La Ville de Montréal n’aura peut-être pas le choix de maintenir ses contrats avec le géant du recyclage Ricova, accusé par le Bureau de l’inspecteur général (BIG) d’avoir accaparé plusieurs millions qui auraient dû revenir dans les coffres municipaux.

Selon Arnaud Budka, directeur de la gestion des matières résiduelles de la Ville de Montréal, « il est fort peu probable qu’on soit en mesure d’octroyer un nouveau contrat » pour la gestion du recyclage.

Lors d’une présentation faite mardi aux membres du conseil municipal, M. Budka a ajouté que plusieurs options étaient sur la table, notamment que la Ville exploite elle-même, avec ses propres employés, les deux centres de tri de matières recyclables, dans l’arrondissement de Lachine et dans le quartier Saint-Michel.

Maintien des services

Peu importe la solution qui sera choisie, la principale préoccupation de la Ville est de s’assurer que les services soient maintenus, a aussi souligné la mairesse, Valérie Plante.

« Ce qui se passe est inacceptable, a dit Mme Plante. Et on va agir comme on l’a toujours fait pour que l’entreprise soit punie pour les gestes posés, mais aussi pour s’assurer qu’on n’ait pas de [rupture] de service, » y compris pour la collecte des matières recyclables dans les arrondissements desservis par Ricova.

Dans un rapport dévastateur publié lundi, le BIG recommandait à la Ville de résilier « dès que possible » ses contrats avec Ricova qui détient le quasi-monopole du recyclage à Montréal.

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Mais il pourrait être difficile de retourner en appel d’offres pour trouver un nouveau fournisseur, a noté Arnaud Budka, puisqu’il s’agirait d’un contrat de très courte durée. C’est qu’à partir de 2025, les producteurs d’emballages devront assumer eux-mêmes les coûts de la collecte et du tri des matières recyclables, qui ne seront plus gérés par les municipalités.

Forte contamination

Lors de sa présentation, M. Budka a dévoilé des données sur la qualité des matières qui sortent des centres de tri montréalais, lesquelles démontrent une forte contamination avec d’autres produits.

Ainsi, pour le papier, la contamination atteignait 25 % au cours des derniers mois. Le carton ondulé était contaminé à 16 % au centre de tri de Saint-Michel et à 3,5 % au centre de tri de Lachine, tandis que les plastiques mélangés étaient contaminés à 19 % à Saint-Michel et à 6 % à Lachine.

Craignant que les Montréalais perdent confiance en leur système de recyclage, l’opposition à l’hôtel de ville demande un plan d’action de l’administration Plante pour s’attaquer à la crise des centres de tri.

« Il y a un cafouillage complet au sujet des centres de tri, et ça risque de décourager les Montréalais de recycler », a dénoncé le chef de l'opposition Aref Salem, mardi, au cours de la réunion du conseil municipal.

« En l’espace de quatre ans, les Montréalais ont appris que près de 35 millions ont été dépensés dans une entreprise qui a fait faillite et dans un nouveau centre de tri dysfonctionnel, que leurs déchets sont envoyés à l’étranger, qu’ils ont perdu plus de 1 million de dollars en redevances et que la Ville fait affaire avec une entreprise envers laquelle il y a eu plusieurs dénonciations de conflit d’intérêts. »

L’opposition accuse l’équipe de la mairesse Valérie Plante de manque de vigilance et de manque de transparence dans ce dossier. L’administration aurait dû se rendre compte des manœuvres de Ricova avant que le BIG enquête à ce sujet, selon les élus du parti Ensemble Montréal.