La police de Montréal intensifiera sa surveillance dans les prochaines semaines à l’angle des rues de Rouen et Parthenais ainsi qu’à plusieurs intersections adjacentes, après avoir discuté avec un citoyen qui y a filmé une quarantaine d’automobilistes faisant un virage interdit à gauche en une heure. C’est là que la petite Mariia Legenkovska a perdu la vie en se rendant à l’école, il y a cinq mois.

« On va ramener une présence accrue des policiers à cette intersection-là et à certaines autres. On veut passer un message, on veut que ce soit très clair », affirme la cheffe du poste de quartier (PDQ) 22 du Centre-Sud, Krisztina Balogh, en entrevue téléphonique.

Samedi, La Presse a rapporté qu’un résidant, Nicolas Marcotte, a filmé en une heure 44 automobilistes faisant un virage interdit à gauche à l’angle des rues de Rouen et Parthenais. En décembre dernier, la petite Mariia Legenkovska y avait été tuée par un chauffard sur le chemin de l’école.

« Ce coin de rue, ce serait censé être un sanctuaire », a notamment dénoncé M. Marcotte. Résidant de Rosemont, l’homme de 41 ans circule tous les jours dans ce secteur de Ville-Marie pour conduire son enfant à l’école. Il assure observer que la délinquance automobile va en augmentant, surtout depuis la fermeture partielle du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.

Krisztina Balogh affirme avoir contacté M. Marcotte pour « discuter avec lui ». « Ça faisait déjà partie des intersections qu’on surveillait. Par contre, quand on voit une telle récurrence des comportements inacceptables, on relance une présence vraiment accrue. Ce drame, ça a fortement ébranlé et touché nos policiers. Ils sont en mesure d’expliquer aux gens l’importance de faire attention », explique-t-elle.

Des patrouilleurs du PDQ 22 seront impliqués, mais « d’autres ressources » comme des agents à moto et des agents de sensibilisation pourraient également être appelées en renfort pour couvrir toute la période d’interdiction du virage, qui est en vigueur chaque jour entre 15 h et 19 h à plusieurs carrefours.

Sur place « le temps nécessaire »

Outre la remise de constats d’infraction aux récalcitrants, la commandante poursuit surtout l’objectif de « faire comprendre aux conducteurs qu’il est crucial de respecter la signalisation en place, d’autant plus en zone scolaire avec des enfants, des vélos et des personnes vulnérables ».

Quand on lui demande combien de temps durera cette opération, la policière répond d’un trait : « le temps nécessaire ».

En général, des changements de comportements, ça nécessite une présence sur un certain terme. Il n’y a pas d’échéancier et on ne veut pas en donner non plus. Les gens doivent comprendre que peu importe quand ils y sont, ils pourraient avoir un constat d’infraction.

Krisztina Balogh, cheffe du poste de quartier du Centre-Sud

Mme Balogh invite d’ailleurs les citoyens à « dénoncer des problématiques dont ils sont témoins » dans leur quartier. « On encourage tout le monde à le faire. Chaque plainte est prise très au sérieux, un suivi est fait et on est en mesure de prendre des actions », soutient-elle.

Plus tôt cette année, deux mobilisations nationales ont été tenues dans la foulée de la mort de la petite Mariia. Mardi, des parents qui dénoncent le manque d’aménagements sécuritaires pour les enfants ont pu rencontrer la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault. « Nous avons un message clair : que le MTQ établisse des normes contraignantes pour la sécurisation des trajets vers l’école », a dit Ann-Julie Rhéaume, l’une des mères mobilisées pour la sécurité des transports actifs et coorganisatrice du mouvement Pas une mort de plus, qui a organisé les journées de mobilisation.

Avec Lila Dussault et Nicolas Bérubé, La Presse