En plus de la pluie, il ventait à écorner les boeufs, mardi, dans la circonscription de Jonquière-Alma. Mais certainement pas assez pour déloger le ministre Jean-Pierre Blackburn.

Victorieux malgré deux sondages qui le donnaient perdant, le ministre conservateur avait les larmes aux yeux en arrivant au bar où près de 200 militants célébraient sa victoire.

«On l'a travaillée, on l'a travaillée, cette campagne, a-t-il lancé en arrivant. Et je pense que, pour mon premier ministre, ça doit être assez agréable de voir que la circonscription de Jonquière-Alma reste entre nos mains.»

«Ça ne se peut pas comment j'ai travaillé pour remporter, a-t-il poursuivi. Quand deux sondages montrent que tu tires de l'arrière par 12 ou 13 points, c'est comme une mission impossible chaque fois. Ça a un effet sur les indécis, ça a un effet sur nos supporters, sur nous-mêmes et sur notre famille. Il faut recommencer chaque fois les efforts.»

Dans la foule extrêmement bruyante, on remarquait plusieurs conseillers municipaux. «C'était très important que nous gardions M. Blackburn au pouvoir. Les dossiers municipaux n'ont jamais avancé aussi vite qu'avec le tandem composé de M. Blackburn et de Françoise Gauthier (la députée libérale défaite aux dernières élections provinciale), a soutenu le conseiller Raoul Simard. Un ministre dans la circonscription, ça ne change rien aux budgets pour l'éducation et la santé, qui sont égaux pour tous. Mais c'est le gravy qui fait que tout le reste va mieux», a-t-il ajouté.

Dans son entourage, on affirmait que les deux coups de sonde réalisés par la firme GPS, qui resteront longtemps dans la mémoire collective au Saguenay-Lac-Saint-Jean, montraient d'importantes défaillances. «On a toujours douté de ces sondages, a assuré M. Gauthier. Nous avions nos propres données, qui nous disaient tout le contraire. Nous savions où nous allions. Mais ces sondages, aussi erronés étaient-ils, ont au moins eu l'avantage de nous donner un coup de fouet.»

Plus tôt dans la journée, la candidate bloquiste, rencontrée alors qu'elle faisait le tour des bureaux de vote, montrait une belle assurance. Mais dans son entourage, on affirmait d'emblée que le résultat des sondages risquait de ne pas se concrétiser dans l'urne: les gens qui, dans le sondage, appuyaient la candidate du parti souverainiste étaient surtout des jeunes, et ce sont eux qui étaient le moins susceptibles de voter, expliquait un organisateur rencontré dans le bureau de campagne de Mme Bouchard, un ancien bar où une quinzaine de personnes multipliaient les coups de fil avec acharnement.