussir à fermer notre budget ». « Maintenant, la marche pour 2025 va encore être difficile, surtout si on finance 2024 avec des sources de revenus qui ne sont pas récurrentes. On verra pour la suite avec l’ARTM, mais s’il faut s’ajuster, on va le faire », note-t-elle.

Selon la STM, le modèle financier du Réseau express métropolitain (REM) devrait servir d’inspiration lors des prochaines négociations avec le gouvernement. « Le REM a ses coûts couverts à 85 % par le gouvernement et à 15 % par les villes. Avec cette répartition, nous pourrions couvrir les coûts d’opération du transport collectif », avait d’ailleurs évoqué le président de la société, Éric Alan Caldwell, en octobre.