De l'aveu même des Forces canadiennes, le sentiment de sécurité a radicalement chuté au sein de la population de Kandahar au cours des derniers mois.

«Les sondages que nous avons menés indiquent que la perception qu'a la population d'être en sécurité est passée de 55 à 30% au cours de la période où j'ai été en fonction. C'est évident que cela constitue un échec», indique le brigadier général Denis Thompson des Forces canadiennes.Revenu il y a moins de deux semaines au pays, le brigadier général Thompson a séjourné de mai 2008 à février 2009 en Afghanistan où il était commandant des forces armées de l'OTAN pour la province de Kandahar. À ce titre, il avait quelque 4000 soldats sous ses ordres, dont les 2800 militaires canadiens.

Selon lui, l'explication vient du fait que les talibans ont changé leurs tactiques dans leur lutte pour reprendre le contrôle du pays. Depuis quelque temps, ils ont concentré tous leurs efforts à commettre des attentats avec des bombes artisanales et à multiplier les actes d'intimidation.

«Nos mêmes sondages disent que l'appui aux talibans oscille entre 15 et 20% et ne bouge pas, alors que l'appui au gouvernement central est de 70%, plaide-t-il. Les talibans sont capables de détruire les choses, mais pas de les construire.»

Selon Steven Staples, président de l'Institut Rideau, un organisme de recherche indépendant sur les politiques publiques, les résultats du sondage sur la question de la sécurité vont dans le même sens que ceux d'autres organismes. Mais il s'interroge sur l'appui de 70% des sondés au gouvernement.

«Il y a tellement de choses dont il faut tenir compte, dit-il. Qu'est-ce qui nous garantit que les réponses sont restées confidentielles? Comment le sondage a-t-il été mené? Etc. Je crois qu'il faut prendre ces résultats avec un grain de sel.»

Gagner la confiance des gens

Chose certaine, le brigadier général Thompson reconnaît aussi que les forces internationales présentes sur le territoire afghan ne gagneront pas un concours de popularité. Le taux d'approbation des troupes étrangères est entre 40 et 50%. Par contre, dit-il, les répondants veulent que ces troupes restent en place jusqu'à ce que les forces afghanes prennent en main la sécurité du pays.

Là-dessus, un regain de confiance dans la population locale passe nécessairement par la présence beaucoup plus nombreuse de policiers. Au cours de son passage, le brigadier général Thompson estime qu'environ 1000 policiers ont été formés dans la province de Kandahar. Or, spécifie-t-il, il en faudra 4000 pour assurer la sécurité.

«Entre 2002 et 2006, on a échappé le ballon quant à la formation de la police afghane, dit-il. Nous avons connu un grand succès avec la formation de l'armée afghane. Mais durant la même période, pour toutes sortes de raisons, nous n'avons pas consacré les mêmes efforts en ce qui a trait à la police.»