Sept heures de travail et une cinquantaine de dollars. C’est ce dont a eu besoin un étudiant de 21 ans pour créer une signalisation entre le métro Bonaventure et le REM à la gare Centrale, après avoir constaté la confusion de nombreux usagers devant le manque d’indications officielles.

Dashiell Friesen, qui étudie le graphisme à Concordia, a conçu et imprimé des dizaines d’autocollants avant de les apposer sur le sinueux parcours intérieur qui relie les deux stations.

Les opérateurs de transport et l’organisation qui les chapeaute ont créé un comité de travail qui prévoit des actions à partir du mois prochain, citant la complexité de la tâche. Le REM a été inauguré en juillet.

« Il n’y avait rien », a déploré M. Friesen en entrevue avec La Presse. « J’ai remarqué que les gens se perdaient, notamment à Place Bonaventure. Il n’y avait qu’un petit panneau. »

PHOTO FOURNIE PAR DASHIELL FRIESEN

Dashiell Friesen, étudiant en graphisme à Concordia

« J’ai pris les choses en main », a-t-il ajouté, indiquant que l’opération remontait à l’inauguration du REM. « J’ai mesuré la taille des logos déjà installés pour être certain que mes collants se fondent bien dans le décor, qu’ils n’aient pas l’air ajoutés. »

Le jeune homme a même « ajouté des indications dans le RESO [la ville souterraine] entre Square-Victoria–OACI et Place Bonaventure, avec le logo du REM et des logos à jour pour le train et le bus ».

Les autocollants qu’il a créés et collés ressemblent à s’y méprendre à une signalisation officielle. Le jeune homme a poussé l’audace jusqu’à ajouter un code fictif en petits caractères sur certains d’entre eux afin d’augmenter leur crédibilité.

Ils se décollent facilement et n’endommagent absolument pas les surfaces, a juré M. Friesen.

Des actions le mois prochain

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) est chargée de coordonner l’action des opérateurs de transport en commun du Grand Montréal.

Normalement, chaque société de transport doit s’occuper de la signalisation dans son réseau, indique l’organisation. « Le cas du lien entre le REM et le métro est particulier puisque celui-ci implique plusieurs parties prenantes et des considérations patrimoniales remontant jusqu’à Parcs Canada », a indiqué Simon Charbonneau, directeur des affaires publiques et des communications de l’ARTM. « Des discussions sont également en cours avec les groupes privés immobiliers Cominar et Groupe Petra », qui possèdent certains des couloirs traversés par les voyageurs.

« Avec le REM et la STM, une équipe multidisciplinaire de l’ARTM a rassemblé toutes les parties prenantes afin de bonifier la signalétique entre les réseaux pour que le parcours des usagers soit mieux balisé, plus fluide et fonctionnel », a-t-il continué, par courriel. « Des actions seront posées dès le mois de septembre pour améliorer la situation. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Les autocollants conçus par Dashiell Friesen reprennent les logos officiels de la STM et du REM.

Malgré l’invitation de La Presse, l’ARTM n’a pas commenté directement le projet de M. Friesen. Ce dernier croit que c’est peut-être en raison de la quantité d’acteurs dans ce maelstrom que ses affiches improvisées ont survécu jusqu’à ce jour. « Chacun pense peut-être que c’est un autre acteur officiel qui les a posées », a suggéré le jeune homme.

« Un dossier sur lequel nous travaillons »

« Le problème, c’est qu’il n’y a pas de continuité dans la signalisation entre les différents réseaux et parfois littéralement d’un bâtiment à l’autre, a déploré l’étudiant. Il y a tellement de directions différentes. L’ARTM devait simplifier les choses, mais on dirait qu’ils ne se sont pas souciés de ça. »

La signalétique est la responsabilité de chaque opérateur à l’intérieur de leur réseau respectif, a indiqué CDPQ Infra. La signalétique entre le réseau de la STM et celui du REM relève de l'ARTM. Sur les réseaux sociaux, à un internaute qui se plaignait récemment des difficultés de transfert, l’exploitant du REM a indiqué qu’un « comité est en place afin de trouver de nouvelles solutions pour améliorer le parcours intermodal entre la station de métro Bonaventure et la gare Centrale ». « C’est un dossier sur lequel nous travaillons », ajoutait CDPQ Infra.

La Société de transport de Montréal (STM) a reconnu l’existence « d’un défi » de signalisation entre les deux stations.

« Il y a encore du travail à faire, a indiqué la porte-parole Isabelle Tremblay. Moi-même, j’ai été témoin de gens qui cherchaient. Ce sont beaucoup des touristes et des clients occasionnels qui connaissent moins bien le Montréal souterrain. »

À l’intérieur et aux abords immédiats de la station Bonaventure, de grands panneaux temporaires ont été installés par la STM. Une toute nouvelle signalisation devrait être installée « sous peu » dans la station.