(Paris) Moins d’un quart des 62 millions de tonnes de déchets électroniques produits en 2022 ont été recyclés, entraînant des pollutions de métaux lourds, de plastiques et de produits chimiques toxiques, alerte un rapport de l’ONU.

« C’est une grande catastrophe pour l’environnement », déplore auprès de l’AFP Kees Balde, auteur principal du rapport Global E-waste Monitor.  

Ces déchets présentent également des risques importants pour la santé, notamment dans les pays les plus pauvres.

Un poids total de 62 millions de tonnes de déchets électroniques a été produit en 2022, environ deux fois plus qu’en 2010.

Cela inclut de nombreux petits objets du quotidien comme les cigarettes électroniques et les tablettes, les appareils électroménagers, des brosses à dents électriques aux grille-pain, ou plus volumineux comme les écrans de télévision, les vélos et scooters électriques.  

« C’est très simple d’acheter quelque chose. Il suffit de quelques clics… C’est bien plus difficile de s’en débarrasser », souligne M. Balde, ajoutant que les consommateurs ne peuvent pas faire grand-chose si les gouvernements et les entreprises ne facilitent pas davantage le recyclage.

Selon l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Union internationale des télécommunications (UIT), autre agence des Nations Unies, chaque personne sur Terre génère en moyenne 7,8 kilogrammes de déchets électroniques par an.  

Mais cela varie considérablement d’un pays à l’autre : un Européen en produit environ sept fois qu’un Africain.

Chaque année, les déchets électroniques non gérés génèrent 45 000 tonnes de plastiques nocifs et 58 tonnes de mercure dans l’environnement, selon l’ONU.

Une grande partie de ces déchets électroniques proviennent des pays riches, mais sont expédiés vers les pays plus pauvres « déguisés en biens d’occasion » qui en réalité ne fonctionnent plus, explique M. Balde.

Or, c’est dans les pays en développement que le traitement de ces déchets est le plus déficient : moins de 1 % d’entre eux sont recyclés correctement en Afrique, souvent dans des environnements informels sans équipement approprié, où les travailleurs sont exposés à des substances dangereuses, pointe le rapport.

Le fléau des déchets électroniques ne fera que s’aggraver à mesure que la demande de nouvelles technologies, notamment les panneaux solaires et les véhicules électriques, dépassera la capacité de recyclage, indique le rapport.

Ces déchets sont pourtant loin d’être sans valeur : l’ONU estime la valeur des métaux contenus dans tous ces objets mis au rebut à 91 milliards de dollars.