L’épisode historique de smog attribuable aux incendies de forêt qu’a traversé la métropole s’est terminé lundi en fin d’après-midi, mais la Santé publique de Montréal prévient qu’elle se prépare à d’autres évènements du genre cet été.

Ce qu’il faut savoir

  • La fumée des incendies de forêt dans le nord du Québec a projeté Montréal au sommet des villes avec la pire qualité de l’air dimanche matin.
  • Selon les données de la Santé publique, l’indice de qualité de l’air au centre-ville de Montréal avait alors atteint la valeur de 407 en matière de concentration de particules fines. Elle est considérée comme mauvaise à partir de 51.
  • Jusqu’à 40 mm de pluie sont attendus dans les prochains jours dans certaines régions du nord du Québec, des précipitations qui pourraient aider à lutter contre les incendies de forêt.

Vers 15 h 45, Environnement Canada a officiellement mis fin à son « avertissement de smog ».

La raison principale de cette amélioration de la qualité de l’air en cours de journée est un changement dans la direction des vents, qui poussaient la fumée des incendies et ses particules fines plus vers le nord-est de la province, a indiqué le météorologue à Environnement Canada Jean-Philippe Bégin.

« Dans les prochaines heures, on va voir une amélioration. Les avertissements de smog risquent d’être levés dans le courant de l’après-midi », avait-il confirmé en matinée.

Des averses reçues en matinée à Montréal et dans la couronne nord ont également contribué à « nettoyer » l’air, en captant les particules fines des incendies de forêt qui brûlent depuis maintenant plusieurs semaines dans le nord de la province, à un rythme rarement vu.

Selon le site IQair, qui répertorie la qualité de l’air dans les principales villes du monde, la métropole québécoise se trouvait dimanche au premier rang du triste palmarès des villes à l’air le plus pollué dans le monde. Lundi midi, Montréal se situait toujours dans le haut du classement, tout juste derrière Jakarta, en Indonésie, et la ville de Koweït, au Koweït.

Malgré tout, la Ville de Montréal a annoncé lundi matin la réouverture de ses plateaux sportifs extérieurs et la reprise de ses activités culturelles extérieures dès midi « à la suite des plus récentes recommandations de la Santé publique concernant la qualité de l’air sur le territoire montréalais ».

D’autres épisodes en vue ?

« Cet été, on a une situation de feux assez exceptionnelle, donc on se prépare à d’autres épisodes », prévient la Dre Chérine Zaïm, médecin-conseil en santé environnementale à la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP). « Quand ça arrive, l’essentiel, c’est de suivre les consignes : on déplace nos activités à l’intérieur, on ferme les échangeurs d’air et on évite les activités physiques », dit-elle.

En temps de smog, les consignes sont « particulièrement importantes » pour les personnes vulnérables, entre autres celles qui ont des problèmes cardiaques, mais aussi pour les enfants et les aînés, affirme la Dre Zaïm. « Il faut globalement bien écouter son corps », illustre-t-elle.

« Dimanche, c’était vraiment une situation exceptionnelle avec une concentration de particules fines vraiment très élevée par rapport à la normale », ajoute la Dre Zaïm.

Elle rappelle que les masques en tissu ne sont pas utiles pour filtrer les particules fines des incendies. « Le N95, cela dit, c’est un bon moyen de se protéger, surtout lors de concentrations très élevées comme on a vu en Abitibi », conclut la médecin-conseil.

Oui ou non pour les feux d’artifice ?

Des discussions seraient par ailleurs en cours concernant l’International des feux Loto-Québec, qui doit en principe commencer jeudi. La Santé publique n’a pas souhaité se prononcer sur le sujet lundi. À la mi-juin, La Presse rapportait que ces grands spectacles pyrotechniques ont été responsables à eux seuls de 5 des 33 journées de mauvaise qualité de l’air en 2022 à Montréal, soit 15 % du total.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Les spectacles de feux d’artifice contribuent à la mauvaise qualité de l’air.

Lisez « La qualité de l’air de plus en plus souvent mauvaise »

La Ronde, responsable de l’évènement, a indiqué lundi être « très sensible aux préoccupations soulevées en regard des feux d’artifice, qu’il s’agisse d’impact environnemental ou du lien qui est établi entre les incendies de forêt actifs ». « Nous évaluons la situation avec la Ville de Montréal et attendons les directives de la Santé publique à savoir si notre premier spectacle pyromusical de ce jeudi pourra avoir lieu », a fait savoir la porte-parole de La Ronde, Carole Bricault.

« Nous partageons la volonté de la population de profiter pleinement de cet évènement, mais la sécurité du public et de l’environnement est essentielle et nous ajusterons le déroulement de cet évènement selon les directives de la Santé publique », a quant à lui fait valoir le cabinet de la mairesse Valérie Plante.

De la pluie attendue dans le Nord

Pendant ce temps, sur le front des incendies de forêt dans le nord du Québec, les nouvelles sont bonnes, puisque d’importantes précipitations – jusqu’à 40 mm par endroits – y sont attendues dans les prochains jours.

Déjà, dans l’ouest de l’Abitibi, au Témiscamingue, la pluie avait commencé lundi matin. Ce devrait être ensuite au tour des régions plus au nord, où se trouve notamment Lebel-sur-Quévillon, de recevoir leur lot de précipitations.

La pluie devrait ensuite toucher le secteur de la ville de Chibougamau en soirée et dans la nuit et se poursuivre jusqu’à mercredi matin. Seule ombre au tableau, la région de la Baie-James, au nord-ouest, devrait être épargnée.

Les résidants évacués d’Opitciwan pourront aussi réintégrer leur domicile mardi.