Tout juste un an après avoir perdu leur défilé à la dernière minute, les membres de la diversité montréalaise ont fait les choses en grand cet été. Avec 15 500 personnes ayant participé à son défilé, Fierté Montréal a annoncé avoir connu « une année record », dimanche après-midi.

Sous le soleil chaud du mois d’août, les sourires étaient bien visibles. Des gens de tous les horizons, de toutes les origines et de toutes les orientations se sont rassemblés pour célébrer leur identité, pour scander haut et fort combien ils en sont fiers.

« Pourquoi on est ici aujourd’hui ? D’abord parce qu’on est fier de qui on est et on veut montrer qu’on est fier d’être qui on est », a lancé Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal, tout juste avant le début du 17e défilé.

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Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal

Aussi, c’est parce qu’on veut commémorer les luttes et les victoires du passé. Mais c’est surtout parce qu’il y a encore beaucoup d’injustices envers les communautés 2SLGBTQIA+.

Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal

Au total, 192 contingents aussi variés que colorés ont fait le trajet de près de trois kilomètres sur le boulevard René-Lévesque, entre l’ancien secteur de la communauté, à l’ouest, vers le Village actuel, plus à l’est. Pour l’occasion, 208 employés et 152 bénévoles ont été mobilisés. De nombreux groupes de revendication, entreprises et organisations communautaires étaient aussi présents.

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Fierté Montréal a annoncé avoir connu « une année record », dimanche après-midi.

Au fur et à mesure que les contingents avançaient, on pouvait lire des slogans comme « démystifier les mythes », « always together » ou encore « un vent de fierté ».

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La mairesse Valérie Plante a passé le défilé avec la drag queen Barbada.

La mairesse Valérie Plante, qui a passé le défilé avec la drag queen Barbada, a profité de l’occasion pour rappeler que Montréal est une ville qui se veut « inclusive et ouverte ».

« On veut que les gens puissent être ce qu’ils veulent quand ils le veulent », a ajouté la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, qui a promis de présenter une troisième stratégie en lien avec cette communauté d’ici la fin du mois d’août.

Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme du Canada et députée d’Hochelaga, a pour sa part annoncé un financement de 1,1 million de dollars répartis dans cinq « organismes clés » pour s’assurer de « donner un contrepoids à la haine ».

« Comme société, on doit se lever quand on tente de retirer par exemple l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des cours d’éducation », a insisté sa collègue Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien.

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Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien

Deux autres ministres fédéraux, Steven Guilbeault et Mélanie Joly, étaient sur place pour l’allocution de départ. Plusieurs députés de l’Assemblée nationale – provenant des quatre partis qui y siègent – ont également pris part aux festivités.

À 14 h 30, un moment de silence a été tenu pour honorer la mémoire des vies perdues en raison du sida, de la lesbophobie, de l’homophobie, de la biphobie et de la transphobie. Le défilé s’est terminé environ une heure plus tard.

Le bonheur de partager

Les trottoirs, bondés de monde, regorgeaient de couleurs – essentiellement toutes celles de l’arc-en-ciel. On pouvait le voir représenté par des costumes, du maquillage et des drapeaux.

PHOTO YVES TREMBLAY, COLLABORATION SPÉCIALE, LES YEUX DU CIEL

L’Esplanade du Parc olympique était bondée dimanche à la suite du défilé de la Fierté et en amont du deuxième spectacle de Metallica.

Plusieurs groupes culturels étaient sur les lieux, et ils ajoutaient tous une touche de leur pays natal à leur prestation. C’était notamment le cas de la troupe de danse colombienne Tondoa, qui se distinguait par ses longues jupes colorées.

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La troupe de danse colombienne Tondoa se distinguait par ses longues jupes colorées.

« C’est un vêtement traditionnel, on voulait vraiment montrer qu’il n’y a pas de genre dans les jupes », explique Daniel Diaz, membre de la troupe.

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Daniel Diaz, danseur de la troupe Tondoa

Les garçons et les filles peuvent les porter. Voir tout le monde dans la rue, ça nous ramène tous ensemble.

Daniel Diaz, danseur de la troupe Tondoa

Et chez les spectateurs aussi, on sentait une fébrilité. « Juste cette année, ça fait des mois qu’on est en préparation, lance Stéphanie Homet, qui participait à son premier défilé. C’est beau de voir tout le monde qui se tient ensemble. Pas besoin de faire partie de la communauté pour l’accepter. »

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Amélie Froment (gauche) et Stéphanie Homet (droite)

« C’est beau de voir autant de compagnies s’afficher, qu’on en ait autant au Québec », ajoute son amie Amélie Froment, qui a adoré son expérience et qui souhaite être au cœur de l’action l’an prochain.

Devant ce genre de réaction, Simon Gamache se dit « très fier de son équipe », qui a permis à la communauté d’avoir un premier défilé organisé depuis 2019. La pandémie et des problèmes de gestion avaient successivement eu raison des trois dernières tentatives.

« Les gens viennent me prendre dans les bras et me donnent de gros câlins », a-t-il dit avec le sourire, en entrevue avec La Presse à la fin du parcours.

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Des gens de tous les horizons, de toutes les origines et de toutes les orientations se sont rassemblés pour célébrer leur identité, pour scander haut et fort combien ils en sont fiers.

Le festival Fierté, qui durait du 3 au 13 août, prenait fin dimanche. M. Gamache martèle toutefois que la lutte pour les droits de la diversité s’étend sur toute l’année.

« En se réveillant demain, il faut continuer. Il faut qu’on se rappelle ce qu’on a vu aujourd’hui. […] Ça prend de la curiosité. Si ça vous semble absurde, posez-vous des questions, allez voir les gens autour de vous. »

Lisez le dossier « Les trans en état d’alerte »