Notre système alimentaire actuel exerce une pression immense sur l’environnement et ne permettra pas de nourrir tous les êtres humains d’ici 20 ans. En particulier l’élevage de bétail, qui pollue les nappes phréatiques et qui monopolise des terres au détriment des forêts et des cultures destinées à la consommation humaine. Que se passerait-il si, demain, nous arrêtions de manger de la viande ?

D’immenses bénéfices écologiques

Selon une récente étude parue dans la revue Nature Food, les personnes véganes – qui ne consomment aucun produit d’origine animale – réduisent de 75 % les gaz à effet de serre (GES) provenant de leur assiette par rapport à celle d’un gros consommateur de viande (plus de 100 grammes par jour).

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La viande et les produits laitiers représentent 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation.

Un tel régime utilise également 75 % moins de terres et 54 % moins d’eau, selon la même étude. Il diminue aussi de 66 % la perte potentielle de biodiversité. En effet, la transformation des forêts et des zones humides en pâturages et en champs entraîne d’importantes émissions de GES et la destruction d’écosystèmes.

14,5 % 

La viande et les produits laitiers représentent 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation.

Nourrir les humains plutôt que le bétail

Plus de 75 % des terres agricoles dans le monde sont utilisées pour élever le bétail et le nourrir, souvent en monocultures de maïs ou de soja. « En réduisant l’élevage, on pourra cultiver davantage de produits végétaux pour la consommation humaine, affirme Catherine Houssard, chercheuse au CIRAIG. Le problème, ce n’est pas de manger de la viande, c’est la quantité disproportionnée qu’on consomme par rapport à nos besoins réels et les enjeux reliés à l’élevage intensif. »

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De nombreux agriculteurs sont pris en étau dans un système difficile à changer, avec la responsabilité de nourrir une population croissante.

Les modes de production doivent changer, en limitant le recours aux engrais azotés, danger environnemental et sanitaire, et en encourageant des méthodes durables comme l’agriculture de précision et la permaculture. Les milieux naturels dégradés pourraient quant à eux être restaurés et devenir des puits de carbone.

12 %

Au Québec, 12 % du maïs cultivé va à la production d’éthanol, un biocarburant, selon Patrick Mundler, professeur à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. Le World Resources Institute (WRI) dénonce la diminution inquiétante des cultures destinées à l’alimentation locale directe des populations au profit des biocarburants.

Pragmatisme social

De nombreux agriculteurs sont pris en étau dans un système difficile à changer, avec la responsabilité de nourrir une population croissante. « Les éleveurs ayant investi dans de grands bâtiments depuis deux générations ne vont pas produire des légumes bio d’un coup de baguette magique », donne en exemple Patrick Mundler. Les politiques agricoles devront impérativement soutenir la transition vers de meilleures pratiques.

Par exemple, les petits troupeaux nourris exclusivement à l’herbe génèrent des coûts de production moindres et présentent des avantages écologiques, dans certaines conditions. « Il faut privilégier une agriculture de terroir et de territoire, avec plus d’artisans qui font vivre les villages », ajoute M. Mundler.

Des choix ciblés

À défaut du « tout-végane », des choix individuels ciblés peuvent avoir des impacts importants. Remplacer 10 % de l’apport calorique quotidien provenant des viandes transformées par des fruits, légumes, noix, légumineuses et certains fruits de mer réduirait du tiers notre empreinte carbone. Cela permettrait de gagner 48 minutes de vie en bonne santé par jour, selon une étude publiée dans Nature Food.

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Les Québécois achètent 81 kg de viandes et de poissons par an, ce qui représente 36 % du bilan carbone de l’assiette.

Il faut privilégier des produits locaux et de saison. « Les asperges du Québec devraient être consommées au mois de mai, illustre Catherine Houssard. Le reste du temps, elles viennent du Chili et ont autant d’impact qu’un morceau de poulet. » Attention aux aliments cultivés l’hiver dans des serres, majoritairement chauffées au mazout ou au gaz naturel. Réduire le gaspillage alimentaire au maximum est aussi très efficace.

36 %

Les Québécois achètent 81 kg de viandes et de poissons par an, ce qui représente 36 % du bilan carbone de l’assiette, selon des données du CIRAIG. À poids égal, le bœuf émet cinq fois plus de GES que le fromage et sept fois plus que le porc.

En meilleure santé

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Doubler la consommation mondiale de fruits, légumes, noix et légumineuses et réduire la part de viande rouge et le sucre de moitié permettraient d’éviter environ 11 millions de décès humains prématurés par an.

Doubler la consommation mondiale de fruits, légumes, noix et légumineuses et réduire la part de viande rouge et le sucre de moitié permettraient d’éviter environ 11 millions de décès humains prématurés par an, selon le rapport Eat de la revue The Lancet.

« Nous n’avons pas tous les mêmes besoins ou capacités à assimiler les protéines végétales, certains peuvent avoir des carences », souligne Véronique Provencher, professeure et chercheuse à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval. Si le Guide alimentaire canadien est un bon outil de référence pour une alimentation saine et durable, le public devrait être mieux informé quant aux solutions de rechange végétales de qualité pour remplacer les protéines animales, selon Mme Provencher.

Aliments consommés au Québec

Boissons non alcoolisées

  • Part dans l’assiette : 40 %
  • Part de l’empreinte carbone : 3 %

Fruits et légumes

  • Part dans l’assiette : 19 %
  • Part de l’empreinte carbone : 9 %

Céréales et pains

  • Part dans l’assiette : 11 %
  • Part de l’empreinte carbone : 8 %

Produits laitiers

  • Part dans l’assiette : 10 %
  • Part de l’empreinte carbone : 15 %

Viandes et poissons

  • Part dans l’assiette : 7 %
  • Part de l’empreinte carbone : 36 %

Boissons alcoolisées

  • Part dans l’assiette : 6 %
  • Part de l’empreinte carbone : 6 %

Noix et légumineuses

  • Part dans l’assiette : 2 %
  • Part de l’empreinte carbone : 3 %

Chocolats et collations

  • Part dans l’assiette : 2 %
  • Part de l’empreinte carbone : 10 %

Autres

  • Part dans l’assiette : 2 %
  • Part de l’empreinte carbone : 5 %

Café et thé

  • Part dans l’assiette : 1 %
  • Part de l’empreinte carbone : 5 %

Œufs

  • Part dans l’assiette : 1 %
  • Part de l’empreinte carbone : 1 %