(Ottawa) Dès la première semaine de son nouveau mandat, la nouvelle ministre des Anciens Combattants, Ginette Petitpas Taylor, a tenu à visiter l’édifice de Veterans’ House et à rencontrer ses locataires. Les gens dans le milieu la sentent à l’écoute et croient que sa longue expérience comme travailleuse sociale au sein de la Gendarmerie royale du Canada pourrait faire la différence.

« Il n’y a pas une solution magique pour régler la situation du jour au lendemain, mais c’est absolument une priorité pour moi comme ministre », affirme sans détour Ginette Petitpas Taylor en entrevue.

« Un vétéran sans-abri est un vétéran sans-abri de trop, ajoute-t-elle. On doit s’assurer d’être là pour les aider quand ils sont dans le besoin. »

Une équipe de cinq employés est affectée depuis un an au problème de l’itinérance chez les anciens combattants, au sein de ce ministère. Dans chacun des 38 bureaux de service partout au pays, un employé est aussi chargé de répondre aux demandes des ex-militaires sans-abri.

Même s’ils font partie des groupes prioritaires ciblés par la Stratégie nationale sur le logement, seulement 116 millions des 82 milliards alloués sur 10 ans ont permis de loger 286 anciens combattants depuis 2017. Les 13 projets qui ont reçu des fonds demeurent disparates. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a subventionné des minimaisons à Kingston et à Edmonton, une centaine de nouveaux logements à Sault-Sainte-Marie et 13 logements dans la petite localité ontarienne de Blenheim, en plus de Veterans’ House à Ottawa.

« Le besoin à Moncton n’est peut-être pas le même besoin qu’à Ottawa et qu’à Surrey, en Colombie-Britannique », fait valoir la ministre des Anciens Combattants.

Des logements subventionnés qui en côtoient d’autres au prix courant

Un édifice de 20 étages construit à Surrey inclut 91 logements subventionnés destinés aux anciens combattants et aux premiers répondants – le reste des appartements a été vendu au prix courant. L’immeuble abrite également une clinique médicale qui est destinée aux anciens combattants et les bureaux locaux de la Légion royale canadienne. C’est la Légion qui a cédé son terrain à un promoteur, avec qui elle a créé un partenariat pour concrétiser le projet. Coût : 312 millions. Le projet a reçu 50 000 $ du fédéral, à l’étape de la planification.

« À Surrey, les lots de terre sont tellement dispendieux, fait remarquer Mme Petitpas Taylor. On peut voir que différents modèles peuvent être mis sur pied dans différentes régions. »

Le gouvernement fédéral a aussi lancé en avril un programme de 79,1 millions, qui fait partie de la Stratégie nationale sur le logement, pour venir en aide aux anciens combattants. La majorité de cet argent doit servir à fournir des suppléments au loyer et des services comme du soutien psychologique et un accès à des traitements contre la toxicomanie. Environ 6 millions seront consacrés à la recherche sur ce phénomène pour pallier le manque de données.

Nous avons posé notre candidature, mais le programme ne prévoit pas de fonds pour bâtir d’autres immeubles.

Alan Mulawyshyn, directeur adjoint de Veterans’ House Canada

M. Mulawyshyn espère pouvoir construire un nouvel édifice dans la ville d’Edmonton, en 2024, et aimerait en ouvrir d’autres à Toronto et à Montréal.

Veterans’ House doit constamment faire des collectes de fonds pour financer ses activités et une partie des 250 000 $ que lui coûtent annuellement ses services aux anciens combattants. L’organisme a reçu une subvention de 100 000 $ cette année pour couvrir une partie de ces frais, et s’attend à en avoir une autre l’an prochain.

« Il faut clarifier qui est responsable du dossier de l’itinérance, de la précarité du logement pour les anciens combattants, fait remarquer la défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle. Est-ce que c’est Infrastructure, est-ce que c’est Logement, est-ce que ce sont les groupes communautaires ? Qui va prendre ça en charge et recevoir des fonds ? »

L’un des problèmes est le manque de leadership entre Infrastructure Canada, le ministère des Anciens Combattants, les Forces armées canadiennes et la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Plusieurs organismes demandent une stratégie nationale pour coordonner l’ensemble des efforts, y compris ceux des provinces et du secteur communautaire.

Prévenir plutôt que guérir

Mais il y a aussi la prévention. La transition entre la vie militaire et la vie civile n’est pas toujours facile et constitue l’un des facteurs de risque qui peuvent mener à l’itinérance. « Pour moi, c’est une priorité absolue, signale la ministre Petitpas Taylor. « On doit s’assurer qu’ils sont préparés pour ça. Souvent, la grande majorité d’entre eux n’ont pas fait une entrevue d’embauche dans leur vie. »

La ministre travaille actuellement à une stratégie pour l’emploi, afin que les militaires qui s’apprêtent à quitter les Forces armées soient en mesure de transférer leurs compétences, de faire un curriculum vitæ, de s’exercer à faire des entrevues et d'être mis en contact avec de futurs employeurs.

La ministre souligne que les anciens combattants dans le besoin peuvent également avoir accès à un fonds d’urgence à court terme pour les aider à s’acheter de la nourriture, des vêtements, payer leur loyer et leurs dépenses médicales.

Si vous êtes un ancien combattant et que vous avez besoin d’aide, vous pouvez composer le 1 800 268-7708 pour obtenir du soutien psychologique 24 heures par jour ou le 1 866 522-2022 pour avoir des informations sur les prestations.

En savoir plus
  • 82 milliards
    Montant de la Stratégie nationale sur le logement échelonné sur 10 ans
    source : Société canadienne d’hypothèques et de logement