Ma chronique sur le tri du verre à la source vous a sérieusement interpellés. J’ai été renversé de voir à quel point ce sujet vous tient à cœur. Mais surtout, vous avez été très nombreux à me décrire les efforts que vous faites pour recycler adéquatement le verre.

Vous êtes nombreux à pouvoir bénéficier de la présence d’un conteneur à dépôt volontaire dans votre quartier ou votre municipalité. D’autres m’ont écrit pour me dire qu’ils rêvent que cela se fasse chez eux.

Les choses sont en train de changer. On sent que les citoyens, qui en ont ras le bol du système boiteux de collecte et de tri qui ébranle leur confiance, sont en train de prendre les choses en main.

Lisez la chronique « Pêle-mêle dans le bac »

Cette chronique m’a permis de découvrir un jeune entrepreneur qui vient de mettre au point un conteneur à tête intelligente capable de réaliser un impressionnant travail de tri et, surtout, de répondre au plan de modernisation de la consigne qui sera bientôt mis de l’avant.

Après avoir travaillé pendant une douzaine d’années chez 2M Ressources, le plus important conditionneur de verre au Québec, David Rousseau a créé Groupe Vision Environnement (GVE). Avec son équipe, il a mis au point un conteneur de collecte multimatière adapté à notre nouvelle réalité.

  • Le conteneur en place sous la tête intelligente conçue par Groupe Vision Environnement

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE VISION ENVIRONNEMENT

    Le conteneur en place sous la tête intelligente conçue par Groupe Vision Environnement

  • Le conteneur se glisse dans le support de la tête intelligente

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE VISION ENVIRONNEMENT

    Le conteneur se glisse dans le support de la tête intelligente

  • Le dispositif de la tête intelligente avec son support

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    Le dispositif de la tête intelligente avec son support

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Non seulement ce système recueille le verre non consigné, mais il intégrera aussi les nouvelles normes de modernisation de la consigne, qui prévoient certains types de contenants faits de plastique, d’aluminium, de carton et de verre.

Un système d’imagerie ou de codes à barres détectera les contenants consignés et fera un calcul de la valeur. La personne recevra un coupon qui lui permettra d’aller réclamer la somme indiquée chez le détaillant situé non loin. Le conteneur est amovible et permet un transport efficace. Il sera simplement détaché de la tête intelligente et remplacé par un autre qui sera vide.

Le transport des matières récoltées se fera ensuite directement chez les conditionneurs. Vous aurez compris que nous sautons l’étape des centres de tri. Cette situation risque de bousculer un secteur fortement critiqué depuis quelques mois pour ses ratés. « Ils n’auront pas le choix de nous laisser de la place », dit David Rousseau.

C’est le gouvernement qui a décidé par son projet de loi de moderniser la consigne. Nous ne sommes pas les méchants là-dedans. On apporte une solution pour que le système marche bien.

David Rousseau, cofondateur de Groupe Vision Environnement

Pour le moment, quelques conteneurs de GVE sont installés dans des municipalités québécoises, dont Boucherville et Longueuil, qui disposent chacun de trois points de dépôt. Dans les deux cas, on m’a dit que les opérations de cueillette et de collecte se déroulaient bien. La fonction « consigne » n’est toutefois pas utilisée.

« Nous sommes à l’étape du dépôt volontaire, explique David Rousseau. La technologie automatisée à 100 % va voir le jour en septembre prochain. La prochaine étape sera de travailler avec ceux qui auront à gérer le système de consigne. On se prépare pour la phase 2 du projet pilote qui consistera à collecter les matières consignées. »

Un conteneur à dépôt volontaire coûte environ 20 000 $. Celui qui est équipé d’une tête intelligente afin de répondre aux besoins de la consigne coûte entre 75 000 $ et 100 000 $.

Ce système devrait plaire aux détaillants qui ont exprimé leur mécontentement face à la gestion des nouvelles règles de consigne.

Nous avons développé un système parallèle qui peut être installé à proximité des détaillants. Ceux-ci n’ont rien à faire.

David Rousseau

David Rousseau, qui a présenté un mémoire en commission parlementaire, en 2018, lors des travaux portant sur la modernisation de la consigne, croit fermement que ce système va bien s’imbriquer dans la petite révolution qui nous attend.

« Quand j’étais chez 2M Ressources, on manquait de matière, dit-il. On a dû développer des partenariats avec des municipalités pour en trouver, car celle qui provenait des centres de tri était trop contaminée. Ça faisait baisser sa valeur pour nous. Pour les centres de tri, nous n’étions pas assez concurrentiels. Bref, ça leur coûtait moins cher d’envoyer leur verre dans un site d’enfouissement que de nous l’envoyer afin que ça soit conditionné et recyclé. »

Toujours dans cette même chronique, je vous parlais du projet pilote qui est mené pour la seconde année à Montréal. Pour l’instant, deux conteneurs à dépôt volontaire sont installés dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, soit au Marché central et aux abords de la place Fleury.

J’ai demandé à Émilie Thuillier, mairesse de cet arrondissement, pourquoi ce laboratoire semblait traîner en longueur. « On a été les premiers à faire un projet participatif en ce sens. Sauf qu’entre-temps, ce projet s’est transformé en un projet pilote qui sert toute la ville de Montréal. »

Mme Thuillier m’a fait part d’un détail intéressant. Au départ, quatre conteneurs devaient être installés, mais seulement deux ont pu l’être.

Le bruit engendré par les conteneurs a réveillé le phénomène « pas dans ma cour ». On peut en déduire qu’il ne sera pas facile d’implanter un réseau de collecte du verre à Montréal.

La mairesse d’arrondissement reconnaît qu’il y a beaucoup de choses à démêler. « On découvre que les conteneurs peuvent se remplir rapidement. On n’a aucun contrôle sur les arrivages. Les gens laissent parfois le verre à côté des conteneurs, on retrouve du verre brisé, des bouchons sur les bouteilles. C’est ça qu’on teste pour le moment. »

David Rousseau souhaite implanter rapidement et solidement son système au Québec, car GVE, une entreprise comptant une quinzaine d’employés, fait face à une concurrence internationale.

Pour mille raisons, la récupération du verre a connu un sérieux dérapage. Mais j’avoue que c’est franchement encourageant de voir que des solutions sont identifiées. Et qu’une volonté de changer les choses s’installe.