La gaffe de l’année
L’arrestation de Mamadi III Fara Camara
Les policiers l’ont sorti de sa voiture par la fenêtre, puis l’ont projeté dans la neige. L’un d’eux a posé sa botte sur sa tête. Au poste, il a subi une fouille à nu. Puis, il a été accusé de tentative de meurtre sur un policier...
Témoin de l’agression sauvage du policier en question, c’est pourtant lui qui avait composé le 911 !
L’arrestation de Mamadi III Fara Camara, le 28 janvier à Montréal, est sans doute la pire gaffe policière et judiciaire de l’année. Elle mérite certainement réparation.
Mais c’était bien une gaffe, pas du profilage racial. En septembre, un rapport a conclu que M. Camara n’avait pas été ciblé en raison de la couleur de sa peau.
M. Camara, qui pense le contraire, a entamé une poursuite. À suivre en 2022...
La tragédie de l’année
La découverte des corps de 215 enfants autochtones à Kamloops
Le 28 mai, la découverte des corps de 215 enfants autochtones sur le terrain de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, a eu l’effet d’un électrochoc. Les semaines suivantes, plus de 1000 sépultures d’enfants ont été retrouvées autour d’autres anciens pensionnats au Canada.
Ces découvertes ont ravivé de profondes blessures au sein des communautés autochtones du pays. Pour les Canadiens, elles ont constitué un véritable réveil collectif.
On savait, pourtant. On connaissait ces horreurs. Pendant six ans, la Commission de vérité et réconciliation avait enquêté sur les pensionnats pour Autochtones. Elle avait entendu 6750 témoins. Et avait conclu à un génocide culturel.
Jusque-là, pourtant, la parole des Autochtones comptait peu et avait été largement occultée de l’histoire officielle du Canada. Ça prenait des preuves. Elles sont venues brutalement, sous la forme de sépultures d’enfants.
La chose que j’ai déjà oubliée
Les élections fédérales
« On vit un moment historique, et vous aurez votre mot à dire. Vous aurez l’occasion de choisir la suite pour notre pays », avait solennellement déclaré Justin Trudeau en déclenchant les 44es élections fédérales, le 16 août.
Trente-six jours plus tard, les Canadiens étaient de retour à la case départ. Pour le « moment historique », il faudra repasser...
Si Justin Trudeau a remporté ses élections, il a perdu son pari. Lui qui voulait avoir les coudées franches s’est retrouvé, une fois de plus, avec un gouvernement minoritaire. Tout ça pour ça.
Ces élections dont personne ne voulait n’ont à peu près rien changé au paysage politique canadien. Elles n’ont fait ni gagnant ni perdant. Et elles ont coûté 600 millions de dollars.
Des esprits moqueurs ont remarqué que ça faisait cher, tout de même, pour un remaniement ministériel...
L’occasion ratée de l’année
La vaccination obligatoire des travailleurs de la santé
« N’attendez pas de frapper un mur, dit la publicité gouvernementale. Faites-vous vacciner. »
Les Québécois ont répondu à l’appel en masse. Pas question de frapper un mur au resto, au bar, au cinéma. Ils ont reçu le vaccin pour montrer patte blanche – et code QR – à l’entrée.
Mais les travailleurs de la santé non vaccinés, eux, n’ont jamais frappé de mur à l’entrée des hôpitaux ni des CHSLD.
Québec s’était pourtant montré intraitable : tous les travailleurs de la santé non vaccinés seraient suspendus sans solde dès le 15 octobre.
Mais le paquebot de la santé fonçait droit sur l’iceberg. Il aurait fallu fermer des lits, réduire des soins, annuler des interventions chirurgicales...
Les travailleurs de la santé, qui, au nom de leur liberté de choix, exposent des patients vulnérables à un virus mortel, ont forcé Québec à reculer. Ils n’ont pas de quoi être fiers.