Un peu avant Noël, je vous ai demandé de m’envoyer vos flashs de 2023, des cartes postales en direct de votre quotidien. J’avais fait le même exercice l’année précédente. La réponse m’a assommé : vous avez été plus de 300 à prendre le temps de m’envoyer un flash.

Pas de farces : j’ai ri, j’ai pleuré… Autant par la puissance, parfois, de vos anecdotes que par la confiance que vous me démontrez en me confiant toutes ces tranches de vie. Merci. Il y aura un tome 2 de vos flashs de 2023, demain.

Et gardez vos restants de dinde, j’arrive tel que promis avec une chronique de bouillon de volaille sous peu.

ANNIE PRESSEAULT : Ma mère. Elle jardinait, faisait de la couture. Et de la généalogie : sa passion de retraite. Au printemps, elle a déposé ses recherches sur les familles pionnières du village où elle est née. Peu après, ma mère a reçu un diagnostic de cancer du pancréas, elle est partie cet été. Un petit bout de l’Histoire existe grâce à elle, dans un petit village du Lac-Saint-Jean qui s’appelle Sainte-Hedwidge. Elle s’appelait Lyne Saint-Pierre.

MARIE-NOELLE TOUCHETTE : Je suis mère de deux ados, je travaille de la maison. Mi-quarantaine, mais je forme un vieux couple avec mon chum. Il y a un an, nous avons adopté une belle braque de Weimar, trouvée dans un champ. Je le savais que je tomberais gaga, que j’aurais le goût de lui acheter un bol rose. Mais j’avais sous-estimé les bénéfices de la zoothérapie sur mon stress et sur le climat de la maisonnée. Après le dîner, je prends 20, 30 minutes et je m’installe sur la méridienne de mon divan : c’est le signal que Luna attend pour venir me rejoindre. Elle s’endort sur mes jambes, c’est mon moment zen.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-NOELLE TOUCHETTE

Luna

RICHARD MOUSSEAU : Mon année ? C’est Mélodie, notre aînée, qui a vaincu son stress et qui a fait une superbe performance lors d’un concert. C’est Angélie, notre cadette, qui a laissé son cellulaire de côté pour choisir un sport, le karaté (elle a passé sa ceinture jaune avec brio). Ce fut une année difficile pour Chantal, ma femme, mais on l’aide à surmonter ça en famille. Les hauts, les bas, on vit ça en famille.

LOUISE GAUDREAU : J’ai constaté très souvent, cette année, la disparition des clignotants sur les voitures. Comme elles sont de plus en plus grosses et de plus en plus coûteuses, peut-être qu’ils sont tout simplement en option !

VINCENT PICARD : Mon flash 2023, c’est la naissance de mon premier enfant, dans le même hôpital où ma grand-mère a reçu l’aide médicale à mourir, il y a quelques mois. Comme quoi la vie est une roue qui tourne, et qu’entre les deux, il faut célébrer la vie.

ÉMILIE DOYON-PELOQUIN : J’ai fait mon premier demi-marathon. J’avais les meilleurs supporters pour m’encourager.

PHOTO FOURNIE PAR ÉMILIE DOYON-PELOQUIN

Les supporters d’Émilie Doyon-Peloquin

DANIELLE B. : Voir mon fils en spectacle en première partie d’un band plus connu. Voir la lumière dans ses yeux, à ce moment-là. Je me dis que je n’ai pas tout raté…

PATRICK LEMAY : Je suis formateur pour les équipes de qualification de plants forestiers, pour le reboisement. J’étais en pleine explication sur la façon de définir une fourche sur un plant de deux ans, ce qui n’est pas toujours simple. Tout le groupe me regardait d’un air dubitatif. C’est alors que ma montre s’est exprimée : « Je ne suis pas certaine de comprendre… » Fou rire dans le groupe. Un bel exemple d’innocence artificielle, dans le vrai sens du terme…

DOMINIC BRÛLÉ : Je ne trouvais plus Maggie, ma chatte. En la géolocalisant, j’ai vu qu’elle était à la SPCA. Ce soir-là, je suis allé à la SPCA : une voisine avait frappé Maggie, puis était allée la déposer à la SPCA, ne sachant pas quoi faire. Maggie est morte, j’ai récupéré son collier ensanglanté. Trois semaines plus tard, je suis dehors, devant chez moi. Une femme s’arrête : c’est elle qui avait frappé Maggie. Elle m’a expliqué l’accident, comment elle a mis Maggie dans une boîte avec du papier de soie blanc, pour éviter de la laisser dans le milieu de la rue. Je l’ai prise dans mes bras, nous avons pleuré ensemble.

FRANCINE ROY : Mon petit-fils de 6 ans voulait m’aider à faire cuire son bacon qu’il adore. Réalisant que je n’avais plus de papier parchemin pour déposer dans le fond de ma lèchefrite, je lui dis : Mamie n’a plus de papier. Sa réponse : Mamie, je vais aller te chercher du papier de toilette.

On les adore, ces petits !

GILLES PAQUIN : Pour les pleurs, on devait aller pêcher entre chums le 9 juin dans la Pourvoirie Obatogamau. Le 4, on apprend que le site est fermé : incendies de forêt. Le 7, on a trouvé une roulotte en Gaspésie épargnée par les feux. Nouvelle destination, rire aux larmes : on a fait une très belle pêche.

PHOTO FOURNIE PAR GILLES PAQUIN

Gilles Paquin et ses partenaires de pêche

DANIÈLE RAYMOND : Mon fils attendait un rein depuis longtemps, il était en dialyse depuis deux ans. Il a eu un rein cette année. C’est fou ce que cela a fait pour lui. Une deuxième vie, une deuxième chance. Pas de mot pour décrire ma gratitude envers cette inconnue qui a fait un don d’organes.

FRANÇOIS CYR : Je n’y croyais plus, mais j’ai reçu mon plus grand cadeau de la vie en 2023 : l’amour. C’était le 26 juin, au café. Six mois plus tard, notre histoire se poursuit comme un crescendo sans fausse note. Il n’y a pas de hasard : après six ans d’accompagnement dans le système de santé, le destin m’offrait une infirmière comme amour de ma vie. J’ai retrouvé mon cœur d’enfant.

JACINTHE MAJEAU : Mon fils, 7 ans, est en âge de perdre ses palettes. Sauf que ses palettes ne veulent rien savoir de quitter sa bouche. Il est actuellement en train de perdre sa deuxième palette, depuis… 2 semaines. Même les lutins ont laissé une pomme pour que la dent tombe, rien à faire. C’est vraiment banal, je sais, mais depuis deux semaines (et pendant deux semaines pour l’autre dent), je le regarde et je ne peux m’empêcher de sourire en voyant sa petite dent sortir de sa bouche, vers l’extérieur, comme si elle était tannée d’être une dent, qu’elle se foutait de sa bouche et nous faisait une blague d’humour absurde… et je suis un excellent public ! Le petit rien de la vie qui la rend belle…

CLAUDE MIRON : Un moment magique à la chasse, avec mon fils, en quête d’un orignal, dans les Monts-Valin au nord du Saguenay, et qui m’a rappelé les jours passés avec mon propre père, dans la nature.

RÉMI ROBERT : Mon amie Marie-Andrée : 45 ans, femme admirable, mère de deux ados. Mi-juin : elle adopte trois enfants inuits avec les mille péripéties que cela suppose. Mi-août : elle apprend qu’elle a cette hostie de bibitte, le cancer. Elle se bat comme une championne, depuis. Le pronostic est bon. C’est un gros soleil dans mon année de la voir aller. Je l’aime d’amitié.

DIANE LIBERIO : Une extrême joie : j’ai retrouvé votre recette de bouillon pour la carcasse de dinde et ce fut une révélation ! MERCIIIIIII !

Réponse du chroniqueur : Merci d’envoyer votre petit mot à M. Cardinal, mon patron, tout en lui suggérant de me faire chroniqueur aux soupes et potages.

HUBERT SALVAIL : Ma carte postale de 2023 est un évènement heureux qui m’a fait pleurer de joie : avoir démarré mon laboratoire de recherche à la University of Central Florida, après mes six années de biochimie à Sherbrooke et mes dix ans à Yale. Diriger une équipe de recherche en milieu académique a été mon objectif depuis le secondaire. J’adore mon métier qui me permet de former les scientifiques de demain.

PHOTO FOURNIE PAR HUBERT SALVAIL

Hubert Salvail

Chaque journée est différente et apporte son lot de nouvelles découvertes et de bonheur à voir mes étudiants progresser et s’émerveiller devant l’élégance et la complexité de la physiologie bactérienne. Mon laboratoire s’intéresse à la régulation de la réponse au stress et de la virulence du pathogène gastrointestinal Salmonella enterica. Mes travaux vont permettre de mieux comprendre comment Salmonella ainsi que d’autres pathogènes bactériens d’importance clinique résistent aux antibiotiques et parviennent à infecter l’humain.

CAROLINE : Voici une photo de mon ado de 15 ans (14 au moment de la photo) qui s’en va en Italie avec sa classe, sans parents, pour un voyage de 10 jours. Rien d’exceptionnel, direz-vous, mais mon fils est TDAH, il prenait l’avion pour la première fois. J’ai eu le stress qu’il oublie sa médication, qu’il perde son passeport et son argent ou son téléphone.

PHOTO FOURNIE PAR CAROLINE

« […] mon fils est TDAH, il prenait l’avion pour la première fois », écrit notre lectrice.

La maman a dû apprendre à se gérer !

Ce voyage m’a fait rire de toutes les anecdotes qu’il a vécues avec sa gang de chums. Ce voyage m’a fait pleurer de le voir partir seul comme le Grand qu’il est devenu, m’a fait sourire en regardant, le soir, toutes les photos envoyées par Messenger et qui m’ont fait réaliser qu’il trippait comme un fou.

ISABELLE DROUIN : Le 13 janvier, j’ai été frappée par un VUS. Je me suis retrouvée à plat ventre au milieu de la rue, incapable de me relever. Les passants ont rapidement contacté les services d’urgence. Il y a même un monsieur qui a posé son manteau sur moi parce que j’avais froid. J’ai constaté à quel point la machine était bien rodée. Pompiers, policiers, ambulance, j’ai été auscultée puis finalement emmenée à Santa Cabrini. J’ai été rapidement prise en charge. Finalement, luxation du bras droit et fracture à la tête de l’humérus. Par la suite, réclamation à la SAAQ, arrêt de travail, traitements de physiothérapie. Retour en télétravail un mois après l’accident à temps partiel. Retour à temps plein en avril. Il y a beaucoup de critiques quant au système de santé, or je me suis sentie privilégiée de vivre dans une société où les soins sont assurés et l’indemnisation accessible.

FRANCE CADIEUX-ROY : Cette année, à l’âge de 65 ans, en même temps que la réception de mon premier chèque de la sécurité de la vieillesse… Je me suis fait faire mon premier tatouage à vie. Un tout petit arbre, avec de toutes petites racines, mais bien présentes tout de même. Ça me rappelle que j’existe dans un monde qui peut être beau, avec des humains qui peuvent être bons.

J’ai modifié certains propos par souci de clarté et de concision. Demain, la suite de vos tranches de vie.