L’incertitude plane toujours sur les coupes dans le métro et les autobus de la métropole. La Société de transport de Montréal (STM) dit avoir fait « tout son possible » pour épargner le service, mais devra attendre encore pour avoir une idée de ses revenus. On sait toutefois déjà que la Ville déboursera 715 millions l’an prochain pour le transport collectif en général, un bond de 48 millions par rapport à 2023.

L’histoire jusqu’ici

26 octobre

Les villes du Grand Montréal redoutent de lourdes compressions en transport collectif si Québec ne leur accorde pas au moins 300 millions en 2024.

6 novembre

Québec confirme son offre finale de 238 millions pour le Grand Montréal.

15 novembre

La STM annonce qu’elle devra supprimer 120 postes et réduire ses dépenses de 50 millions pour préserver le service.

« On fait notre effort. Maintenant, il va falloir un geste supplémentaire. Il y a une limite des optimisations qu’on peut faire sans affecter l’offre de service », a affirmé mercredi le président de la STM, Éric Alan Caldwell, à la sortie de la présentation du budget 2024.

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Le président de la STM, Éric Alan Caldwell, lors de la présentation du budget de la Ville de Montréal, mercredi

À ce stade-ci, il est acquis que la contribution totale de la Ville à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) bondira de 48,4 millions en 2024, passant de 667,2 millions à 715,6 millions, une hausse de 7 %. C’est d’ailleurs la plus forte augmentation du budget : le transport collectif représente ainsi maintenant 10,2 % des dépenses de la municipalité, contre 9,9 % en 2023.

On ignore si cette contribution totale permettra d’éponger le manque à gagner de la STM, puisque l’ARTM n’a pas encore diffusé son cadre budgétaire, qui précise les revenus des opérateurs. Ce devrait être fait d’ici mardi prochain.

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La directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard

« Entre-temps, on y est allés avec ce qui est le plus plausible », a noté la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard. Dans un budget « préliminaire », la société de transport s’attend à traîner un manque à gagner de 35,6 millions. L’opérateur appréhende aussi de devoir supprimer 120 postes et réduire ses dépenses de 50 millions pour éviter de réduire le service, comme le révélait La Presse mercredi.

Tout dépendra donc de la hausse de la rémunération offerte par l’ARTM. L’an dernier, elle avait été de 7,1 % pour la STM ; ses revenus étaient passés de 1,49 à 1,58 milliard.

C’est un peu dommage d’adopter un budget sans savoir quelle sera la contribution [de l’ARTM]. […] Une fois qu’on aura les scénarios, il faudra s’ajuster. Notre volonté, c’est de ne pas toucher à la qualité du service.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Une gratuité qui coûte cher

Dans l’immédiat, la hausse des dépenses de la Ville en transport collectif ira surtout dans le programme de gratuité pour les aînés. La mesure coûtera environ 34 millions à la Ville l’an prochain, contre 24 millions l’an dernier, un écart qui s’explique par le fait qu’en 2023, cela n’était entré en vigueur qu’à l’été.

Mme Plante estime que les critiques concernant la gratuité chez les aînés sont infondées, puisque cette dépense est liée à son budget et non au paiement versé à l’ARTM. « D’aucune façon ça n’affecte la contribution qu’on donne au déficit. Au contraire, comme notre contribution est basée sur le nombre de passagers, plus j’ai de personnes aînées qui rentrent dans le métro, plus je donne d’argent à l’ARTM. »

Montréal investira aussi près de 8 millions dès l’an prochain pour des travaux d’intégration urbaine autour du Réseau express métropolitain (REM), qui doit inaugurer en 2024 plusieurs nouvelles stations au centre-ville et dans l’ouest de l’île.

La Ville prévoit débourser 39 millions autour du projet de train léger d’ici 2028, et 49 millions d’ici 2033. À long terme, des dépenses sont aussi prévues pour aménager une véloroute le long du REM (67 millions) et un lien entre la future station Kirkland et l’autoroute 40 (58 millions).

Le reste de la hausse provient d’une contribution aux travaux du prolongement de la ligne bleue. Une somme de 3 millions y sera consacrée l’an prochain, mais l’investissement atteindra 65 millions d’ici 2028 et 154 millions d’ici 2033.

526 millions pour le réseau routier

Le réseau routier, de son côté, bénéficiera d’investissements municipaux d’environ 526 millions pour 2024, ce qui représente 6,1 % du budget. Sans surprise, l’argent ira surtout à de grands projets, comme l’avenue des Pins, le pont Jacques-Bizard, la voie Camillien-Houde ou encore la rue Jean-Talon Est. Les travaux dans cette dernière coûteront par exemple environ 131 millions à la Ville d’ici 10 ans.

Au total, un investissement de 4,7 milliards est prévu d’ici 2033 pour la réhabilitation des infrastructures routières, dont plus de 840 millions pour prévenir la prolifération des nids-de-poule. Une somme d’environ 1,1 milliard ira enfin à la reconstruction de rues locales et à la réfection des réseaux de distribution d’eau.

La Ville prévoit investir 15 millions par année, pour un total de 150 millions d’ici 10 ans, dans des « mesures de sécurisation » aux abords des écoles et de lieux fréquentés par les personnes âgées. Une trentaine de nouvelles écoles seront sécurisées, et on embauchera 20 brigadiers aux traverses scolaires. Plusieurs feux prioritaires pour piétons seront également ajoutés partout sur l’île.

Vannes ouvertes pour BIXI et le REV

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La colonne vertébrale du réseau cyclable montréalais, le Réseau express vélo (REV), n’est pas en reste. Il recevra 30 millions par année dès 2024, et ce, jusqu’en 2033 au minimum. Des prolongements du REV d’environ 5,3 km sont prévus, notamment sur les axes Saint-Antoine et Saint-Jacques. Du côté du vélo-partage, BIXI touchera environ 16,4 millions l’an prochain pour poursuivre son développement, en plus de 6,2 millions pour l’électrification de son parc. Il s’agit d’une hausse de dépenses notable, au moment où l’organisme tente pour la première fois cette année d’offrir le service toute l’année. Montréal veut « augmenter de 50 % la flotte actuelle » de BIXI sur une période de cinq ans. Dès 2024, on ajoutera plus de 1000 vélos et on installera près de 100 stations. Sur une période de 10 ans, une somme de 100 millions est enfin prévue pour « corriger les déficiences observées à la surface des voies cyclables, ce qui améliorera le confort et la sécurité de celles-ci ».