L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) étudie l’option de construire un tramway dans l’est de Montréal, projet qui n’avait pas encore été révélé au grand public jusqu’ici.

François Rebello, ancien député péquiste puis caquiste devenu conseiller du domaine ferroviaire pour l’ARTM, a fait cette annonce au micro de Patrick Lagacé, sur les ondes du 98,5 FM lors de son émission jeudi.

À l’opposé du REM, qui est automatisé, le tramway serait doté d’un pilote humain, ce qui permettrait ainsi de dessiner un trajet impliquant des croisements à même les rues où circulent les voitures et donc, de baisser les coûts.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

François Rebello

Sans pilote, il faut que le moyen de transport soit surélevé ou souterrain. Cependant, l’option surélevée ne passe pas le test de l’acceptabilité sociale dans l’est en raison de sa densité élevée de population, et l’option souterraine coûterait aussi cher que la ligne bleue du métro — un milliard le kilomètre, selon M. Rebello.

Les citoyens, voir le tramway passer dans les rues, ça n’a pas le même effet négatif que l’aurait par exemple un truc surélevé. […] C’est beau donc il n’y a pas d’impact négatif, et on arrive tout de même à déplacer les gens.

François Rebello, conseiller du domaine ferroviaire pour l’ARTM lors de l’entrevue radio

Le tracé n’est pas encore déterminé, mais aux yeux de François Rebello, il est certain que le plan devra correspondre avec les objectifs de développement urbain de la Ville de Montréal. Les conseillers municipaux devront également faire partie intégrante du processus.

Il croit aussi que les villes de Repentigny, Mascouche et Terrebonne devraient être considérées, car elles ne sont pas assez bien desservies par le transport en commun.

Des discussions sont prévues dans les prochains mois à ce sujet, pour un projet de « plusieurs milliards qui va durer plusieurs années ». Objectif recherché : un plan « clair » et « soutenu par tous les partis ».

Le tramway de Québec, long de vingt kilomètres, doit coûter près de quatre milliards de dollars, ce qui laisse penser le conseiller qu’un projet de 200 millions par km est possible dans la métropole.

Pour le moment, les responsables du projet ne sont pas encore identifiés. Le gouvernement provincial est au courant de son existence et accepte que la possibilité du tramway soit étudiée, même s’il se concentre lui-même sur le REM actuellement.

Sans automatisation ?

L’arrivée de l’option du tramway ne surprendra pas les observateurs. Plus tôt cette semaine, mercredi, l’ARTM avait révélé qu’elle envisage d’abandonner l’automatisation des trains préconisée par CDPQ Infra pour diminuer l’imposante facture de 36 milliards de la plus récente mouture du REM de l’Est, rebaptisée Projet structurant de l’Est (PSE).

Pour le reste des antennes du REM, CDPQ Infra a choisi le niveau d’automatisation « GOA4 » — du sigle anglais de grade of automation —, soit le niveau le plus élevé d’automatisation. Ce type de technologie n’a jamais besoin de personnel à bord.

Un expert en planification des transports à l’Université de Montréal consulté par La Presse, Pierre Barrieau, avait alors illustré que le retrait de l’automatisation permettrait surtout de revoir le mode. « Un système GOA4 comme le REM, il faut qu’il soit protégé sur toute sa longueur, sans aucun obstacle. Si on va vers le manuel partiel, soudainement, on peut aller au sol, on peut croiser des rues et là, peut-être qu’il peut y avoir des gains financiers. »

Bref, l’option du tramway pourrait permettre de remplir ce mandat. On ignore pour le moment si le choix d’un tramway aurait un impact sur les secteurs desservis.

Le plus récent tracé recommandé du REM de l’Est va de Pointe-aux-Trembles au cégep Marie-Victorin, dans Montréal-Nord, avec deux points de correspondance avec la ligne verte du métro, en plus d’un prolongement de quatre stations vers Rivière-des-Prairies, Laval et Charlemagne, 100 % en souterrain.

Coup sur coup, le premier ministre François Legault et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ont toutefois jugé qu’une facture de 36 milliards est trop élevée pour un tel projet, en promettant de revoir ce dernier.